Ruth S. DeFries, née le , est une écologue et géographeaméricaine spécialisée dans l'environnement. Elle utilise la télédétection pour étudier l'habitabilité de la Terre sous l'influence des activités humaines. Avec son équipe, elle met au point une nouvelle méthode de suivi de la déforestation qui fait aujourd'hui autorité. Ses travaux sont récompensés de nombreux prix, dont la bourse MacArthur 2007 et le prix Marsh de la British Ecological Society en 2021.
Ruth DeFries s'est spécialisée dans la déforestation tropicale (Afrique centrale, Asie du Sud-Est et Amazonie brésilienne) et son impact sur les émissions de carbone dans l'atmosphère[2]. De manière classique, la déforestation est calculée grâce aux statistiques nationales sur le couvert forestier et avec des images satellites de faible résolution[6]. Ruth DeFries et son équipe propose la cartographie de la couverture terrestre à l'échelle du paysage[7]. Ce dernier est vu comme un continuum, plutôt que comme des catégories distinctes de forêts[8]. Cette méthode modifie profondément les recherches sur les écosystèmes et améliore les projections sur les futurs changements climatiques[9]. Elle permet de mieux comprendre l'impact des activités humaines sur l'habitat et la biodiversité[10]. Cette technique est utilisée dans la surveillance et la protection des ressources naturelles par les politiques publiques[11]. Ruth DeFries est récompensée en 2007 par le prix MacArthur pour ces travaux[6],[12].
Afin de réduire la déforestation et les émissions de carbone, l'approche de l'économie des terres vise à intensifier et d'augmenter le rendement agricole[13]. Ruth DeFries étudie ses conséquences sur le terrain et montre que dans l’État du Mato Grosso au Brésil, grâce aux politiques et des crédits, la production agricole s'est faite sur des terres déjà défrichées. Au contraire, dans l'ouest de l'Amazonie péruvienne, les grandes plantations industrielles s'installent en défrichant des forêts anciennes plus simples à gérer en termes de droit foncier ; les petites plantations à plus faible rendement s'installant sur les terres déjà défrichées. Elle montre que la politique et la culture sont structurantes dans ce domaine[14],[15].
Son équipe trouve également que depuis le 21e siècle, la croissance urbaine est corrélée avec une hausse de la déforestation : en cause la hausse du niveau de vie ainsi que celle des exportations[16],[17].
Son travail de vulgarisation passe par la rédaction de plusieurs articles[18],[19],[20] et par des réponses aux sollicitations des médias[21]. Elle publie plusieurs livres de vulgarisation sur le développement durable qui lui valent la reconnaissance du WWF[22]. Elle y développe ses recherches sur la nature, notamment comment l'investissement dans la diversité, dans la redondance plutôt que dans l'efficacité, les retours auto-correctifs et les décisions qui s'appuient sur des connaissances ascendantes permettent d'être plus résilients dans les crises[23],[24],[25],[26].
Ruth DeFries fait partie des Science moms (mamans scientifiques), un groupe de femmes scientifiques qui sont aussi mères de famille[30]. Impulsé par Katharine Hayhoe et Joellen Louise Russell(en) il vise à aider d'autres mères à répondre à leurs questionnements sur le changement climatique et à les former[31]. En permettant aux femmes d'avoir accès à l'information scientifique, Science moms vise au empowerment (encapacitation) et à faire peser les voix des mères dans les politiques environnementales[32].
Distinctions
Membre de l'Académie américaine des sciences depuis 2006[2] ;
Intergovernmental Panel on Climate Change, Climate Change 2013 – The Physical Science Basis: Working Group I Contribution to the Fifth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change, Cambridge University Press, (ISBN978-1-107-05799-9, DOI10.1017/cbo9781107415324, lire en ligne), chap. 6 (« Carbon and Other Biogeochemical Cycles »)
(en) G. R. van der Werf, J. T. Randerson, L. Giglio et G. J. Collatz, « Global fire emissions and the contribution of deforestation, savanna, forest, agricultural, and peat fires (1997–2009) », Atmospheric Chemistry and Physics, vol. 10, no 23, , p. 11707–11735 (ISSN1680-7316, DOI10.5194/acp-10-11707-2010, lire en ligne, consulté le )
M. C. Hansen, R. S. Defries, J. R. G. Townshend et R. Sohlberg, « Global land cover classification at 1 km spatial resolution using a classification tree approach », International Journal of Remote Sensing, vol. 21, nos 6-7, , p. 1331–1364 (ISSN0143-1161, DOI10.1080/014311600210209, lire en ligne, consulté le )
(en) Stephen R. Carpenter, Harold A. Mooney, John Agard et Doris Capistrano, « Science for managing ecosystem services: Beyond the Millennium Ecosystem Assessment », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 106, no 5, , p. 1305–1312 (ISSN0027-8424 et 1091-6490, PMID19179280, PMCIDPMC2635788, DOI10.1073/pnas.0808772106, lire en ligne, consulté le )
↑ ab et c(en) « Ruth DeFries », sur www.macfound.org (consulté le )
↑« Maryland-Led Research Revises Estimates of Tropical Deforestation. », Ascribe Higher Education News Service, (lire en ligne, consulté le )
↑Véra Ehrenstein, « Géopolitique du carbone : L'action internationale pour le climat aux prises avec la déforestation tropicale », Thèse de doctorat, Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris, , p. 254-256 (lire en ligne, consulté le )
↑« Ruth DeFries », sur www.nasonline.org (consulté le )
↑« 'Genius' rewarded: Hopkins physician, UM geographer are among 24 awarded $500,000 MacArthur grants for research. », Baltimore Sun, (lire en ligne, consulté le )
↑(en) Martin Delaroche, « Policy change or values change? The evolution of the environmental behavior of large-scale soybean producers in Mato Grasso, Brazil », Thèse de doctorat, Université Sorbonne Paris Cité ; Indiana university (Bloomington, Indiana), , p. 12 (lire en ligne, consulté le )
↑(en-US) Ruth DeFries, « Nature’s Guide to Building Resilient Systems », Wall Street Journal, (ISSN0099-9660, lire en ligne, consulté le )
↑(en-US) « Opinion | The Amazon is in flames. But Brazil’s past can show the path forward. », Washington Post, (ISSN0190-8286, lire en ligne, consulté le )
↑(en-US) « Especially at Thanksgiving, a sustainable meal is about more than carbon emissions », Washington Post, (ISSN0190-8286, lire en ligne, consulté le )
↑(en-US) John Hawks, « Book Review: 'The Big Ratchet' by Ruth DeFries », Wall Street Journal, (ISSN0099-9660, lire en ligne, consulté le )
↑« An Ecomodernist Manifesto », ecomodernism.org (consulté le ) : « A good Anthropocene demands that humans use their growing social, economic, and technological powers to make life better for people, stabilize the climate, and protect the natural world. »
↑Eduardo Porter, « A Call to Look Past Sustainable Development », The New York Times, (lire en ligne, consulté le ) :
« On Tuesday, a group of scholars involved in the environmental debate, including Professor Roy and Professor Brook, Ruth DeFries of Columbia University, and Michael Shellenberger and Ted Nordhaus of the Breakthrough Institute in Oakland, Calif., issued what they are calling the "Eco-modernist Manifesto." »
↑« Authors An Ecomodernist Manifesto », ecomodernism.org (consulté le ) : « As scholars, scientists, campaigners, and citizens, we write with the conviction that knowledge and technology, applied with wisdom, might allow for a good, or even great, Anthropocene. »