Il est le fils d'Eustache II du Bellay et de Guyonne d'Orenge[2]. Son frère Charles succéda à son père dans les terre du Bois-Thibault. Ce fut à l'aîné de ces enfants, alors à peine âgé de 20 ans[2], que fut attribuée la terre du Bois-Thibault pour sa part dans la succession de son père et de son aïeul[3].
Les bulles de Grégoire XIII (septembre 1581)[5] prescrivaient au nouveau commendataire de maintenir dans l'abbaye la splendeur habituelle du culte et de ne rien diminuer du nombre des offices claustraux[6].
René du Bellay vint prendre en personne possession[5] de l'abbaye de Fontaine-Daniel, accompagné de François Rousseau, notaire à la Bigottière, de Charles du Bellay, son frère aîné, et de trois membres de la Famille de Fontenailles[7]/ Le jeune abbé, qui se qualifiait aussi conseiller et aumônier du roi, demeurait au Château de la Feuillée en 1585.
Guerres de religion
Les amis et les serviteurs de Charles du Bellay, qui étaient dirigés[8] par René du Bellay, seigneur de la Palu, tenaient énergiquement la région pour la Ligue.
Cette résistance finit par émouvoir le gouverneur de Lassay[9], Claude de Chauvigné, et le procureur du roi, qui chargèrent Jean Challière, sergent royal, de procéder à une information « à l'encontre de chascun de nobles Charles du Bellay, seigneur de la Feuillée et du Boys-Thébault, et noble René du Bellay, seigneur de la Palu, son frère, sur ce que l'on disoit que, nonobstant l'ordonnance et édict du roy, depuis cinq ou six mois aincza le dit sieur de la Palu et le dit sieur de la Feuillée ont tousjours tenu au chasteau du Boys-Thébault pour les princes de l'Unyon qui tiennent le party contraire au roy »[10].
Le jeune abbé de Fontaine-Daniel, au lieu de résider dans son monastère[9], était venu s'établir au Bois-Thibault, et tandis que son frère aîné était réfugié en Bretagne, il avait fait de ce manoir le quartier général des ligueurs dans la contrée. Il était l'âme de la résistance de ceux-ci contre la domination d'Henri IV, et c'est lui sans nul doute qui, par ses menées, avait poussé « par deulx foys » les « seigneurs et peuple » des environs à venir mettre le siège devant la forteresse où, tout près de là, commandait le gouverneur royaliste Claude de Chauvigné[11]. Transformé ainsi en centre de résistance contre l'autorité royale, le Bois-Thibault avait fini par exciter à un si haut point les inquiétudes non seulement de Claude de Chauvigné, mais même du gouverneur de Mayenne, Arnault de Beauville, seigneur de l'Estelle, que celui-ci avait cru indispensable d'en aller faire le siège avec un petit corps de troupes et du canon[9][12].
Adelstan de Beauchêne, Le Bois-Thibault : , Étude Historique & Archéologique, Laval, – Imprimerie-Librairie Ve A. Goupil, (lire en ligne).
Manuscrit du XVIIe siècle« Histoire généalogique de la maison du Bellay, où les vies des plus illustres personnages de cette maison sont rapportées et quelques-uns de leurs portraicts representez en taille doulce » ... ; avec « la pluspart des généalogies des maisons alliées... » et « la veritable histoire du royaulme d'Ivetot..., le tout justifié tant par l'histoire que par chartes... », de Louis Trinquant est présent à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, sous la côte Manuscrit 537[13]. Il s'agit d'une des sources principales de toutes les biographies de la famille du Bellay. Une copie de ce manuscrit est disponible à la Médiathèque Toussaint d'Angers, sous la côte Manuscrit 1191[14].
↑c'est Charles du Bellay qui, en mars 1585, présente à la nomination de l'évêque du Mans un nouveau titulaire pour la chapelle Sainte-Catherine, fondée et desservie au manoir du Bois-Thibault.
↑Jean Orry, qui résignait au jeune clerc, n'était d'ailleurs qu'un abbé fiduciaire, qui dut même procéder plus tard pour se faire servir la pension qu'on lui avait promise.
↑« Soy estant donc transporté en premier lieu en l'église d'icelle abbaye, ledit du Bellay s'est agenouillé devant le grand autel et faict son oraison et prière à Dieu ; est allé baiser icelluy autel, sur lequel a trouvé plusieurs doubles ou deniers d'offrandes estans jusques à la valeur de cinq sols ; s'est semblablement transporté à tous les autres autels ; a faict sonner les cloches d'icelle église pour assembler et convoquer tous les religieux d'icelle, auxquels a esté par ledit sieur du Bellay déclaré que ce qu'il faisoit estoit signe pour acte possessoire ; et par frère Jehan Congnée, docteur, prieur claustral, estant ledit sieur du Bellay à genoux en présence des dits religieux au grand autel, ont esté représentés les livres des sainctes évangiles, et admonesté qu'il eust à garder inviolablement les droicts et privilèges de l'ordre. » On visita ensuite les lieux claustraux, le dortoir, la chambre, la librairie.
