René de la RouverayeRené de la Rouveraye
René de la Rouveraye, né au château de Bressault, Ménil (Mayenne), mort le à Angers, était un capitaine huguenot qui sema la terreur dans l'Ouest de la France durant les Guerres de religion. Il fut des premiers adeptes du protestantisme armé. On connaît de façon imparfaite le plus grand nombre de ses crimes qui avaient été couverts par l'édit de pacification de 1570. Il était surnommé le Diable de Bressault[1]. BiographieOrigineIl est le fils de Claude de la Rouveraye et d'Urbaine de Beaumanoir[2]. Sa mère, veuve avant 1554 et toujours catholique, s'était pourtant remariée à Anne de Guérin, qu'on dit avoir été huguenot. Urbaine de Beaumanoir est issu d'une lignée cadette de la célèbre maison de Beaumanoir, et avait pour cousin, issu de germains, Jean de Beaumanoir[3]. Les de la Rouvraye s'allièrent aux d'Andigné, aux de la Jaille et aux autres familles nobles de la contrée. Ils portaient comme armoiries, selon la seconde partie de l'Histoire de Sable, par Gilles Ménage : D'argent à trois têtes de cheval percées de sable. Selon le feudiste Audouys[4]: De gueules à trois têtes de cheval d'or percées de sable posées 2 et 1 Il participa activement aux combats des guerres civiles entre 1560 et 1571, et y gagna une réputation de cruauté. Pendant la première guerre de ReligionIl fit partie de la conjuration d'Amboise (1560), dont l'instigateur pour l'Anjou était Joachim de la Chesnaie[5], mari de Marguerite de Feschal . On comptait au premier rang des seigneurs angevins les deux frères de Soucelles et René de la Rouvraye[6]. Pour André Joubert, le prince de Condé était l'âme du complot, dans lequel trempaient la comtesse de Laval, Guyonne de Rieux; la Chesnaie-Lallier, René de la Rouvraye, Jean de Criquebœuf, capitaine de Montjean, et l'élite de la noblesse calviniste. Rentrés dans son fief, la Rouvraye et son compagnon rassemblèrent une poignée de soldats, avec lesquels ils s'emparèrent de Craon, dont le Château de Craon appartenait à un seigneur catholique de la famille de la Trémoille. Ils réussirent également à prendre la Lande de Niafles et Congrier, où ils tuèrent deux habitants[7]. L'émeute de la journée des mouchoirs avait ensanglanté les rues d'Angers, le , et des troubles avaient éclaté sur plusieurs point de l'Anjou et du Maine. René de la Rouvraye, allié à Hercule de Saint-Aignan, comme lui du parti des religionnaires, « faisoit mille ravages dans la contrée ». Il guerroyait en Poitou, au printemps de l'année 1561, quand il fut assailli par des forces nombreuses et réduit à chercher son salut dans une prompte fuite. Les hostilités se ralentirent pendant les derniers mois; mais le Massacre de Wassy, au mois de février 1562, raviva toutes les haines. Il se retrouve à la prise et au pillage de la ville du Mans[8] le . Pendant les trois mois de leur séjour les huguenots se livrèrent ainsi à toutes sortes d'excès et de crimes dont on accusa principalement la Rouveraye[9]. André Joubert indique que toutes les enquêtes sont d'accord pour constater les déprédations commises « par le sire de Bersault ». Pierre Renouard[10] a raconté, dans ses Essais historiques sur le Maine, qu'après avoir mutilé un chanoine les calvinistes firent cuire ses chairs, le forcèrent à les manger, et après lui ouvrirent le ventre. Pendant l'occupation du Mans, les protestants dévastèrent les églises et les couvents livrés au pillage et à l'incendie, profanèrent les tabernacles et les tombeaux, et firent main basse sur tous les objets qui avaient une valeur vénale. Les reliques, parements et