Elle est peuplée de 3 539 habitants[Note 1]. Comme le rappelle la deuxième partie de son nom, adjointe en 1962, la ville est connue pour son activité de dinanderie et de poêlerie. Elle abrite également une des cinq fonderies de cloches de France, ayant notamment fourni les cloches de Notre-Dame de Paris en 2013. Ces activités ont inspiré l'un des deux gentilés de la commune, les Sourdins, que le martelage répétitif du cuivre aurait pu rendre sourds.
Géographie
La rue du Docteur-Havard.
Villedieu-les-Poêles est au cœur du Bocage normand, aux confins des entités plus étroites que sont le Bocage virois, l'Avranchin et le pays saint-lois, sa situation dans l'arrondissement de Saint-Lô privilégiant un classement dans ce dernier pays. L'atlas de paysages de la Basse-Normandie classe la commune dans la partie sud de la « Manche centrale », caractérisée par un bocage fermé au faible relief[1]. L'agglomération est à 22 km au nord-est d'Avranches, à 26 km à l'ouest de Vire, à 29 km à l'est de Granville, à 33 km au sud-est de Coutances et à 35 km au sud de Saint-Lô[2].
Le territoire de Villedieu est dans le bassin de la Sienne qui traverse la ville. Si la majeure partie est dans le bassin direct, le sud des anciennes communes de Saultchevreuil et de Saint-Pierre-du-Tronchet est dans un vallon alimentant la Marchandière, ruisseau affluent de l'Airou qui conflue avec la Sienne à Ver, 15 km au nord-ouest.
Le relief de cette partie du Massif armoricain est assez marqué et offre certains points de vue pittoresques. Le point culminant (217 / 219 m) se situe au sud de Saultchevreuil, près du lieu-dit la Petite Brière sur une colline dont la base est 50 mètres plus bas. Le point le plus bas (98 m) correspond à la sortie de la Sienne du territoire, au nord.
La pluviométrie annuelle, assez élevée, avoisine les 1 200 mm[3].
En dehors de l'agglomération, les principaux lieux-dits sont, du nord-ouest à l'ouest, dans le sens horaire, les Chardonnets, les Hauts Bois, la Grange, les Grands Hauts Bois, la Pilière, le Caquevel, la Croix Marie, Village de Caquevel, la Davière, le Bas Caquevel, la Foulerie, Cité Saint-Étienne, Cité des Archers, la Martinière, la Gaillardière, la Froide Vallée, la Louisière, Saint-Pierre du Tronchet, les Monts, la Brurie, la Valette, les Cotils, le Gosnet, la Nélière, Beausoleil, les Pivents, Bellevue, la Hardonnière, la Petite Brière, Saultchevreuil-du-Tronchet, Fontenai, Cité le Mouël, Cité Napoléon, la Croix au Grand, la Ligotière, les Marais, les Terriers, le Grand Parc, l'Auberdière, la Lamberdière, la Corbisière[4].
Le nom de la localité est attesté sous les formes parrochia de Villa Dei en 1332[6], Villa Dei de Saltu Caprioli au XIVe siècle[7], la parroche de Villedieu de Chauchevrol en 1344[8], Villedieu entre 1612 et 1636[9], Villedieu bourg en 1713[10], Villedieu les Poeles entre 1753 et 1785[11], Villedieu en 1854[12], Villedieu-les-Poëles en 1874[13].
Pour le déterminant -les-Poêles, les formes anciennes montrent qu'il apparaît tardivement, au XVIIIe siècle [15], il a été officiellement ajouté en 1962[16], honorant l'activité emblématique de la ville liée à la poêlerie et à la dinanderie[Note 2].
Le gentilé est Sourdin ou Théopolitain. Le terme « sourdin » est lié à l'ancienne activité de dinanderie et de poêlerie dont le martelage répétitif des ais (flans) de cuivre, pour leur donner leur forme définitive, finissait par rendre sourds les habitants[17].
Micro-toponymie
Saultchevreuil-du-Tronchet, Saltchevrolt en 1049-1058[18] (commune absorbée en 1964) : pour René Lepelley, le toponyme est issu du latinsaltus, « bois », et chevreuil serait une altération de chevreau (il s'agirait donc d'un « bois aux chevreaux »)[19] ; pour Albert Dauzat et Charles Rostaing, il faut y voir plus simplement évoqué le saut d'un chevreuil[18].
