Préfectures du Japon
Les préfectures ou départements[1] du Japon (都道府県, todōfuken ) sont les quarante-sept circonscriptions administratives et territoriales du Japon créées en 1871. TypesLes 47 préfectures sont réparties en quatre types (identifiés par le dernier caractère de leur nom officiel japonais en kanji). Si ces quatre appellations correspondaient avant 1947 à une réelle différence de statut (avec des pouvoirs et compétences particuliers), la loi d'autonomie locale, tout en conservant la quadruple terminologie, ne les distingue plus sur le plan administratif. Ils sont réunis dans le jargon administratif sous le terme de todōfuken (都道府県 ), terme concaténant les quatre kanjis correspondant aux quatre types de préfecture : to (都 ), dō (道 ), fu (府 ) et ken (県 ). ToLa préfecture métropolitaine (都, to , signifiant « ville centrale » ou « métropole ») est le nom à partir de 1943 de l'ancien gouvernement urbain (fu) de Tokyo, créé en 1868 sur la base de l'ancien « Domaine géré directement par les magistrats du bourg d'Edo » (江戸の町奉行支配地, Edo-no-Machibugyō shihaichi ) », soit la zone urbaine et future « Ville de Tokyo » (東京市, Tōkyō-shi , elle-même créée en tant que municipalité en 1889) et des districts ruraux voisins. En 1943, la ville de Tokyo est dissoute en tant que ville (市, shi ) et ses anciens arrondissements sont devenus à la fois des municipalités distinctes et des arrondissements spéciaux similaires aux actuels districts japonais (郡, gun ). Dans le même temps, le « Gouvernement urbain (ou préfecture) de Tokyo » (東京府, Tōkyō-fu ) devient la « Métropole de Tokyo » (東京都, Tōkyō-to ), la capitale japonaise : ainsi les différentes institutions officielles nationales (ou représentations officielles étrangères telles les ambassades) de l’actuelle capitale du Japon ne relèvent directement d’aucune des municipalités qui la composent aujourd’hui, mais bien d’une préfecture. DōL'immense préfecture insulaire (道, dō ) Hokkaidō (北海道 ) est la seule préfecture japonaise historiquement et entièrement subdivisée (en raison de sa taille, afin de mieux répartir les efforts administratifs des services préfectoraux sur l'ensemble de son territoire) en sous-préfectures, avant leur subdivision usuelle en districts et en villes. L'île aujourd'hui appelée Hokkaidō, et initialement désignée en japonais depuis l'époque médiévale « Terre des Ezo » (蝦夷地, Ezo-chi ), « île des Ezo » (蝦夷島, Ezogashima ) ou tout simplement Ezo (蝦夷 , littéralement « Tribus des crevettes »), du nom donné aux populations y habitant. Si un premier contrôle fut installé au sud de l'île par l'intermédiaire du clan Matsumae au XVIe siècle, Ezochi n'est intégrée en totalité dans l'organisation administrative japonaise qu'à la révolution Meiji et c'est alors, en 1869, que son nom est changé. L'explorateur Matsuura Takeshirō fait alors six propositions, mais le gouvernement central retient finalement celle d'Hokkaidō (北海道 ) en raison de la similarité de la prononciation du kanji 海 (kai) et les noms données à l'île par les Aïnous (Kuyi, Kuye, Qoy) mais surtout en référence (de par son suffixe dō signifiant « chemin », « route » et renvoyant à un espace marginal, éloigné du centre de décision, ainsi que, également par les kanji 北海, Hokkai, littéralement « mer du Nord », à une signification purement géographique) à l'ancien système du Gokishichidō. Celui-ci, mis en place à la période Asuka (v. 550-710), distingue deux types de divisions administratives : les cinq provinces situées dans la Région impériale (畿内, Kinai ), cœur du pouvoir politique autour des capitales Nara puis Kyoto, et sept « chemins » (道, dō ) dans le reste de l'empire. Bien qu'elles n'aient plus eu d'existence officielle après la période de Muromachi (1336-1573), ces entités ont conservé une signification géographique jusqu'à l'ère Meiji. Enfin, le nom d'Hokkaidō, littéralement « route de la mer du Nord », fait écho au Tōkaidō (ou « route de la mer de l'Est »), une des Gokaidō (« Cinq grandes routes » partant d'Edo durant le shogunat Tokugawa vers les principaux centres du Japon) qui constituait au XIXe siècle, et encore aujourd'hui, le principal axe dans l'organisation du réseau de transport japonais. Quoi qu'il en soit, après avoir été gérée par une Commission de développement (開拓使, kaitakushi ) de 1869 à 1871 puis subdivisée en trois préfectures (ken, appelées à partir des trois principaux centres urbains créés dans l'île : Sapporo, Hakodate et