vêtements de l'église de Saint-Julien devinrent la proie de la Rouvraye. D'après le procès-verbal[11] le chiffre des pertes est évalué à plus de 250 000 francs. Il faut croire que la Rouvraye ne séjourna pas au Mans pendant longtemps, car il s'emparait de nouveau, au mois d'avril, de la place de Craon, de concert avec la Chesnaie-Lallier. D'autres aventures ayant entraîné les deux chefs au loin, ils laissèrent le commandement de la ville au sieur de Gaubert, dont les soldats saccagèrent l'Abbaye de la Roë. Il alla rejoindre Gabriel Ier de Montgommery en Normandie : « Durant cette saison[12], ainsi que le comte de Montgommery avec la Motte-Tibergeau, Bressault, Davaines, manceaux les plus assurés meurtriers du temps et leurs troupes, couraient et ravageaient par le pays, se commettaient plusieurs et énormes cruautés par eux et leur suite à l'endroit des pauvres prêtres. ». La Rouvraye profita de l'absence de Jean de Champagne[13], pour envahir Parcé. L'église fut pillée, les orgues brûlées, les chapelles dévastées, les prêtres égorgés et les habitants massacrés[14]. Après la prise de Vire, Gabriel Ier de Montgommery se rendit sur les côtes pour y recevoir les Anglais qu'il avait mandés et qui ne tardèrent pas à débarquer. Bressault fut du nombre de ceux qui l'abandonnèrent plutôt que de combattre avec l'étranger contre l'armée royale de France. Il alla à Caen et s'attacha au service du duc de Bouillon. Il passait le 27 mai 1563 à Rouen, assure-t-on, avec le capitaine Coulombières, Aigneaux, Moineville et Fontenailles, le seigneur du Mesnil-Barré, pour aller droit à la Cour de France[15]. Mais en juillet 1564, il était de retour à son château de Bressault, s'emparait des biens ecclésiastiques à sa convenance, pillait et saccageait. Toutefois, s'il prit part aux brigandages commis à Sablé et à l'Abbaye de Bellebranche, son nom n'est pas cité. Pendant la deuxième guerre de ReligionLa deuxième guerre éclate précisément le 28 septembre 1567. René de la Rouveraye, saccagea, le , l'église de Notre-Dame de Sablé dont les vitraux furent mutilés à coups d'arquebuses[16]. Vers le même temps, l'Abbaye de Beaulieu du Mans était à son tour dévastée par la bande de Bressault. Pendant la troisième guerre de ReligionLors de la troisième guerre de Religion (1568-1570), les auteurs de la France Protestante le font figurer à la Bataille de Saint-Denis (14 octobre 1567). La Paix de Longjumeau, conclue le , suspendit momentanément les combats. Mais Château-Gontier fut occupé, en pleine paix, par les huguenots; les habitants, effrayés, coururent se réfugier å Angers, au mois de septembre, en annonçant l'approche de 6000 rebelles, commandés par François de Coligny d'Andelot, et parmi lesquels était le diable de Bressault. Un combat eut lieu sur la levée, et divers engagements se livrèrent aux Rosiers, à Saint-Mathurin et à Saint-Martin, le . Les huguenots, victorieux, dévastèrent l'Abbaye de Saint-Maur-sur-Loire. En 1568, « François de Coligny d'Andelot, le vidame de Chartres, Gabriel Ier de Montgommery, François de La Noue, Charles de Beaumanoir-Lavardin, Bressault et autres huguenots, ayant, dit Pierre Louvet, fait amas de huguenots en Bretagne, Anjou et Normandie, se mirent en devoir de passer la rivière de Loire pour se joindre au prince de Condé mais le sieur de Martigues vint au davant sur la levée à Saint-Mathurin qui les mist tous en déroute. Le lendemain seizième jour des dicts mois et an, les huguenots, craignant estre enclos sur la levée, passèrent la rivière au droict de Saint-Remy et Saint-Maur du côté du Poistou, où il