Sociologie critique de la psychiatrie et de la prise en charge des malades mentaux
Dans les années 1970 et au début des années 1980, il s'intéresse à la psychanalyse et à la psychiatrie, ainsi qu'au traitement et à la prise en charge des malades mentaux, en établissant une sociologie critique de ces questions et en se rapprochant de Michel Foucault[4], dont il reprendra l'approche généalogique. Ces recherches aboutiront à une thèse d'État ès lettres et sciences humaines, soutenue en 1980. Il est à l'origine de la constitution du Groupe d'analyse du social et de la sociabilité (GRASS)[5].
Apport à la sociologie et à l'histoire du travail
Dans les années 1980 et 1990, il s'intéresse au travail, en relation avec les transformations de l'emploi, l'intervention sociale et les politiques sociales. Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS)[4] à partir de 1990 et directeur du Centre d'étude des mouvements sociaux (EHESS-CNRS) jusqu’en 1999, ses ouvrages, depuis Les métamorphoses de la question sociale, analysent la constitution de la société salariale, puis son effritement à partir du milieu des années 1970 et ses conséquences : l'exclusion (ou plutôt ce qu'il appelle la désaffiliation), la vulnérabilité et la fragilisation qui frappent les individus « par défaut ». Il veut ainsi comprendre comment le salariat, qui fut d'abord une position méprisée, s'est petit à petit imposé comme modèle de référence et s'est progressivement associé à des protections sociales, et à la notion de propriété sociale, créant un statut constitutif d'une identité sociale qui sera ensuite mise en question par les transformations sociales qui auront lieu après la crise des années 1970[6].
Ses œuvres les plus récentes constatent la montée croissante des incertitudes et des risques dans les sociétés contemporaines, conséquence du passage à un nouveau régime du capitalisme auquel la précarité croissante serait consubstantielle[7].
Filiation
Dès la sortie de son ouvrage Les métamorphoses de la question sociale : une chronique du salariat, il devient une référence pour les chercheurs qui s’intéressent à l’emploi, aux politiques sociales ou à l'État[8]. Par la suite, il est attentif à la réception de ses publications, examine les réactions et apporte des précisions ou des compléments[2].
Publications
Le psychanalysme : l'ordre psychanalytique et le pouvoir, Éditions Maspero, Paris, 1973 (rééditions 10-18, 1976 et Champ-Flammarion, Paris, 1981).
La discrimination négative, Paris, La République des idées/Seuil, 2007.
Présentation du livre Asiles : études sur la condition sociale des malades mentaux de Erving Goffman, Les éditions de Minuit, 2007.
La montée des incertitudes : travail, protections, statut de l'individu, Paris, Éd. du Seuil, 2009.
Nous avons quelque chose à vous dire... Paroles des jeunes des quartiers, Paris, L'Harmattan, 2010 (avec J.-L. Reiffers, et avec la participation de S. Menu).
avec Gabriel Kessler, Denis Merklen et Numa Murard Individuación, precariedad, inseguridad. ¿Desinstitucionalización del presente?, Barcelona, Buenos Aires, Mexico, Editorial Paidós, 2013, 176 p. (ISBN978-950-12-6586-6)
« Le travail au long cours. Entretien avec Robert Castel », in Vacarmes, 40, , p. 4-12, [lire en ligne].
↑« Robert Castel (1933-2013) », Vie sociale, , p. 7-9 (lire en ligne [htm, pdf], consulté le )
↑Serge Paugam, « Robert Castel, L’insécurité sociale. Qu’est-ce qu’être protégé ? », Sociologie du travail, vol. 46, no 4, , p. 529–531 (ISSN0038-0296, lire en ligne, consulté le )
↑Emmanuel Pierru, « Filiations de Robert Castel », La Vie des idées, (lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
Édouard Gardella et Julien Souloumiac, Entretien avec Robert Castel, Tracés. Revue de sciences humaines et sociales, no 6 , p. 103-112, [lire en ligne].
Pierre Chaillan, (entretien) « Robert Castel : "je pense que l’individu est un sujet social", dernière rencontre avec le penseur de la "question sociale" », L'Humanité, , [lire en ligne].
Michel Chauvière, « La question du contrôle social chez Robert Castel », Sciences et actions sociales, 2017, 6, p. 132–143, [1]