Poupée, anale nationale
Poupée, anale nationale est un roman d'Alina Reyes paru chez Zulma en 1998. RésuméPoupée est la femme de Primus, président d'un parti d'extrême-droite nommé le Tronc. Femme, elle doit se plier à l'idéologie des hommes cagoulés, ces « alliés » qui aident Primus à développer et divulguer son idéologie hygiéniste et fasciste. Seulement, lorsqu'elle tombe enceinte, Poupée n'a aucune envie de garder son enfant. Se heurtant aux principes moraux du parti auxquels elle appartient, elle s'embarque alors dans un « délire scatologique, sanguinaire et grand-guignolesque »[1] afin de se débarrasser de cette « chose » qui grandit en elle. Œuvre à l'écriture extrêmement particulière (mélange d'oralité brutale, de néologisme, de violence et pornographie textuelles), Poupée, anale nationale est le délire d'une femme qui se rêve cheftaine à la place de son mari et que son corps et sa féminité finiront par condamner… ou délivrer. CommentairesLors de sa publication, Poupée, anale nationale bénéficia d'une réception critique très diversifiée. Si Minute, journal d'extrême droite, et Le Canard enchaîné critiquèrent l'aspect caricatural (tant sur le fond que la forme) du roman, le magazine Elle et Le Nouvel Observateur le défendirent[2]. Justifiant une œuvre qui entreprend de décrire « par le biais de manifestations physiques l'univers mental régressif du fascisme » et, plus encore, « au-delà du fascisme, de toute tentation de repli, largement à l'œuvre dans la démocratie comme chez le démocrate ordinaire »[3], Alina Reyes souligne, dans Poupée, anale nationale, les obsessions hygiénistes d'une société (imaginaire, symbolique ou procédant d'une phénomène d'anticipation) régie par l'Ordre et une certaine forme de Moralité :
Tout au long de l'œuvre, les dérèglements physiques et mentaux qui parcourent Poupée, la narratrice, sont alors autant de provocations débridées, sans limites ni tabous, face à l'étau sociétal dans lequel elle évolue. Équivoques, l'œuvre et le comportement de Poupée le sont de par la mise en scène frontale d'un sentiment de jubilation face aux expériences scatologiques et sexuelles, et, de manière plus générale, à la perversité sexuelle et politique. Bridée par un ordre symbolique des sexes, Poupée est le fruit d'une éducation où la femme n'est que le réceptacle de la maternité, « honorée » par son mari. Enceinte et tentant de s'avorter elle-même, elle entrevoit son corps comme un assemblage hétéroclite de sensations répulsives inhérentes à sa féminité :
Comme le note Astrid Cathala : « Alina Reyes formule à peu près ceci : le fascisme n'est pas qu'une pensée. C'est un corps. C'est concret. Tellement concret que Poupée, anale nationale parle d'emblée de la façon dont Poupée vit son corps, son intérieure, son hygiène »[6]. Expérimentations stylistiques, mise en scène de la monstruosité (individuelle et collective, banale et grandiloquente), description des mécanismes de le pensée fasciste, exploration des limites corporelles, de la féminité, du rapport à soi et à la société ; tels sont les enjeux de Poupée, anale nationale. Adaptations
Éditions
Notes et références
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