s'en noya beaucoup et lesquelz laissèrent beaucoup de bagages dont les habitants s'emparèrent et allèrent les dicts huguenots à Nyort et à Angoulême qu'ils pillèrent.. ». Sébastien de Luxembourg-Martigues les battit le . Bressault, avec quelques-uns, échappa et alla piller Niort et Angoulême. « Le , écrit Lancelot Voisin de La Popelinière[17], la cornette de Bressault fut surprise et rompue auprès de Thouars[18]. Michel de Castelnau Mauvissière à peu près dit la même chose: «En ce mesme temps le comte de Brissac qui veilloit à toutes occasions défit la compagnie de Bressault. » René de la Rouvraye assistait comme colonel d'un régiment d'arquebusiers au Siège de Poitiers qui dura sept semaines, du 24 juillet au 7 septembre 1569[19]. Il devait se trouver à la Bataille de Moncontour, livré le [20]. Après la pacificationLa Rouveraye profite de l'édit de pacification de 1570 pour revenir en Anjou. Pendant les années 1570 et 1571, malgré la présence de Charles IX qui visita l'Anjou, Bressault continua de donner la chasse aux prestres qu'il tondoit de fort près[21]. Ses coreligionnaires célébraient sa bravoure et sa prudence «ès guerres fuyantes » Il terrorise le pays. A la Selle-Craonnaise, le prieur claustral de l'Abbaye de la Roë veut recueillir ses dîmes, mais Bressault menace et maltraite les fermiers[22]. Ses émissaires ne parlent que l'épée à la main et, pour couper court à toute résistance, feignent de mander leur maître qui est, disent-ils, à la Lande de Niafles avec grande compagnie (13 août 1571). Une nuit il tente l'escalade du château de Taigné à Ménil, tue son closier de la Rochepaillère ainsi que noble homme Antoine Aubry, pille et incendie jusqu'à Saint-Brice, dans les domaines de l'Abbaye de Bellebranche[23]. Tous ces crimes sont énumérés dans son procès. En 1571, en l'absence de Messire Claude de Racappé, chevalier de l'ordre du roi, capitaine des gardes, seigneur de Magnannes et de Ménil, son seigneur de fief, René de la Rouvrayé eut l'audace de se révolter contre son suzerain (Félonie). II osa réunir ses troupes « en assemblée illicite, de nuit, à port d'armes et son de tabourin, dresser et planter échelles et assaillir le lieu et maison seigneurial de Maignannes y étant la Dame de Maignaunes et ses enfants[24] ». Le Grand prévôt de France Nicolas de Bauffremont, averti de ces événements, arriva suivi d'une nombreuse compagnie d'archers à Angers, le . Il partit immédiatement avec une forte troupe et un canon pour aller attaquer Bressault dans son repaire. Il assiégea la Rouvraye retranché dans son Château. Le capitaine huguenot se défendit, fut pris, mais il parvint à s'échapper, déguisé, en laissant derrière lui son manoir démantelé et ruiné[25]. L'exécutionIl fut enfin découvert après le Massacre de la Saint-Barthélémy et emmené prisonnier sous bonne escorte à Angers, par le Grand prévôt de France, le : « Le Mercredy huitième jour d'octobre audict an 1572, dit Louvet, René de la Rouvraye, escuyer, sieur de Bressault, fust prins et amené prisonnier ès-prisons royaulx d'Angers par M. le prévost des mareschaulx et son procès faict et parfaict[26]. » Il est arrêté enfin le 8 octobre 1572 et ses complices en profitent d'abord pour s'emparer des fruits de ses brigandages[27]. L'affaire fut terminée en un mois, car la Rouveraye comparaissait le devant les gens tenans le siège présidial d'Angers pour le Roy et pour Monseigneur le duc d'Anjou et Bourbonnais ». La sentence[28] rendue le par « les gens tenans le présidial » rappelait tous les crimes de Bressault. Le chef huguenot fut «< condamné à être par