Elle est une disciple de James Ensor dont elle peint le portrait en 1925, avec en arrière plan son tableau L'Entrée du Christ à Bruxelles. À son tour James Ensor réalise en 1938, le sien, Peintres aux Prises dans lequel elle figure, pinceau à la main, lui-même figurant sur la toile, en bas à droite[4].
Après plusieurs expositions à Bruxelles, notamment à la Galerie Manteau (1931) et à la Galerie Georges Giroux (1933), elle s'installe à Paris au début des années 1930. Elle y rencontre, à la Brasserie Le Dôme, le poète et peintre italien Bruno Capacci (Venise 1906 - Bruxelles 1996) qu'elle épouse et avec qui elle vit à Montmartre[4]. Les deux artistes s'influencent et se soutiennent mutuellement[2].
Suzanne Van Damme collabore avec des poètes surréalistes comme Paul Colinet, Marcel Lecomte, Henry Bauchau, etc. qui lui dédicacent régulièrement dédiés leurs poèmes. Ses tableaux montrent l'influence de ces œuvres littéraires[4]. Les invités du vent (1945), par exemple, montre des démons à la manière de Jérôme Bosch flottant dans un ciel de rêve bleu azur et aqueux[2].
André Breton photographie une grande partie de ses tableaux surréalistes[5]. Son tableau, Couple d’oiseaux anthropomorphes (1946), deux figures d'oiseaux hybrides anthropomorphes, très contrastées, montre une interprétation fantastique du surréalisme[6],[7]. Ses tableaux de cette époque sont d'un grand raffinement et d'une élégance rare. Des réminiscences de Salvador Dali, mais aussi de Lucien Coutaud, la rattachent autant, voire davantage, à l'art fantastique qu'au surréalisme[8].
Elle participe en avec son mari à l'Exposition Internationale du Surréalisme organisée à la Galerie Maeght par André Breton et Marcel Duchamp[9],[4].
Ses dessins et ses peintures se développent alors, autour de figures féminines, dans un climat onirique.
Elle vit dans le sud de la France, à Londres, puis, à partir des années 1950, à Florence, où elle se tourne vers l'abstraction. Elle développe ensuite une écriture graphique, dont l'alphabet est plein de signes et de symboles, mélange de calligraphie japonaise et de hiéroglyphes égyptiens en noir et blanc[4],[3],[2].
Son style change encore dans la dernière partie de sa carrière artistique. Elle peint de petites scènes abstraites aussi bien que figuratives, comme des idéogrammes, rassemblées en une sorte de grand patchwork. La plupart de ces toiles sont peintes en noir, brun et beige mais certaines ressemblent à des vitraux de bleu, de violet, de rouge ou d'orange, rayonnant d'une lumière intérieure pleine de mystère[4],[3].
Suzanne Van Damme décède à Ixelles le 11 janvier 1986[1].
Femmes aux pinceaux, Group 2 Gallery, Bruxelles, février-.
De Rubens à Michaux : la poésie du noir & blanc, Group 2 Gallery, Bruxelles, novembre-.
Surréalisme au féminin ?,Musée de Montmartre, Paris, avril-septembre 2023 - avec Meret Oppenheim, Leonora Carrington, Leonor Fini, Dora Maar, Jane Graverol, Rachel Baes e.a.[6]
Jean-Henry Parize, Essai sur la Pensée et l'Art de Paul Valéry, dessin de Suzanne Van Damme, Paris, Richard-Masse, 1946.
Paul Colinet, Les Naturels de l'esprit, avec dix-huit dessins de Suzanne Van Damme, Paris, Fontaine, 1947 (ouvrage assorti du bandeau: « Je ne sais pas jusqu’à ce jour de collaboration plus exemplaire entre un poète et un artiste » - André Breton)[17].
↑Marcel Lecomte, Bruno Capacci, Gertrude O'Brady et Suzanne Van Damme, Photographies d'œuvres de Suzanne Van Damme, Gertrude O'Brady et Bruno Capacci (lire en ligne)
↑ a et bAlix Fave, « « Surréalisme au féminin ? » au musée de Montmartre », L'Eléphant. La revue de culture générale, (lire en ligne)
↑, Brussels Art Auction, Catalogue de la collection Gustave Van Geluwe, Bruxelles, 20 janvier 2015.
↑ Doris G. Eibl (Université d'Innsbruck), D'un art l'autre : la collaboration interartistique de Paul Colinet et de Suzanne Van Damme dans "Les naturels de l'esprit", communication au 9e Congrès international pour l'étude des rapports entre texte et image, Montréal, 26 août 2011.