La Pierre Saint-Martin, également connue sous les noms de Pierre du Pas de Saint-Martin et La Pierre Saint-Martin, est un polissoir fixe situé sur la commune de Luzillé, en Indre-et-Loire.
Ce mégalithe, qui a été utilisé au cours du Néolithique, a fait l'objet d'un classement au titre de monument historique en 1952. De nombreuses traditions sont liées à son appellation martiniennes qui reste difficile à expliquer de manière certaine.
Contexte géographique et archéologique
OpenStreetMap Emplacement de la Pierre Saint-Martin (point orangé au centre de la carte).
La Pierre Saint-Martin est localisée à Luzillé, une commune située dans l'arrondissement de Loches, département d'Indre-et-Loire, en région Centre-Val de Loire[4]. Le polissoir trouve son emplacement au lieu-dit éponyme de la Pierre Saint-Martin[5], à 1,2 km au sud-ouest du centre-bourg communal[6].
Des silex néolithiques, haches polies notamment, ont été trouvés aux abords du polissoir[7]. Un deuxième mégalithe, un menhir constitué de pierre meulière, est également répertorié sur le territoire de Luzillé, au lieu-dit « Les Sables »[8]. Pour Gérard Cordier, outre celui de la Pierre Saint-Martin, au moins trois autres polissoirs de type fixe ont été inventoriés en 1951 en Indre-et-Loire : le polissoir du Petit-Pressigny, le polissoir de Saint-Cyr-sur-Loire et le polissoir de Thizay[9] ; depuis cette date, les découvertes se poursuivent et en 2011 Jean-Claude Marquet identifie 14 polissoirs fixes dans le département[10].
Dénomination
Le nom du polissoir, Pierre Saint-Martin[11],[8], La Pierre de Saint-Martin[3], ou Pas de Saint-Martin[1],[2], est étroitement associé à une légende, la « légende des gerbes », faisant référence à saint Martin[12],[13],[14]. Cette ancienne tradition orale locale rapporte que les empreintes présentent sur la surface du mégalithe sont associées au « pas » ou la marque du sabot de l'âne du saint martinien[15],[12],[Note 1]. Pour Jean Moreau, la légende peut-être mise en relation avec l'existence de trois églises consacrées à Saint Martin se trouvant à proximité du territoire de Luzillé[12]. En outre, Moreau estime qu'il y a eu, à Luzillé, une probable « intervention » de Martin de Tours, ou, peut-être, de l'un de ses disciples[12].
C'est en 1892 que l'existence de ce polissoir est signalée à la Société archéologique de Touraine (SAT)[17] par un instituteur de Luzillé[18]. Au début des années 1910, le mégalithe devait soit faire l'objet d'une vente soit être soumis à une destruction[19]. La SAT, afin que le bloc mégalithique ne soit pas détruit, prend alors la décision de racheter la Pierre Saint-Martin, ainsi que le terrain au sein duquel elle est placée, en y investissant une somme de 60 francs. Toutefois l'acte d'achat ne peut pas se réaliser immédiatement[19]. Ce n'est que quelques années après que la société savante s'en porte acquéreur[8] et elle en garde depuis lors la propriété.
En 1950, le préhistorienGérard Cordier, membre de la SAT, initie un projet de classement du mégalithe[1]. Deux plus tard, sa démarche aboutit et la Pierre de Saint-Martin bénéficie d'un classement au titre de monument historique par arrêté du [3].
Le polissoir mesure 2,50 × 2 m à sa base pour une hauteur hors sol de 0,70 m. La roche qui le constitue est un poudingue, gréseux dans sa partie supérieure[17]. Le grès est alors la roche la plus utilisée pour le polissage des outils[21].
La partie supérieure du mégalithe est marquée par des rainures droites ou fuselées[18],[2],[12]. Sa surface présente également plusieurs cupules de forme plus ou moins circulaire[2],[11]. La pierre comporte au total cinq rainures et trois cupules, ainsi que deux plages de forme plus irrégulière[17]. La plus longue de ces rainures mesure 405 mm de long[17]. Les cupules peuvent avoir servi de réserve pour l'eau indispensable au polissage[22].