l'Exécuteur de la haute Justice tiré et extrait des dites prisons, et conduit en la place du Pillory de cette ville et là avoir la teste tranchée sur un échaufaut dressé pour cette fin ». Puis il était ordonné, en outre, qu'après l'exécution la tête du décapité « serait portée par l'Exécuteur à Château-Gontier, et mise au bout d'une lance, placée sur la principale porte et entrée de la dite ville »[29]. Pour punition de la félonie commise par la Rouevraye envers le sieur de Racappé, le fief de Bressault avec ses dépendances fut confisqué, selon la Coutume d'Anjou, au profit du seigneur de Magnannes. Bressault était aussi condamné « à être mis et tendu en question extraordinaire pour y être ouï de ses complices auparavant l'execution ». Les parties intéressées recevraient les dédommagements auxquels elles avaient droit proportionnellement aux pertes qu'elles avaient subies, tant en nature qu'en argent. Copie de le sentence de mort donnée contré René de la Rouveraye, Sieur de Bressault, le 8 novembre 1572
A tous ceux qui ces presentes verront, les gens tenans le Siege Presidial Angers pour le Roy notre Sire et Monseigneur le Duc d'Anjou et Bourbonnois. Salut : Sçavoir faisons, que au procès criminel pendant pardevant nous, entre Messire Claude de Racappé, Chevalier de l'Ordre du Roy, Capitaine de ses Gardes, Seigneur de Maignannes et de Menil, demandeur et accusateur pour raison de l'eschallement et assiegement de sa maison de Maignannes; Catherine Bachelot, veuve Guillaume le Paige en son vivant Closier de la Rochepailliere, Paroisse de Menil, tant en son nom, que comme tutrice naturelle des enfants mineurs du dit deffunt le Paige et d'elle aussi, demanderesse accusatrice pour l'homicide commis en la personne dudit deffunt le Paige; et encore Maître Jean Mesnyer, Avocat à ce Siege, mari de Jacquette Poulain, tant pour lui que ses coheritiers, heritiers de Jean de Launay et Jeanne Ragot sa femme, en leur vivant Sieur et Dame de Taingné, demandeur et accusateur pour l'incendie, embrassement, forces et violences commises audit lieu de Taingné; noble homme..... de Craon, sieur de la Goulinière, mari de Damoiselle Jeanne Tillon, femme en premières nôces de noble Antoine Aubry, sieur de la Millasserye, tant en son nom que pour Damoiselle Jacquine Aubry, et de ladite Tillon, aussi demandeur et accusateur pour l'homicide commis à la personne dudit Antoine Aubry; et encore Jean Merault l'aîné, Jean Merault le jeune, Bonnaventure Furey et Léonard le Boutaillier, demandeurs et accusateurs pour volleries à eux commises; Marie le Franc, veuve de Mathieu Blandeau, en son vivant Marchand, Fermier, demeurant en la Paroisse de Saint Brice pays du Maine, aussi demanderesse et accusatrice pour vollerie et embrassement à elle faits en sa maison du Houx; Renée Hayneuve, veuve de deffunt Michel Guerin, en son vivant, marchand, demeurant à Chateaugontier, Guillaume Guerin, fils et heritier dudit Michel Guerin, demandeurs et accusateurs pour vollerie et detroussement fait audit Guerin ou ses Voituriers; Maitre Jean Lhommeau, Avocat à ce Siege, fils et heritier de deffunt Jean Lhommeau, en son vivant Marchand, demeurant à Tavigné, aussi demandeur et accusateur pour excès faits audit de Lhommeau son père; Frere Pierre Baron, Religieux en l'Abbaye de la Roë, Chapelain de la Chapelle de la Mangeonnerie, desservie en ladite Abbaye; Maître Jacques Bernier, Chapelain de la Chapelle de l'Aubepin, autrement de saint Blaise, desservie en l'église de saint Remy de Chateaugontier, chacun pour leur égard, aussi demandeurs et accusateurs pour