↑L'information en question eut lieu à Lassay, le 20 mai 1590. Michel Fourault, sieur de la Bretonnière, et Me Michel Gohier, prêtre, y firent des dépositions intéressantes. Voici ces dépositions : « Honneste homme Michel Fourault, sieur de la Bretonnyère, serviteur domestique du sieur de l'Estelle, gouverneur pour le roy en la ville et chasteau de Mayenne, âgé de 24 ans ou envyron, déposant, à nous produit et faict jurer de dire et rapporter vérité pour la part du dit sieur de Chauvigné, gouverneur pour le roy au chasteau de Lassay, et de Monsieur le procureur du roy à l'encontre de René du Bellay, sieur de la Pallu, dépose par son serment bien congnoistre les dites partyes, et a bonne congnoissance que le sieur de la Feuillée est seigneur du Boys-Thébault et du Couldray et qu'il est de la Ligue et tient pour les princes de l'Unyon. Dist avoir bonne souvenance qu'il y aura mercredy prochain trois sepmaines, comme le déposant estoit prisonnier ès mains des gens du dit sieur de la Feuillée au lieu du Couldray, il vist que le dit sieur de la Palu arriva au dit lieu du Couldray et entra en une chambre en laquelle le déposant estoit prisonnier, ayant le dit sieur de la Palu une espée à la maing, et lors icelluy sieur de la Palu dist au déposant ces mots : « A qui es-tu, mordieu? N'es-tu pas à Monsieur de l'Estelle ? Tu es huguenot ; je te ferai pendre. » Et sur ce le déposant dist qu'il estoit catholique. A quoy le dit sieur de la Palu dist ces mots : « Mordieu, n'es-tu pas à l'Estelle ? » parlant au déposant. Ce faict le dit sieur de la Palu sortit de là dite chambre. Dict que le sieur d'Abatant, qui estoit là présent, dist que le déposant n'auroit point de mal. Et est ce qu'il dépose, et a dict ne sçavoyr signer. « Me Michel Gohier, prêtre, demeurant au lieu de la Maisonneuve, paroisse de Saincte-Marie-du-Boys, âgé de 25 ans ou environ, tesmoin produict, reçeu et faict jurer de dire et rapporter vérité pour la part du dit sieur de Chauvigné et du dit sieur procureur du roy, à l'encontre du dit sieur de la Feillée et du dit sieur de la Palu son frère, dépose par son serment bien congnoistre les partyes, et dict avoyr bonne congnoissance que le dit sieur de la Palu et et le dit sieur de la Feillée tiennent pour les princes de l'Unyon contre le roy, et que le dit sieur de la Palu demeure au chasteau du Boysthébault, fors qu'il ne l'y a poinct veu depuys Pasques dernières passées. Dict oultre que depuys dix moys aincza il a tousjours demeuré avec les dits sieurs de la Feillée et de la Palu au dit lieu du Boys-Thébault, et qu'il déposant fut prins prisonnier en la ville de Mayenne, lorsque le roy y estoit, et estant sorty de la dite prinson retourna au dit chasteau du Boys-Thébault avec le dit sieur de la Palu, où il a tousjours esté jusques a depuys quinze jours aincza. Oultre dict estre bien certain que le dit chasteau du Boys-Thébault tient pour la Ligue et princes de l'Unyon. Le sçait pour avoyr tousjours veu Jacques Dupont, Mathurin Méraut, Jehan Dudouet, Me Mathurin Bilheust et plusieurs aultres estant au dit chasteau crier vulgairement à haulte voix, disant ces mots : « Vive la Ligue ! Vivent les princes de l'Unyon! » Davantaige dict avoyr bonne congnoissance que tous les serviteurs du dit sieur de la Feillée, et aultres soldats qui tiennent pour l'Unyon, se retirent et sont les bienvenuz au dit chasteau du Boys-Thébault ; est ce qu'il dépose » (Archives du Château de Lassay, fonds du Boisfroust).
↑Voir aux Arch. du château de Lassay, dans le fonds du Bois-froust, un mémoire très curieux rédigé par Claude de Chauvigné sur la façon dont le château confié à sa garde était tenu contre les ligueurs.
↑C'est ce que nous apprend le journal de Macé de L'Estang, à la date du . « Le dit jour on battoit la maison du Boys-Thébault, et estoit devant le sieur de Estelle, et furent beaucoup blessés de sa compagnie : le dit jour estoient dedans la maison du Boys-Thébault le curé de Thubœuf, le curé de Lassay, et aultres ». Puis le curé ligueur ajoute : « Et le samedy le siège fut levé à la confusion de l'Estelle ». (C'est peut-être de ce siège que date la grande brèche qu'on voit dans la muraille de la partie nord du château, entre les deux tours).