SolidarismeLe solidarisme[1] est une philosophie politique défendue par le député français radical Léon Bourgeois, qui développe ce courant de pensée en 1896 dans son ouvrage Solidarité[2]. La philosophie de la solidarité selon Bourgeois peut favoriser la construction « d'une République de la main tendue contre le poing fermé, de la mutualité règle suprême de la vie commune contre la charité réduite à une pitié agissante ». C'est au nom de la solidarité qu'il défendra le principe de l'impôt sur les successions, de l'impôt sur le revenu et la mise en place d'une retraite pour les travailleurs[3]. Finalité de la philosophie solidaristeLe solidarisme va irriguer tout le XXe siècle car il imprègne les réalisations pratiques de la IIIe République et réapparaît avec le programme du Conseil national de la Résistance à la Libération même si désormais son substrat politique lié au parti radical s'est effacé. Le système français de redistribution par l'impôt provient du programme solidariste[4], notamment l'impôt sur le revenu (mis en place en 1914 en France) ainsi que la protection sociale, déjà proposés par Léon Bourgeois. Le contenu du solidarismeLes bases théoriques de cette nouvelle doctrine politique sont la théorie de la « dette sociale » et du « quasi-contrat »[5]. L'effet du solidarismeLes mesures législativesLes solidaristes comptent parmi les défenseurs de nombreuses propositions de lois, dont certaines furent adoptées[6] :
Les autres formes de solidarismeLe solidarisme catholiqueHors de France, le solidarisme républicain initié par Léon Bourgeois eut moins de succès. Néanmoins, en Allemagne, un autre solidarisme apparut à la même époque[7]. Selon von Mises, pour les solidaristes, ce sont « des prescriptions morales, l’amour du prochain, [qui] doivent déterminer les individus à remplir leur devoir social »[8]. Représentée notamment par le jésuite Heinrich Pesch, puis par Oswald von Nell-Breuning, cette école marqua la doctrine sociale de l'Église catholique et posa les bases de la démocratie chrétienne en Europe[9]. Le solidarisme d'extrême droiteComme le note le chercheur Nicolas Lebourg, le solidarisme à l'extrême droite semble davantage relever d'un opportunisme idéologique plutôt que d'un engagement profond[10]. L'extrême droite en tant que forme atténuée[11],[12] du fascisme reprend ainsi dans les années 1960-1970 en Europe certains aspects de la conception fasciste de la solidarité qu'elle mélange avec des éléments du solidarisme français[13]. Comme le note le chercheur Steinar Stjernø, la conception de la solidarité telle qu’Hitler l’explicite lors de son discours du congrès du NSDAP de 1936 est basée sur une vision caricaturale de la Gemeinschaft où l’individualisme et la diversité des origines ethniques sont des ennemis de la solidarité communautaire[14]. Depuis cette perspective, réaliser la solidarité signifie dépasser les conflits qui traversent le peuple en supprimant les désaccords afin de réaliser la volksgemeinschaftlicher Solidarität. Dans les années 1930, en Belgique, Joris Van Severen fonda un parti, le Verdinaso, dont l’idéologie était dite « national-solidariste ». Il s’agissait d’un parti nationaliste flamand, autoritaire et militariste rejetant le marxisme et le capitalisme international. Il était relativement proche, idéologiquement, du NSDAP ou du Parti fasciste italien[15]. En France, c’est à partir de 1967 que se forma un courant dit « solidariste », à l’extrême droite de l’échiquier politique, bien que ses membres réfutaient ce positionnement et se disaient en dehors du clivage droite-gauche. Ils refusaient le matérialisme et s’opposaient aussi bien au « marxisme totalitaire » de l'URSS qu’au « capitalisme international » des États-Unis[16]. En 1975, l’Union solidariste fut notamment créée autour de Jean-Pierre Stirbois et Michel Collinot. Ses militants venaient en partie du Mouvement solidariste français (MSF) et du Mouvement jeune révolution (MJR), lui aussi « solidariste ». Le discours du parti incluait la défense des travailleurs[17]. En 1977, l’Union solidariste rejoignit le Front national dont Jean-Pierre Stirbois devint secrétaire général en 1981, où il maintint une tendance dite « solidariste ». En dehors du FN, le solidarisme continue d'être représenté par le Groupe action jeunesse (GAJ), dont le bulletin, sous la direction de Jean-Gilles Malliarakis, prend en 1977 le titre de Jeune nation solidariste : en 1979, le GAJ est remplacé par le Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR), qui continue à se réclamer du solidarisme, et cède ensuite lui-même la place à Troisième voie qui finit par éclater en 1991. Le solidarisme d'extrême droite fait partie des mouvances rattachées au nationalisme révolutionnaire[18]. Critiques du solidarismePour Ludwig von Mises, le solidarisme consiste en l’abolition de la propriété, puisque le propriétaire ne peut faire ce qu’il veut de ses biens ; on lui ôte la disposition de sa chose. Il s’agit d'une doctrine qui « croit être foncièrement différente du socialisme d'État » alors qu’en réalité, elle possède le même idéal. Il classe ainsi le solidarisme comme un « pseudo-socialisme »[8]. Voir aussiBibliographie
Articles connexesNotes et références
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Bibliographie complémentaire
Ouvrages d'auteurs solidaristes :
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