Avant la fondation du Royaume des premiers Piasts, les fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour des castra (pluriel de castrum), au VIIIe siècle qui attestent l'existence d'une société organisée des Polanes (Polanie, « ceux qui cultivent les champs » de Pola, « champs » ). Le lieu de cette implantation est le bassin de la Warta, foyer originel de Grande-Pologne. S'il y a une « capitale », c'est précisément là qu'elle se trouve : Gniezno.
Gniezno est à ce titre dotée d'une légende fondatrice concernant la séparation de la colonne slave primitive partie des terres de Serbie : La légende de "Lech, Czech et Rus". Lech pour les Polonais, Czech pour les Tchèques et Rus pour les Russes. Évidemment, le contexte historique est absent puisqu'il s'agit d'une légende nationale (diffère du récit donné par l'histoire de la Serbie, à ce titre).
Cette période est relativement calme pour les Polanes, qui peuvent se développer loin des conflits telluriques qui agitent le reste du monde connu (Mérovingiens, Byzance, Expansion de l'islam, Vikings. On note juste le passage des Varègues en bateau : les Polanes ont le temps de se structurer tranquillement, sans armées à leurs portes.
Grande-Moravie
Autour de Cracovie, sont implantés les Vislanes, des tribus cousines, qui s'étendent et entrent en contact avec les habitants de Grande-Moravie, auprès desquels ils trouvent une opposition ferme. Après des succès Moraves, les Vislanes entrent en situation de sujétion.
Le voyageur originaire d’Al AndalusIbrahim ibn Ya'qub visite la Pologne vers 960. Il nous indique que l’organisation du pays au Xe siècle repose toujours sur les castra dont les faubourgs se sont développés.
Le gród, c’est-à-dire le castrum proprement dit, avec son palais princier (palatium) de pierre, regroupe les services militaires, administratifs, fiscaux et juridiques, tenus par des hommes du roi mi-domestiques, mi-grands. Le rayon d’action d’un castrum est d’environ 14 km, la distance d’un aller-retour pour un piéton dans la journée.
Au-delà de la première et de la plus solide des enceintes se trouve le suburbium (podgrodzie), formé de petites maisons bordant des rues pavées de pièces de bois pour lutter contre la poussière et la boue, où vivent des artisans : potiers, cordonniers, tanneurs, orfèvres, ferronniers. Sans doute sont-ils contraint d’effectuer des livraisons gratuites au prince et à ses officiers, mais ils vendent aussi leur production, formant des centres de commerce.
Apparue sous Mieszko Ier, les monnaies se multiplient sous Boleslas Ier de Pologne, mêlée à des pièces arabes ou byzantines[1]. Certains castra deviennent des lieux de marché reconnu et contrôlé par le prince. Entre les villes s’étendent de vastes forêts peuplées d’aurochs, de sangliers ou de cerfs.
↑(pl) Ryszard Kiersnowski, Pieniądz kruszcowy w Polsce wczesnośredniowiecznej [« La monnaie métallique en Pologne dans le haut Moyen Age »], , 123-125 p., chap. 7.
Bibliographie
Juliusz Bardach (trad. Janina Kasińska), « L’Etat polonais du haut Moyen Age », Acta Poloniae Historica, no 5, , p. 7-47 (lire en ligne).
(pl) Marek Derwich (dir.) et Adam Żurek (dir.), U źródeł Polski (do roku 1038) [« Les origines de la Pologne (jusqu'en 1038) »], Wrocław, Wydawnictwo Dolnośląskie, (ISBN83-7023-954-4).
Witold Hensel, « La civilisation polonaise du haut moyen âge à la lumière des recherches archéologiques », Anuario de Estudios Medievales, no 8, , p. 521-525 (lire en ligne).
(pl) Piotr Kaczanowski et Janusz Krzysztof Kozłowski, Najdawniejsze dzieje ziem polskich (do VII w.) [« Histoire des terres polonaises (jusqu'au 7e siècle) »], Cracovie, Fogra, (ISBN83-85719-34-2).
(pl) Jerzy Wyrozumski, Dzieje Polski piastowskiej (VIII w. – 1370) [« Histoire de la Pologne de Piast (8e siècle - 1370) »], Cracovie, Fogra, (ISBN83-85719-38-5).