Trésor de Lyon-Vaise
Le trésor de Lyon-Vaise est un ensemble d’objets précieux du IIIe siècle de l’empire romain, trouvés à Lyon en 1992 et exposés au musée gallo-romain de Fourvière. Plus précisément daté d’après les monnaies qu’il comporte, ce trésor aurait été enseveli après 258 dans la crainte des raids barbares, peut-être lors du raid de 259. Outre les pièces de vaisselle, bijoux et monnaies qu'il contient, il a l'originalité d'inclure des statuettes en argent et acquiert ainsi une place à part dans l'ensemble des trésors du IIIe siècle. ContexteLe trésor de Vaise est un des nombreux dépôts monétaires découverts en Gaule datant du règne de Gallien et qui sont attribués à l'insécurité causée par les raids de pillage germaniques. Plus particulièrement, le trésor de Vaise pourrait être un dépôt caché lors du raid de 259/260[1]. Cette datation correspond aussi à l'épidémie majeure dite « peste de Cyprien » (251-260, probablement le typhus ou une fièvre hémorragique), qui a très fortement atteint les structures militaires, sociales et économiques de l'empire[2]. La découverteCe trésor a été découvert en mars 1992, dans le dernier mois[3] d'une fouille archéologique préventive[4] entreprise de août 1991 à mars 1992[3] en vue de la construction de la ZAC de Charavay[4] au quartier de Vaise[5], au nord de Lyon, proche de la Saône, en rive droite. Le site se trouve entre la rue du Chapeau rouge et la Grande rue de Vaise[4]. Dans les vestiges d’une vaste villa augustéenne (27 av. J.-C. - 14 apr. J.-C.), deux fosses voisines dans un angle de pièce contenaient chacune un dépôt d’objets précieux[6] :
La restaurationLe nettoyage des gangues de terre et des concrétions couvrant les objets a été réalisé par le centre de Recherches et d’Études archéologique de Vienne. Si les bijoux d’or ont rapidement été dégagés, les monnaies et la vaisselle d’argent ont requis des bains chimiques et un nettoyage minutieux sous loupe binoculaire. Le décapage et le remontage des statuettes qui sont en fine tôle d’argent ont été l’opération la plus délicate. Les bains électrochimiques et le nettoyage mécanique ont été complétés d’une consolidation par une résine époxy à l’intérieur des objets. Après réassemblage des fragments par soudure au plomb et obturation des lacunes, les surfaces ont été polies et vernies pour une meilleure présentation. Inventaire du trésorLes statuettesLes statuettes du trésor de Vaise sont toutes en argent et pour la plupart de thème religieux. Ce lot proviendrait soit d’un temple, soit d’une chapelle privée de la villa fouillée. Trois statuettes sont entières et remarquables par la qualité de leur facture, en tôle d’argent martelée, rehaussée d’une dorure sur le liséré des vêtements, les diadèmes et les fruits :
Les autres statuettes sont fragmentaires :
Le lot comporte enfin divers fragments : une aile de Victoire, deux bras de proportions dissemblables, un petit croissant.
Les bijouxLes bijoux, également remarquables, sont les suivants :
Par leur facture, ces bijoux sont classés comme des productions gallo-romaines du IIIe siècle. Une recherche sur l’origine des émeraudes du collier a abouti à un diagnostic inattendu. Chaque gisement d’émeraudes est identifiable par les impuretés incluses dans les pierres qui en proviennent. On supposait une provenance de Sinaï ou d’Asie centrale (Pakistan), origine courante pour l’époque romaine. Après examen de leurs inclusions, les émeraudes de Vaise se sont révélées extraites d’un petit gisement de Pannonie, (actuelle Hongrie), exploité à l’époque romaine et épuisé depuis.
La vaisselleElle se compose de 14 cuillères, d’une coupe et de deux petits plateaux ronds, en argent, dont l'un porte un graffiti au revers : p(ondo) semis uncia scripula (quinque), signifiant un poids de 183g[7]. L’intérieur de la coupe est décorée en son centre d’une scène gravée : Mercure portant le caducée sacrifie sur un petit autel, entouré d’un bélier, d’un coq, (animal associé à Esculape), et d’une tortue. Les monnaiesLes 81 monnaies romaines d’argent, à savoir 29 deniers et 52 antoniniens, sont des émissions allant de Vitellius (69) aux règnes conjoints de Valérien et de Gallien (253-260), avec un grand nombre (33 antoniniens et un denier) datant de Caracalla. Plus de la moitié, 43 sur 81, sont d'époque sévérienne, entre 201 et 218, ce qui pourrait venir d'une distribution impériale aux soldats[8]. Parmi les plus récentes, quatre antoniniens ont été frappés en 258 dans l’atelier monétaire de Cologne. L'ensemble des pièces représente en valeur l'équivalent de cinq pièces d'or et demi ou deux mois de solde d'un légionnaire au moment de leur enfouissement[9]. L’ancienneté de certaines monnaies du Ier siècle et du IIe siècle traduit une thésaurisation sur plusieurs générations de pièces anciennes ou rares. Plusieurs ont été frappées avec le même coin , et présentent très peu d'usure, indice d'une thésaurisation lors de leur distribution[9]. Notes et références
Voir aussiBibliographie
Articles connexesLien externe
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