Le polissoir fixe, ancré dans le sol[13], de Saint-Martin a fait l'objet de quelques dégradations avant 1950[1].
Notes et références
Notes
↑Martin, qui croisa le chemin de moissonneurs conduisant un chariot et injuriant le thaumaturge de « propre à rien » aurait frappé de six coups le véhicule avant que celui-ci ne se transforme en pierre. Le saint aurait alors déclaré : « Cette pierre [...] restera ici le témoignage de votre incrédulité et de mon passage parmi vous »[13],[12].
↑Sous cet angle de prise de vue, seules sont visibles les rainures et, plus ou moins partiellement, les cupules.
Références
↑ abc et d« Séance du 25 mai 1950 », bulletin de la Société archéologique de Touraine, , p. 97 (lire en ligne, consulté le ).
↑ abc et dAbbé Peyron, « Étude sur quelques monuments mégalithiques de la Touraine », Bulletin de la Société archéologique de Touraine, Société archéologique de Touraine, t. 10, , p. 80 et 81 (lire en ligne, consulté le ).
↑Gérard Cordier, « Polissoirs à main de l'Indre-et-Loire. », Bulletin de la Société préhistorique de France, t. 48, nos 7-8, , p. 304 (DOI10.3406/bspf.1951.2900).
↑ a et bJean-Mary Couderc, « Les Toponymes Saint-Martin dans nos campagnes », Mémoires de la Société archéologique de Touraine, Tours, vol. 62, , p. 14 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
↑ abcdef et gJean Moreau, « Rabelais et Saint-Martin, à propos de légende », Bulletin de la Société archéologique de Touraine, t. 49, , p. 124, 126, 127 et 128 (lire en ligne).
↑ ab et cÉloise Mozzani, « Centre », dans Légendes et mystères des régions de France, Groupe Robert Laffont, , 1566 p. (lire en ligne).
↑Jean-Marie Rougé, « Folklore préhistorique de la Touraine », Revue de folklore français, t. 3, , p. 83 (lire en ligne, consulté le ).
↑Paul Sébillot (dir.), « Les empreintes merveilleuses », dans Le folk-Lore de la France., vol. 4 : Le ciel et la terre, 1904-1907 (lire en ligne).
↑René Coursault, Les traditions populaires en Touraine : leur évolution au cours des siècles, G. P. Maissonneuve et Larose, , 208 p. (lire en ligne), p. 42.
↑ a et b« Séance du 27 juin 1892 », Bulletin archéologique de Touraine, t. IX, , p. 70 (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bLouis Dubreuil-Chambardel, « Communications », Bulletin de la Société archéologique de Touraine, t. 18, 1911-1912, p. 335 (lire en ligne, consulté le ).
↑Louis Bousrez, Les monuments mégalithiques de la Touraine, Tours, Imprimerie L. Bousrez, , 112 p., p. 74.
Pour approfondir
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Gérard Cordier, Inventaire des mégalithes de la France, vol. 1 : Indre et Loire, 2e édition entièrement refondue, Joué-lès-Tours, l'auteur, , 201 et XXIV p..
Jean-Mary Couderc, « Les toponymes Saint-Martin dans nos campagnes », Mémoires de la Société archéologique de Touraine, Tours, vol. 62, (lire en ligne [PDF], consulté le ).
Jean-Claude Marquet, « Les mégalithes et les sépultures néolithiques (cartes) », dans Élizabeth Zadora-Rio (directeur d'ouvrage) et al., Atlas Archéologique de Touraine, vol. 53 - Supplément à la Revue archéologique du centre de la France, Tours, FERACF, (ISSN1760-5709, lire en ligne).
Jean-Claude Marquet, « Les mégalithes », dans Jean-Claude Marquet, La préhistoire en Touraine, Presses universitaires François-Rabelais, , 363 p. (lire en ligne).
Daniel Schweitz, « Un mégalithe sauvegardé et étudié par la Société : le polissoir dit la pierre de saint Martin à Luzillé », bulletin de la Société archéologique de Touraine, t. LXIV, , p. 5-12 (ISSN1153-2521).