Bistorta : du latin "bistortus" = deux fois tordu (forme de la racine) ; Polygonum : du grec "polus" = beaucoup, et "gonu" = genou : tiges très noueuses[réf. nécessaire].
Hauteur de 20 à 80 cm. Tige simple. Feuilles glauques, simples et brusquement rétrécies à la base et décurrentes sur un long pétiole. Fleurs roses en épi unique terminant la tige et large de 1 à 3 cm.
Répartition
Europe et Asie tempérées et subarctiques, Amérique du Nord orientale.
Biotopes
Prairies humides, fossés, bois clairs frais. Persiste à l'état stérile dans des lieux fortement ombragés. Hydrocline. Commune en montagne, rare en plaine (très rare en dessous de 300 m), nulle en région méditerranéenne. Jusqu'à 2 400 m d'altitude : de l'étage collinéen à l'étage alpin.
Biologie
Fleurit de mai à octobre. Hémicryptophyte ou géophyte (rhizome).
Le rhizome a fréquemment été consommé cuit (ou cru, bien qu'il soit souvent amer) en Russie, Sibérie et Alaska[7] : après l'avoir fait macérer, on le faisait cuire sous la braise[7]. Pour éliminer son amertume, il peut être nécessaire de le cuire dans plusieurs eaux.
Comme pour la plupart des renouées, les jeunes pousses et feuilles sont également comestibles[7]. En vieillissant, elles deviennent amères, il conviendra donc, comme pour le rhizome, de les faire bouillir à plusieurs eaux.
Thérapeutique
Emplois populaires
Différentes applications médicinales sont rapportées dans les traditions populaires :
Les feuilles écrasées ont été considérées comme hémostatiques sur les blessures et sont censées être vulnéraires.
Le rhizome macéré et utilisé en bains de bouche a été préconisé contre les gingivites, les angines, les aphtes.
La poudre de racines prise par le nez a été utilisée pour arrêter les saignements.
Enfin on prépare aussi un vin très tonique à partir du rhizome[8].
Histoire
L'usage médicinal de la bistorte est ancien, comme l'atteste sa présence dans le capitulaire De Villis[9] ordonnance émanant de Charlemagne qui réclame de la part de ses domaines de cultiver un certain nombre de plantes médicinales et condimentaires dont la "dragantea" identifiée actuellement comme la renouée bistorte.
Les propriétés médicinales du rhizome de la bistorte font toujours l'objet de recherches. Des activités anti-inflammatoires ont été démontrées chez l'animal[11] et ont été associées au 5-glutinen-3-one et au friedelanol contenus dans le rhizome[12].
La Bistorte est également l'hôte d'un microchampignon phytoparasite, Microbotryum marginale, qui provoque la maladie cryptogamique du charbon. Il se caractérise par la présence de pustules grisâtres alignées sur la bordure de ses feuilles[15].
Statuts de protection, menaces
L'espèce n'est pas encore évaluée à l'échelle mondiale par l'UICN. En Europe et en France elle est classée comme non préoccupante[16]. Toutefois localement l'espèce peut se raréfier : elle est en danger critique (CR) en Poitou-Charentes ; en danger (EN) en Île-de-France et région Centre; elle est considérée vulnérable (VU) en Haute-Normandie, Picardie et Pays-de-la-Loire; quasi menacée (NT), proche du seuil des espèces menacées ou qui pourraient être menacées si des mesures de conservation spécifiques n'étaient pas prises, en Bretagne, Basse-Normandie, Champagne-Ardenne, Aquitaine et Nord-Pas-de-Calais.