Nemuro) de 1871 à 1886, Hokkaidō devient finalement une seule et unique préfecture. Toutefois, le suffixe de 県 (ken) n'a jamais été rajouté à son nom si bien que la finale 道 (dō) a fini par prendre elle-même le sens de préfecture. Ainsi, l'expression de « préfecture d'Hokkaidō » n'est pratiquement jamais employée (car considérée comme un pléonasme), si ce n'est parfois pour différencier le gouvernement local de l'île elle-même. FuDeux « gouvernements » (府, fu ) existent : Osaka (大阪府, Osaka-fu ) et Kyoto (京都府, Kyōto-fu ). Leur désignation particulière provient de l'existence durant l'époque d'Edo de deux types de territoires créés par le bakufu pour assurer un meilleur contrôle des shoguns sur l'ensemble de l'empire : les « Domaines gérés directement par les magistrats du bakufu appelés Bugyō » (奉行支配地, Bugyō shihaichi ) autour des neuf principales villes du pays, et 302 « Domaines des districts » (郡代支配地, Gunyo shihaichi ) sur le reste du territoire. Lorsque le système féodal est aboli en 1868, les neuf Bugyō shihaichi reçoivent l'appellation de fu, utilisant un kanji renvoyant à la notion de « gouvernement », se retrouvant d'ailleurs dans bakufu (le « gouvernement de la tente »), mais aussi à celles commerciales d'« entrepôt », de « magasin » et, par extension donc, de gouvernement urbain. En 1871, avec l'installation officielle de l'organisation préfectorale, seules trois de ces entités, parmi les neuf originelles, conservent le nom de fu (Tokyo, centre politique et désormais capitale impériale ; Osaka, pôle économique et industriel ; Kyoto, ancienne capitale et toujours ville impériale). En 1943, la préfecture de Tokyo fusionne avec son chef-lieu et, de ce fait, Tokyo abandonne le suffixe fu pour celui nouvellement créé spécialement pour elle de to (都, "capitale", mais habituellement traduit par "métropole (de Tokyo)" dans ce cas). Ken43 départements « ruraux » (県, ken ) constituent le reste de l'archipel, et dont le kanji renvoie initialement aux notions de « pays » (au sens local du terme), « comtés », « campagne ». Malgré cette appellation cependant, la plupart d'entre elles sont aujourd'hui fortement, voire en quasi-totalité pour certaines, urbanisées. Sous-divisionsLa loi d'autonomie locale de 1947 ne reconnaît que deux niveaux de gouvernement local : les préfectures et les quatre types de municipalités (villes, arrondissements spéciaux de Tokyo, bourgs et villages), les secondes étant donc les subdivisions des premières. Toutefois, la loi permet dans certains cas le regroupement des communes en subdivisions intermédiaires qui n'ont généralement qu'un aspect purement administratif ou géographique, et absolument pas politique. L'archipel comptant près de vingt-mille îles et îlots, ceux-ci sont rattachées à une préfecture, même si la distance qui les sépare de leur préfecture est énorme (jusqu'à 600 km). Pour mieux relayer leurs actions et assurer une meilleure desserte de leurs services dans ces espaces éloignés, les gouvernements préfectoraux peuvent décider de regrouper les municipalités en subdivisions administratives particulières généralement appelées sous-préfectures (支庁, shichō ) sur le modèle de celles d'Hokkaidō, l'exemple principal étant les quatre sous-préfectures insulaires de Tokyo. Ensuite, toutes les communes rurales (bourgs ou villages) sont regroupées en districts ou « comtés » qui servent uniquement d'entités géographiques et pour établir les adresses dans le système postal. Ce sont alors des subdivisions directes des préfectures ou, là où elles existent, des sous-préfectures (à l'exception de celles des îles dépendant de Tokyo qui font fonction de districts). Dans de nombreuses préfectures, des regroupements comparables aux sous-préfectures mais sans statut juridique officiel qui les définissent clairement existent avec une notion proche des régions naturelles (ou pays traditionnels) en France. Ils sont souvent cités par les géographes et même certaines institutions officielles (ces regroupements sont basés plus ou moins sur le découpage des anciennes provinces impériales et de leurs subdivisions). Historique des préfectures japonaisesCette organisation a été établie officiellement par le gouvernement de Meiji en 1871 dans le cadre d'une réforme dite « abolition du système han » sur le modèle français[réf. nécessaire]. Il a remplacé dans les faits les anciennes provinces, bien que celles-ci n'aient jamais été officiellement abolies.
