Philippe Erlanger est le fils du compositeur Camille Erlanger (1863-1919) et de l'écrivaine et scénariste Irène Hillel-Manoach (1878-1920), qui appartient à la famille Camondo. Ses parents sont juifs non pratiquants. Il fait ses études à Paris, obtenant une licence de lettres, une licence en droit et le diplôme de l'École libre des sciences politiques.
Il est nommé secrétaire général (1930-1938) puis directeur (1938) de l'Association française d'action artistique, fonction qu'il occupe jusqu'en 1968. Parallèlement, il est chef du service des échanges artistiques au ministère des Affaires étrangères (1946-1968) avec le titre de ministre plénipotentiaire en retraite à son départ du Quai d'Orsay. Haut fonctionnaire détaché dans plusieurs ministères, il est également inspecteur général au ministère de l'Éducation nationale (1960-1967). S'attachant à faire rayonner l'art français à l'étranger et l'art étranger en France, il organise de nombreuses expositions et des tournées théâtrales (Louis Jouvet, Jean-Louis Barrault, Jean Vilar, etc.).
C'est lui qui a l'idée du Festival de Cannes en 1939, en réaction au discrédit dont s'est couverte la Mostra de Venise qui a récompensé, en 1938, le documentaire de Leni RiefenstahlLes Dieux du Stade, sous influence du nazisme, ex æquo avec un film supervisé par le fils de Mussolini. Présent à Venise, il peut annoncer le lancement d'une initiative concurrente, avec l'aval de son ministre de tutelle, Jean Zay, ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. La ville de Cannes est choisie pour son agrément et son ensoleillement. Premier délégué général du festival (1946-1951), Philippe Erlanger est également membre du jury en 1953 et 1954. En 1956 il fait retirer Nuit et Brouillard d'Alain Resnais de la sélection du festival de Cannes pour ne pas froisser l'Allemagne fédérale. Il demeure président d'honneur du Festival de Cannes jusqu'à sa mort en 1987.
Critique d'art, journaliste et écrivain, Philippe Erlanger a publié de nombreuses biographies (voir ci-dessous). À partir de quelques chroniqueurs et mémorialistes du temps, il met en lumière une personnalité historique avec une prédilection pour les XVIe et XVIIe siècles, dans une perspective strictement événementielle. Ses livres ont souvent été de grands succès populaires. Sa biographie de Louis XIV (parue chez Fayard en 1965) a été classée en tête des ouvrages historiques du siècle par un concours du Figaro littéraire (et rééditée en 1966 dans la collection des douze meilleures œuvres historiques par l'éditeur Sauret).
Le Régent (1938) est une biographie de Philippe d'Orléans (1674-1723), comme homme d'État et dans sa vie intime. Montrant que la Régence (1715-1723) n'est pas une période de décadence mais bien de renouveau, Erlanger met en valeur le courant de liberté qui accompagne la fin du règne de Louis XIV de France. Sans pour autant se complaire dans l'histoire grivoise et les gauloiseries, il évoque la culture licencieuse associée à la Régence.
En , il cosigne l'« appel aux enseignants » lancé par l'Institut d'études occidentales après la démission de Robert Flacelière de la direction de l'École normale supérieure[2].
Il était le compagnon de l'acteur Michel Beaufort[3] et mourut sans postérité.
Louis XIV, Paris, Fayard (collection Les grandes études historiques), 1965[4] ; nombreuses rééditions dont une de luxe, dès 1966, dans la collection des douze meilleures œuvres historiques publiée par André Sauret, avec une préface de Maurice Druon.
Richelieu, Paris, Perrin, 1967
Amours et Secrets de Marie Stuart, Paris, Hachette, 1967
Clemenceau, Paris, Grasset, 1968
Les Idées et les Mœurs au temps des rois, Paris, Flammarion, 1970
L'Empereur insolite, Rodolphe II de Habsbourg, 1552-1612, Paris, Albin Michel, 1971
La Monarchie française, 10 vol., Paris, Tallandier, 1971
La Reine Margot ou la Rébellion, Paris, Le Club français du livre, 1972
Louis XIII : le stoïcien de la monarchie, Paris, Perrin, 1972
Cinq-Mars ou la Passion et la Fatalité, (titre de couverture : Le Mignon du Roi), Paris, 1973
Gabrielle d'Estrées, femme fatale, Paris, 1975
La France sans étoile : souvenirs de l'avant-guerre et du temps de l'occupation, Paris, Plon, 1974
Madame de Longueville : de la révolte au mysticisme, Paris, Perrin, 1977
Philippe V d'Espagne : un roi baroque esclave des femmes, Paris, Perrin, 1978
Charles Quint, Paris, Perrin, 1980
Henri VIII : un dieu anglais aux six épouses, Paris, Perrin, 1982
Le Dernier Âge d'or de la monarchie, 1887-1914, Paris, Perrin, 1984 (Aussi appelé "Le Crépuscule des rois")
Ninon de Lenclos et ses amis, Paris, Perrin, 1985
Isabelle la catholique, Paris, Perrin, 1987
Art
Les Peintres de la réalité, Paris, Éditions de la galerie Charpentier, 1946
La Peinture vénitienne, de Bellini à Véronèse, Paris, 1953
Autres
La Loire, du Mont Gerbier-de-Jonc à l'Océan, Paris, Éditions des Deux-Mondes, 1959