l'occupation et détention faite du temporel, fruits et revenus des dites Chapelles de la Mangeonnerie et de saint Blaise; et encore les Doyen, Chanoines et Chapelains de l'Eglise du Mans, François Marquis, Marchand demeurant en cette Ville, Messire Jean de Champagné, Chevalier de l'Ordre du Roy, Baron de Parcé; Maitre Jacques Bustier, Curé de l'Eglise Paroissiale de Saint Pierre dudit Parcé, Maître Jean Vivier, noble homme Charles Moutieux, mari de Damoiselle Jeanne Esnault, Frere François Bellet, Religieux de l'Abbaye de Notre Dame de Beaulieu vers le Mans, chacun pour leurs intérêts, demandeurs et accusateurs ; le Procureur du Roy et de Monseigneur le duc d'Anjou joinct en chacune des dites accusations; et encore le Procureur du Roy seul, demandeur et accusateur à cause de plusieurs raps, forces, viollences, ports d'armes, foules et oppressions d'une part; et noble homme René de la Rouveraye, sieur de Bressault, prisonnier ès prisons ordinaires de cette ville, deffendeur et accusé en chacune des dites accusations, d'autre. Veu le procès extraordinairement fait audit de la Rouveraye, sieur de Bressault, charges, informations, interrogatoires et réponses, audition, recollement et confrontation de témoins, Contrats, rescriptions et quittances signées Bressault et de la Rouveraye, à plein mentionnées par le procès, Lettres Patentes données à Paris, libelles accusatoires, et tout ce que les dits demandeurs ont produit pardevant nous, conclusions dudit Procureur du Roy et de Monseigneur Duc, l'accusé fait venir à la Chambre, tout considéré. Par notre Sentence et Jugement souverain et en dernier ressort, disons ledit René de la Rouveraye sieur de Bressault être suffisamment atteint et convaincu d'avoir, en assemblée illicite, de nuit, à port d'armes et son de tabourin, dressé et planté échelles, et assailly le lieu et maison seigneurial de Maignannes, appartenant au dit de Racappé, son Seigneur de fief, y étant la Dame de Maignannes sa femme et ses enfants, tué et massacré inhumainement ledit. Guillaume le Paige son propre closier et laboureur, à la closerie de la Rochepalliere, dépendant de Bressault; de nuit aussi à port d'armes, en assemblée illicite, à son de tabourin et par deux fois assailly et assiégé ledit deffunt Jean de Launay, sa femme et famille en son lieu de Tavigné, brulé et mis le feu ès granges et fruits, lins, pailles, chaumes, barges de foin, autres biens meubles et immeubles dudit de Launay et Jeanne Ragot sa femme, tué, vollé de guet à pent, en assemblée illicite et à port d'armes ledit deffunt Antoine Aubery, sieur de la Millasserie; vollé et détroussé de leurs marchandises lesdits Michel Guerin, Jean Merault et consorts, embrazé la mai.on, étables, granges, meubles à ladite le......... veuve dudit deffunt Commeau; injustement pris et occupé le temporel, fruits et revenus desdites Chapelles de la Mangeonnerie et de SaintBlaise. Pour reparation publique desquels cas et autres crimes et délicts, intimidations, forces, viollences, raps, foulles, oppressions, ports d'armes, détention et occupation du bien et revenu de l'Eglise, et contraventions faites aux Edits et Ordonnances du Roy, à plein mentionnez dans le procès. Avons condamné et condamnons ledit de la Rouveraye, sieur de Bressault, à être par l'Exécuteur de la haute Justice tiré et extrait desdites prisons, et conduit en la place du Pillory de cette Ville, et là avoir la tête tranchée sur un échaufaut, qui y sera dressé pour cette fin; ce fait, ordonné que par ledit Exécuteur la tête sera portée à Chateaugontier, et mise au bout d'une