Les torsades de pointe (ou de pointes, les deux orthographes étant employées[1]) sont un trouble du rythme d'origine ventriculaire identifié sur l'électrocardiogramme, secondaire à un trouble de la repolarisation ventriculaire. On observe alors sur l'électrocardiogramme une repolarisation retardée ou allongée, on parle d'allongement de l'intervalle QT, ou plus simplement de QT long.
Il existe deux types de torsades de pointe : les torsades à QT long et les tachycardies ventriculaires polymorphes à QT intercritique normal avec aspect de torsade.
Historique
La première description en a été faite par François Dessertenne(en), médecin français, en 1966[2]. L'expression « torsades de pointes » décrit son aspect sur l'électrocardiogramme et a été empruntée telle quelle par plusieurs langues (anglais, allemand, espagnol…).
Clinique
Le sujet peut être asymptomatique (ne présenter aucun signe clinique évocateur), il peut présenter des malaises, une syncope.
Ce trouble du rythme peut se traduire parfois d'emblée par une mort subite.
Électrocardiogramme
ECG pendant la crise
La torsade de pointes débute par une extrasystole ventriculaire précoce, survenant sur l'onde T (phénomène R/T), et survenue immédiate d'une succession rapide (180 à 200 par minute) de complexes QRS élargis d'amplitude fluctuante, décrivant classiquement une sorte de torsion autour de la ligne iso-électrique.
Les principales causes sont l'infarctus du myocarde la phase aiguë et les cardiopathies organiques chroniques le plus fréquemment d'origine coronarienne.
Évolution
Leur durée est brève (quelques secondes) et la résolution est généralement spontanée, mais les récidives sont fréquentes.
Le traitement est différent selon le type de torsades. On choisit le traitement des torsades de pointe à QT long en cas de doute. Le choc électrique externe est indiqué en cas de dégradation en tachycardie ventriculaire prolongée ou en fibrillation ventriculaire.
Traitement des torsades de pointe à QT long
Le traitement des torsades de pointe à QT long comprend :
Administration de chlorure ou de sulfate de magnésium par voie intraveineuse[12], quel que soit le niveau du magnésium sanguin. Le mécanisme curatif reste inconnu.
Accélération de la fréquence cardiaque par isoprénaline (Isuprel) intraveineux ou sonde d'entraînement électro-systolique afin de raccourcir artificiellement l'intervalle QT[13].
Recharge en potassium systématique sans attendre les résultats de l'ionogramme, sauf si elle est déjà connue comme normale ou augmentée.
La surveillance de l'intervalle QT sur l'électrocardiogramme reste le point crucial pour la prévention de la survenue des torsades de pointe[14].
Traitement des tachycardies ventriculaires polymorphes à QT normal
La prise en charge des tachycardies ventriculaires polymorphes à QT normal nécessite l'administration d'un antiarythmique de type I-A.
L'isoprénaline (Isuprel), indiquée dans le traitement des torsades de pointe à QT long, est strictement contre-indiqué dans le traitement des tachycardies ventriculaires polymorphes à QT normal.
Notes et références
↑L'usage des deux orthographes est attesté ainsi par les principaux manuels de cardiologie : Electrocardiographie clinique de Blondeau = sans S, principes de réanimation médicale de Kleinknecht = sans S, clinical cardiac electrophysiology de Josephson = sans S, Arythmie cardiaque de Grolleau = avec S, Heart disease de Braunwald = avec S, cœur et circulation de Bourdarias = sans S, encyclopédie médico-chirurgicale = sans S...
↑Dessertenne F, « La tachycardie ventriculaire à deux foyers opposés variables », Arch Mal Cœur Vaiss. 1966;59:263–272.
↑Yaron Arbel, Michael Swartzon et Dan Justo, « QT prolongation and Torsades de Pointes in patients previously treated with anthracyclines », Anti-Cancer Drugs, vol. 18, no 4, , p. 493–498 (ISSN0959-4973, PMID17351403, DOI10.1097/CAD.0b013e328012d023, lire en ligne, consulté le )