Travail, Famille, Patrie
Travail, Famille, Patrie est la devise officielle de l'État français pendant la période dite du régime de Vichy. Cette devise figure notamment sur les pièces de monnaie de cette époque. Elle remplace la devise républicaine Liberté, Égalité, Fraternité. OriginesDès 1933, la devise « Travail, Famille, Patrie » avait été celle des Croix-de-Feu nationalistes puis, après dissolution, du Parti social français (PSF, droite) qui leur succèdent, fondés par le colonel de La Rocque[1]. Les trois termes se trouvaient déjà dans le slogan « Patrie, famille, travail » lancé en 1902 par le syndicaliste jaune Paul Lanoir au sein de la Fédération nationale des Jaunes de France[2]. Malgré l'antériorité des différents usages, la devise est parfois attribuée à Emmanuel Berl[3]. InstaurationLa loi du accordait au maréchal Pétain les pleins pouvoirs pour rédiger une constitution devant être soumise à l’approbation de la nation et garantissant « les droits du Travail, de la Famille et de la Patrie ». Cette Constitution ne fut jamais promulguée. Dans la Revue des deux Mondes du , le maréchal Pétain écrit cette interprétation de la devise de la République française « Liberté, Égalité, Fraternité » :
On a souvent écrit que ces trois mots caractérisaient bien la « Révolution nationale » entreprise par le régime de Vichy : on y retrouve en tout cas la philosophie de Gustave Thibon et la conviction, très répandue à l'époque dans toutes les idéologies antidémocratiques, que « la famille, la cité, la patrie » seraient non des constructions culturelles et historiques (donc susceptibles d'être débattues et modifiées) mais des « groupes naturels » c'est-à-dire indiscutables. Léon-Paul Fargue persifla cette devise en « Tracas, famine, patrouille ». RemarqueUne formule approchante figurait au paragraphe IV du préambule de la Constitution de 1848 sous cette forme :
Cela a justifié, chez des historiens comme Marc Ferro[5], l'opinion que
TravailLe , le maréchal Pétain instaure officiellement par la loi Belin le 1er mai comme « la fête du Travail et de la Concorde sociale »[6] : par son refus à la fois du capitalisme et du socialisme, le régime pétainiste recherche une troisième voie fondée sur le corporatisme, débaptisant la « fête des travailleurs » qui faisait trop référence à la lutte des classes[7]. Le , à l’initiative de René Belin, ancien dirigeant de l’aile anticommuniste de la CGT (Confédération générale du travail) devenu secrétaire d’État au travail dans le gouvernement de François Darlan, le jour devient férié, chômé et payé[8]. La radio ne manque pas de souligner que le 1er mai coïncide aussi avec la fête du saint patron du maréchal, saint Philippe. L’églantine rouge, associée à la gauche, est remplacée par le muguet. Déclarant refuser à la fois le capitalisme et le socialisme, le régime pétainiste affirmait rechercher une troisième voie fondée sur le corporatisme. Il parvient à séduire des représentants déçus du socialisme ou du communisme comme Marcel Déat ou Jacques Doriot, et obtient le ralliement de certains syndicalistes pour la rédaction d’une Charte du travail. Le gouvernement de Vichy instaure, en 1941, un système de retraites par répartition (qui était jusqu'alors par capitalisation), l'« allocation des vieux travailleurs salariés »[9],[10]. FamilleLe régime inscrit la fête des mères au calendrier. Il étend les allocations familiales aux non-salariés et les augmente pour les familles nombreuses. Il promeut une politique nataliste et économe avec la femme au foyer. PatrieBien que le nationalisme de Pétain se veuille le continuateur du nationalisme victorieux de 1918 et garde un certain degré de germanophobie de type maurrassien, cela ne l’empêche pas de collaborer avec le régime nazi, en occultant soigneusement l'annexion de l'Alsace-Lorraine par le Reich (qui n'est mentionnée sur aucune carte et dans aucun livre de géographie). Pétain n'avait pas d’antécédents pro-allemands ou anti-britanniques avant la guerre : au début de la guerre, il réaffirme à plusieurs reprises se considérer comme l'allié et l'ami de la Grande-Bretagne. Mais dans l'allocution radiodiffusée du , il reproche à Winston Churchill son discours du faisant suite à la signature de l'armistice[11], et à partir de ce moment, le régime développe une hostilité croissante envers les Alliés, notamment les Britanniques, qui se nourrit de la bataille de Mers el-Kébir et d'autres combats aux côtés de l'Axe (guerre de Syrie, guerre d'Afrique du Nord, guerre contre l'URSS, SS français). Notes et références
Article connexe
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