lance, placée sur la principale porte et entrée de la dite Ville; et pour la felonie commise par le dit de la Rouveraye à l'encontre dudit de Racappé, avons déclaré et déclarons le fief de Bressault et tout ce que le dit de la Rouveraye tient à foy et hommage lige dudit de Racappé, comme Seigneur du fief de Menil, perdu et confisqué envers et au profit dudit sieur de Racappé, suivant la Coutûme de ce pays d'Anjou, les autres. Parties intéressées préalablement satisfaites et récompensées, tant sur lesdits biens déclarez perdus et confisquez, que sur tous les autres biens dudit de la Rouveraye. Et pour reparation civile, avons icelui de la Rouveraye condamné et condamnons; scavoir, vers ladite Bachelot esdits noms, en la somme de cinq cens livres tournois; vers ledit Meusnier et autres heritiers desdits de Launay et Jeanne Ragot sa femme, en la somme de huit cens livres ; vers le dit de Craon esdits noms, en la somme de douze cens livres ; vers ladite Guillet, Hayneuve, Guerin en la somme de quinze cens livres; vers ladite le Grand en la somme de deux mil livres tournois; vers ledit de Lhommeau en vingt-cinq livres; et quant ausdits Merault et consorts, avons condamné et condamnons ledit de la Rouveraye leur rendre et restituer leur marchandise, si elle est en essence non détériorée, sinon sa juste valeur, pour laquelle lesdits Merault et consorts seront crûs à serment, jusqu'à la somme de dix mil livres et au-dessous, et pour le regard desdits Bernier et Baron, rentreront en la possession et jouissance de leurs dites Chapelles de la Mangeonnerie et Saint Blaise, et autres choses qui en dépendent, telles qu'ils avoient auparavant la violence et induë occupation qu'en faisoit ledit de la Rouveraye, et ce nonobstant lesdits Contrats et baux à ferme que ledit de la Rouveraye en ait fait ou pû faire, que nous avons declaré et declarons nuls et nul effet et valeur; et si avons condamné et condamnons ledit de la Rouveraye rendre et restituer ausdits Bernier et Baron, scavoir audit Bernier lesdits fruits de huit années de ladite Chapelle de Saint Blaise, et audit Baron les fruits aussi de huit années de ladite Chapelle de la Mangeonnerie, si lesdits fruits sont en essence non deteriorez, sinon la juste valeur, sous estimacion commune de ce qu'ils ont valu en chacune desdites années; et quant ausdits Vivier et le Ballet, se pourvoiront, si bon leur semble, scavoir ledit Vivier sur les biens du deffunt sieur de.... et ledit de Belet à l'encontre du sieur de...... ou autrement, ainsi qu'ils verront être à faire, deffenses réservées au contraire. Et en ce faisant avons pour ce regard mis et mettons les dites Parties hors de cour et de procès[30], sans dépens, dommages et intérests; et au surplus pour les accusations desdits Doyen, Chanoines et Chapelains du Mans, [Jehan ], sieur de Champaigne, Jacques Bustier, François Marquis et Charles de Montreux, avons en considération des Edits de pacification et Declarations sur iceux, mis lesdites Parties hors de cour et de procès sans depens; ordonnons neanmoins que les reliques, paremens et vetemens de ladite Eglise Saint Julien du Mans, dont lesdits Doyen, Chanoines et Chapitre ont été expoliez par ledit de la Rouveraye, leur seront rendus et restituez, quelque part qu'ils puissent être trouvez, s'ils sont en essence, et à ce faire les détempteurs contraints par toute voye et manière dûë et raisonnable même par emprisonnement de leurs personnes : condamnons outre ledit de la Rouveraye en cinq cens livres d'amende vers cour, et ès dépens de chacun desdits de Racappé, Bachelot, Mesnier, de