Histoire
Les Hospitaliers
Terroir appartenant à l'origine à l'abbaye aux Dames de Caen, il n'existait pas de paroisse de Villedieu avant le premier tiers du XIIe siècle. Villedieu était alors une partie de la paroisse de Saultchevreuil appelé Siennestre. En 1130, le roi d'Angleterre et duc de Normandie Henri Ier Beauclerc donne quatorze acres en un lieu nommé Siennêtre aux Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, pour édifier leur commanderie de Villedieu-les-Saultchevreuil (anciennement Saucherelle)[20],[21]. Ces derniers y fondent un village, Villa Dei, qui devint Villedieu. La ville fut longtemps administrée directement par l'Ordre et les habitants ne payaient pas d'impôts.
Époque moderne
Place de la République.Coiffe de Villedieu-les-Poêles.
En 1944, les stratèges alliés décident de bombarder les villes situées sur un cercle autour des plages du débarquement pour gêner la progression des renforts allemands. Saint-Lô et Vire font partie du lot mais Villedieu est épargnée. La ville sera libérée le , près de deux mois après le début des opérations, par la 4e division d'infanterie américaine[23] à l'issue de l'opération Cobra.
Les armes de Villedieu-les-Poêles se blasonnent ainsi : Parti : au premier d'argent à la croix alésée de gueules, au second d'or aux dix-huit billettes de sable, ordonnées 4, 5, 4, 3 et 2, au chef d'azur chargé d'une croisette d'argent[25].
Ces armoiries sont une création librement interprétée à partir d'un vestige conservé à la mairie de Villedieu : une clef d'arc en granit armoriée et datée de 1696[26] provenant sans doute de l'ancienne commanderie, ou comme l'indique Édouard Le Héricher, de l'ancien Pont-de-Pierre, que fit réparer le commandeur de Rochechouart en 1696, en même temps que d'autres travaux faits dans « l'île Billeheust »[27]. La composition originale comprend deux écus ovales accolés. Le premier orné d'une croix. Le second de billette et d'un chef possédant une croix. Il s'agit en fait des deux écus accolés dont celles de frère de Rochechouart, commandeur de Villedieu à cette époque (de gueules à trois fasces nébulées d’argent, au chef de gueules à la croix d'argent). Sur la pierre armoriée, ces fasces nébulées sont nettement reconnaissables.
2e tour (58,01 % de votants) : Hervé Morin (Union de la droite) 49,43 %, Nicolas Mayer-Rossignol (Union de la gauche) 29,28 %, Nicolas Bay ([FN) 21,30 %.
Une partie des données est issue d'une liste établie par Jean Pouëssel et Thomas Digiaud[39].
L'hôtel de ville à l'époque de Pâques.
Le conseil municipal était composé de vingt-sept membres dont le maire et sept adjoints[40]. Ces conseillers intègrent au complet le conseil municipal de Villedieu-les-Poêles-Rouffigny le jusqu'en 2020, Philippe Lemaître devient maire délégué de Villedieu-les-Poêles et est élu maire de la commune nouvelle.
Fusions et changement de nom
En 1836, Villedieu absorbe une partie de la commune de Saint-Pierre-du-Tronchet (l'autre partie étant absorbée par Saultchevreuil-du-Tronchet).
En 1962, le nom de Villedieu est modifié officiellement en Villedieu-les-Poêles.
En 1964, Villedieu-les-Poêles absorbe la commune de Saultchevreuil-du-Tronchet (et, en conséquence, la totalité du territoire de l'ancienne commune de Saint-Pierre-du-Tronchet).
L'ancienne paroisse catholique de Villedieu-les-Poêles, qui était à l'origine de la commune actuelle, a été supprimée en 1995. Villedieu est devenu le chef-lieu de la nouvelle paroisse de Villedieu, et du doyenné. Les autres églises des anciennes paroisses ont conservé le titre d'églises paroissiales.
Démographie
En 2021, la commune comptait 3 539 habitants. Depuis 2004, les enquêtes de recensement dans les communes de moins de 10 000 habitants ont lieu tous les cinq ans (en 2004, 2009, 2014, etc. pour Villedieu-les-Poêles[41]) et les chiffres de population municipale légale des autres années sont des estimations[Note 3].
Villedieu-les-Poêles a compté jusqu'à 4 690 habitants en 1982.
Très tôt, l'activité de la Villedieu se tourna vers les métiers de la dinanderie et de la poêlerie, activités toujours vivaces à Villedieu, d'où l'ajout du déterminant toponymiques « les Poêles ». La fonderie Cornille-Havard est l'une des cinq fonderies de cloches de France.
