La fugue à quatre voix, notée , est longue de 34 mesures. C'est « l'une des plus parfaites et finement travaillées » du recueil, plus peut-être que tout autre[1] et également l'une des plus pédagogique[2].
Le sujet de Bach, composé de onze notes et des sept notes de la gamme, est scindé en deux sections par un demi-soupir. La tête conduit au ton, alors que la traîne semble une réponse.
Pour élaborer le contre-sujet, Bach réemploi habillement le matériel du sujet, en procédant d'abord à un renversement des intervalles et ensuite à une permutation de la tête et de la traîne. Ce qui produit un effet de reflet entre le sujet et son contrepoint, au grand danger de trop de parenté thématique[5]. Les trois premières notes du sujet étant parfaitement symétriques aux trois dernières du contre-sujet (en prenant le ré).
La figure inversus-b est l'objet d'une utilisation spéciale (fin mesures 24–27), à la basse, dans le second divertissement (mesures 20–27), accompagnant l'apparition d'un nouvel élément thématique[1] ; et mesures 30–31, lors du troisième en canon, avec rectus b, où Bach évidemment superpose les mouvements contraires.
La fugue n'est réellement à quatre voix que mesures 15–18 et dans la coda, où entre même une cinquième voix au ténor exposant une dernière fois le sujet[5] — autre emprunt à Fischer[6] — qui termine la fugue sur une cadence picarde. Le soprano fait silence de la mesure 6 à 14 et le ténor de 19 à 28.
Bach par deux fois use du canon, première fois mesures 17–18, entre basse et alto. La seconde fois, la sublime beauté de cette technique ingénieuse, qualifiée de « tour de force »[7], est atteint mesures 28–29, dans un canon soprano, ténor et basse pendant que l'alto chante le contre-sujet[5].
(en) Hugo Riemann (trad. de l'allemand par John South Shedlock), Analysis of J.S. Bach's Wohltemperirtes clavier [« Katechismus der fugen-komposition »], vol. 1, Londres / New York, Augener & Co. / G. Schirmer, (1re éd. 1890 (de)), 208 p. (lire en ligne)
Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. I (A-I), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN2-221-05017-7), p. 206.
Robert Levin (clavecin, clavicorde, orgue et piano-forte) (trad. Anne Paris-Glaser), « Bach, Clavier bien tempéré, livre I : BWV 846-849 », Hänssler Edition Bachakademie, vol. (102 à) 117, 2000 (OCLC705291495) .