Craon, Marie le Grand, Jean Merault et consors, Renée Hayneuve, Guillaume Guerin, Lhommeau, Baron et Bernier, chacun pour leur regard ès noms et qualitez qu'ils procedent, et encore ès dommages et interests desdits Baron et Bernier; la taxe et liquidation de tous lesdits dépens, dommages et intérests à nous rescrvée : Et si ordonnons qu'auparavant l'execution que dessus ledit de la Rouveraye sera mis et tendu en question extraordinaire pour y être oui de ses complices. Si donnons en Mandement au premier Huissier ou Sergent de la Cour de céans, ou autre Sergent Royal, sur ce requis, chacun en son pouvoir et ressort et Bailliage, signifier ces presentes à tous qu'il appartiendra, et dont il sera requis leur faire exprès commandement d'y obéir, et ce comme à luy appartiendra mettre ces présentes à duë et entiere execution, par toutes voyes et manieres dues et raisonnables, et faire tous Exploits de Justice à ce pertinents, requis et necessaires de ce faire dûëment, audit Sergent donnons pouvoir. Donné Angers par lesdits gens tenans le Siège Presidial audit lieu, le Samedi huitième jour de Novembre l'an mil cinq cens soixante-douze, et mis au Greffe le dixième jour dudit mois et an, et prononcé le même jour audit de la Rouveraye par Messieurs le Lieutenant Criminel, Maitres René Gohin et René Juffé, Conseillers et Juges, Magistrats audit Siège, ledit de la Rouveraye à cette fin mandé et fait venir en la Chapelle des prisons ordinaires de cette Ville, lequel après ladite Sentence lui avoir été lûë et prononcée, a dit qu'il en appelloit, à quoi lui a été déclaré qu'il n'y a lieu d'appel; et a été ladite Sentence executée en la personne dudit de la Rouveraye le même jour et an. Signé: COQUEREAU.Au dire de ses coreligionnaires, le Diable de Bressault alla au supplice « fort constamment avec étonnement de ses ennemis, et en chantant un psaume [31]. » Pierre Louvet écrit seulement « qu'il eut la teste tranchée le dixiesme jour de novembre, vigile de la Saint Martin, » sur la place du Pilory, à Angers. FamilleSa mère, Urbaine de Beaumanoir est veuve en 1551[32], elle épousa, en secondes noces, Anne de Guérin, seigneur de Chantepie[33], que nous trouvons détenu prisonnier au Grand conseil du roi, le 14 juin 1565[34], et qui la laissa veuve une seconde fois en 1572[35], ayant eu d'elle deux enfants Léonard et Renée de Guérin[36]. Urbaine de Beaumanoir était morte en 1580, comme l'atteste, un aveu rendu pour le fief de la Maignane[37] à la châtellenie de Champagne, le 10 octobre de cette année, par Nicolas, son fils et principal héritier. Nicolas[38], son frère, se convertit en 1588, et les deux filles de ce dernier se marièrent à des catholiques : Florent de Bastard[39] et Jean de Commarcé. Le nom s'éteignit alors. Claude de Chivré, sœur de Jacques et de François de Chivré, fils de Jacques Ier de Chivré, seigneur du Plessis-Chivré, la Guénaudière, l'Estanget, la Chevalerie, maître d'hôtel de Monseigneur le duc d'Alençon, frère du roi, mari de Jeanne de Bouillé, dame d'honneur de la duchesse de Bar, s'unit en premières noces à René de la Rouveraye, sieur de Bressault. Après l'exécution de son mari, décapité à Angers pour ses crimes le 10 novembre 1572, elle se remaria à Pyrrhus L'Enfant. Le 9 décembre 1617, elle renonçait au calvinisme en présence de Grégoire Le Doisne, récollet, ayant pouvoir et authorité de Sa Sainteté et de Monseigneur l'evesque d'Angers d'absoudre l'hérésie. » Témoignages
Bibliographie
Sources partielles et références
Notes et références
Lien externeInformation related to René de la Rouveraye |