Liste détaillée des préfectures du Japon actuelSelon les résultats du recensement national de 2015, la préfecture la plus peuplée de l'archipel est celle de Tokyo (13 515 000 habitants, soit 10,6 % de la population japonaise), devant les préfectures de Kanagawa (9 126 000 habitants) et d'Osaka (8 839 000 habitants). La moins peuplée est la préfecture de Tottori (589 000 habitants). Parmi les 47 préfectures, les neuf premières rassemblent 53,9 % de la population du pays[3].
Administration et institutionsL'administration des préfectures, comme celles de toutes les subdivisions administratives japonaises, est régie par la loi d'autonomie locale de 1947. CompétencesLes compétences préfectorales peuvent varier entre les différents types de statut, mais regroupent généralement :
Pour mettre en œuvre leur politique, les préfectures établissent des plans d'orientation pour des durées de 5 ou 10 ans, répartissent leur action entre plusieurs départements et services qui font partie de l'exécutif local et se reposent sur toute une gamme d'entreprises publiques préfectorales. GouverneursLe pouvoir exécutif au niveau des préfectures est exercé par un gouverneur (都道府県 知事, Todōfuken chiji , plus rarement traduit par « préfet »), terme général regroupant le gouverneur métropolitain de Tokyo (都 知事, Tochiji , parfois également traduit, par abus de langage, par « maire de Tokyo »), le gouverneur d'Hokkaidō (道 知事, Dōchiji ), les deux gouverneurs urbains d'Osaka et de Kyoto (府 知事, Fuchiji ) et 43 autres gouverneurs ruraux (県 知事, Kenchiji ). Ils sont élus au suffrage universel direct uninominal à un tour pour un mandat de 4 ans renouvelable. Tout en mettant en application la politique liée aux champs de compétences de sa préfecture, le gouverneur est également le représentant de l'État dans celle-ci et dépend donc dans ce domaine du ministère des Affaires intérieures et des Communications. Il est secondé par un ou plusieurs vice-gouverneurs, désignés par l'Assemblée préfectorale, et dirigent le gouvernement local qui comprend plusieurs départements et organismes publics. AssembléesLe pouvoir législatif local est quant à lui confié à une Assemblée préfectorale (都道府県 議会, Todōfuken gikai ), terme englobant là encore l'Assemblée métropolitaine de Tokyo (都 議会, Togikai ), l'Assemblée d'Hokkaidō (道 議会, Dōgikai ), les deux Assemblées gouvernementales d'Osaka et de Kyoto (府 議会, Fukigai ) et les 43 autres Assemblées rurales (県 議会, Kengikai ). Elles sont élues pour un mandat de 4 ans au suffrage universel direct, les votes ayant lieu au niveau de circonscriptions électorales qui, en fonction de leur population, envoient chacune plusieurs représentants élus par le biais du vote unique non transférable. Ces Assemblées légifèrent en préparant, votant ou bien au contraire en abolissant des ordonnances locales, établissent le budget des autorités de la préfecture, approuvent les comptes et contrôlent les activités des organismes préfectoraux. TerminologieNotes et références
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