Raúl Scalabrini OrtizRaúl Scalabrini Ortiz
Raúl Scalabrini Ortiz (Corrientes, 1898 – Buenos Aires, 1959) était un philosophe, historien, journaliste, écrivain, essayiste et poète argentin, expert-géomètre de formation. Soucieux avant tout de l’indépendance nationale de son pays, il soutint le parti radical UCR — appartenant en particulier au groupe FORJA (Fuerza de Orientación Radical de la Joven Argentina), mouvance politique très combattive au sein de ce parti —, puis prêta son appui à la démarche péroniste. En tant qu’historien, il fut un représentant du courant dit révisionniste de l’historiographie argentine. BiographieFils du naturaliste Pedro Scalabrini, qui était directeur du musée de la ville de Paraná, dans la province d'Entre Ríos, il s’en vint à Buenos Aires pour y poursuivre des études d’ingénieur à la faculté des Sciences exactes, où il ne tarda pas à se rapprocher du cercle des intellectuels et des écrivains qui se réunissaient autour de la figure de Macedonio Fernández. Sa première publication fut un recueil de courts récits réunis dans le volume La Manga de 1923. Parallèlement, il déploya une activité journalistique pour le compte des journaux La Nación, El Mundo et Noticias Gráficas, et fonda Reconquista, qu’il dirigea. En 1931, il fit paraître El hombre que está solo y espera (litt. l’Homme qui est seul et attend), qui lui valut, outre le prix Municipal, la reconnaissance des milieux intellectuels. Grâce à celle-ci, il put dorénavant se vouer pleinement à la recherche et à la réflexion socio-économiques et historiques nationales, dont sera imprégnée toute son œuvre ultérieure. Le radicalismePolitiquement, son adolescence et sa jeunesse se passèrent sous la pression du libéralisme conservateur alors prédominant. Cependant, divers facteurs vont se conjuguer pour l’amener à rompre cette trame idéologique « coloniale ». D’abord, Scalabrini Ortiz adhéra dans sa jeunesse au groupe marxiste Insurrexit ; ensuite, il entreprit de nombreux voyages, en premier lieu, pour raisons professionnelles, dans les différentes provinces d'Argentine, ce qui le préserva d’un enfermement dans la mentalité portègne ― voyages auxquels s’ajoutera, à l’âge de 26 ans, une visite à Paris, dont cependant il s’en reviendra profondément désillusionné, n’ayant en effet trouvé, dans la patrie de l’humanisme et des droits de l’homme, que dédain à l’égard des latino-américains et xénophobie de « peuple élu ». Il subit les effets de la Grande Dépression et assista au coup d'État de contre le président Hipólito Yrigoyen qui marqua le début de la Décennie infâme, régime caractérisé par une politique conservatrice et basé sur la corruption et la fraude électorale. Conjointement avec d’autres intellectuels, il prit part en à la révolution radicale yrigoyéniste, dirigée par le lieutenant-colonel Gregorio Pomar. À la suite de l’échec de cette révolution, Scalabrini fut banni vers l’Europe, où lui apparut avec plus de clarté encore le degré de soumission de l’Argentine à la Grande-Bretagne, notamment lorsqu’il s’aperçut que les journaux italiens et allemands tenaient l’Argentine pour une colonie de l’Empire britannique[1]. C’est en Allemagne, dans le Frankfurter Zeitung, l’un des rares journaux restés démocratiques dans l’Allemagne de cette époque, et le seul qui réussît à ne pas être totalement contrôlé par le régime nazi[2], qu’il commença à publier ses premiers essais sur la question nationale argentine et sur l’impérialisme britannique[3]. En 1935, revenu en Argentine, il se rapprocha de la FORJA (Fuerza de Orientación Radical de la Joven Argentina) d’Arturo Jauretche, Gabriel del Mazo, Luis Dellepiane, Homero Manzi, Julio Darío Alessandro et d’autres, mais tout en préservant son indépendance, n’adhérant à la FORJA qu’en 1940, après que le groupe se fut séparé du Parti radical. Son activité au sein de ce mouvement consistera en particulier à rédiger et publier quantité d’études dans les Cuadernos (=cahiers) de FORJA. Il prononça de nombreuses conférences sur des sujets en rapport avec l’état de dépendance de son pays, plus particulièrement sur la localisation et les détenteurs des leviers de pouvoir économiques en Argentine. Son thème principal était les chemins de fer anglais, qu’il considérait être l’élément clef du dispositif colonial. Il dira p.ex. que les rails du chemin de fer…
Le péronismeEn 1943, en raison de divergences à propos de la révolution du menée par le GOU (Groupe d’officiers réunis), il prit ses distances d’avec la FORJA, laquelle en effet appuyait le soulèvement. Scalabrini Ortiz, vers cette même époque, accompagna les débuts et la montée en puissance du péronisme, allant jusqu’à présenter à Perón plusieurs mémoires sur la nationalisation des chemins de fer. Toutefois, il n’accepta jamais d’assumer des fonctions gouvernementales et eut soin d’observer toujours une distance critique vis-à-vis du parti justicialiste. Ainsi écrivit-il :
Ajoutant :
Réprouvant le renversement de Perón en 1955, il fut un ardent opposant à la dénommée Révolution libératrice, dans laquelle il voyait le retour au pouvoir des oligarchies qui entendaient tirer profit de la dépendance économique de l’Argentine. Il intervint dans les colonnes de la revue Qué pour critiquer les mesures du gouvernement, dont il considérait la politique comme une régression. Activité journalistiqueEn 1924, il se mit à collaborer à la revue littéraire Martín Fierro, dirigée par Evar Méndez. En 1939, pendant la Deuxième Guerre mondiale, il fonda la revue Resistencia, par laquelle il appuya la neutralité de l’Argentine dans le conflit, mais faute de publicité, il dut, au bout de seulement 41 jours, mettre un terme à cette publication. Il fut collaborateur du programme desarrollista du Frente Nacional, et prêta son soutien à Arturo Frondizi, qui gagna la présidence en 1958. Dans la suite, sous sa direction, la revue Qué se mua en organe officiel du gouvernement desarrollista ; cependant, après trois mois, il démissionna en raison de divergences avec Frondizi sur les concessions pétrolières du gouvernement aux compagnies étrangères, et se maintint dorénavant éloigné de toute activité publique jusqu’à sa mort des suites d’un cancer en . PenséeL’écrit de Scalabrini Ortiz qui le caractérise le mieux et traduit le mieux sa pensée est sans doute Cinco principios de cooperación interna. Ces cinq principes sont les suivants :
Dans ses articles de presse et dans ses brochures, Scalabrini Ortiz s’attachait à exposer au grand public ce que ses recherches lui avaient permis d’apprendre. Dans l’un de ces articles, il conseille le lecteur en ces termes :
Œuvres
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Liens externes
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