Un marché se tient tous les mardis depuis 1147.
La flamme postale de la ville en 1983 représentait le clocher de l'église, un pichet et une cloche et citait les foires et les cuivres de la cité.
Les vieilles rues du bourg renferment de nombreuses maisons anciennes, des petites cours intérieures non visibles de la rue, telle la Cour du Foyer partiellement inscrite au titre des monuments historiques[47], la Cour des Trois Rois (probablement en référence aux Rois mages), la Cour du Dauphin, la Cour au Lys, la Cour de l'Enfer, la Cour ès Moines…
Patrimoine religieux
Église Notre-Dame.Église Sainte-Trinité de Saultchevreuil.
Presbytère construit en 1863, situé en face de l'église.
Église Sainte-Trinité de Saultchevreuil du XIIe siècle. Elle abrite une statuette de saint Céneri du XVIe siècle classée au titre objet aux monuments historiques[50].
Église de Saint-Pierre-du-Tronchet du XVIIIe siècle. Elle abrite une Vierge à l'Enfant du XVe siècle et une sainte Venice du XVIe classées au titre objet aux monuments historiques[51].
Fête communale : Le corso fleuri avec les miss tous les quatre ans (la dernière date de [55], l'édition 2014 a été annulée faute d'un nombre suffisant de chars[56]).
Tous les quatre ans, le 3e dimanche suivant la fête de la Pentecôte se situe cette grande manifestation qui existe depuis le [57].
Devant le développement de la religion protestante et le mouvement de la Contre-Réforme à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, se crée un peu partout en France des compagnies du Saint-Sacrement qui ont pour but d'organiser la Fête-Dieu.
Les chevaliers de Malte de l'ordre souverain de Malte ont gardé un contact toujours vif avec la cité normande en participant tous les quatre ans au « Grand Sacre », nom que porte la Fête-Dieu à Villedieu. Interrompue lors de la Révolution française, la cérémonie a repris ses droits depuis 1955. La ville est ce jour-là entièrement décorée et de nombreux chevaliers de Malte y sont accueillis pour une grande procession tout au long d'un parcours ralliant des reposoirs décorés et fleuris.
Personnalités liées à la commune
Alexandre de Villedieu (Villedieu, v. 1175 - 1240), poète et grammairien. Ses textes d'initiation grammaticale furent entre autres choisis pour les premières éditions de livres imprimés (incunables) au XVe siècle[58].
Villedieu-les-Poêles est citée par Rabelais dans son livre Gargantua comme une des trois villes d'où provient le cuivre utilisé pour les couverts du géant.
↑Dans le tableau des recensements et le graphique, par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu, pour les populations légales postérieures à 1999 de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique que les populations correspondant à l'année 2006, première population légale publiée calculée conformément aux concepts définis dans le décret no 2003-485 du 5 juin 2003, et les années correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population légale publiée par l’Insee.
↑Pouillé du Diocèse de Coutances, 1332, in Auguste Longnon, Pouillés de la Province de Rouen, Recueil des Historiens de France, Paris, 1903, page 348F.
↑Auguste Longnon, Pouillés de la Province de Rouen, Recueil des Historiens de France, Paris, 1903, page 592.
↑Léopold Delisle, Les actes normands de la Chambre des Comptes sous Philippe de Valois (1328-1350), Rouen, Le Brument, 1871, pages 321 et 180.
↑Jean Bigot, sieur de Sommesnil, État des paroisses des élections de Normandie, 1612/1636 [Paris BnF (Mss.), Français 4620].
↑Dénombrement des généralités de 1713 [Paris BnF (Mss.), Français 11385, f° 1 à 132].
↑Charles de Bourgueville, sieur de Bras, Les recherches et antiquitez de la province de Neustrie comme aussy de la ville et université de Caen, imprimerie Vincent et Jean Le Fèvre, Caen, 1588.
↑René Lepelley, Noms de lieux de Normandie et des îles Anglo-Normandes, Paris, Bonneton, , 223 p. (ISBN2-86253-247-9), p. 148.
↑André Davy, Les barons du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits et introuvables du patrimoine Normand », , 319 p. (ISBN978-2-91454-196-1), p. 108.
Daniel Delattre et Emmanuel Delattre, La Manche les 602 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, , 280 p. (ISBN978-2-9159-0709-4), p. 268-269.
René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN978-2-35458-036-0), p. 681.
Joseph Grente et Oscar Havard, Villedieu-lès-Poëles, sa commanderie, sa bourgeoisie, ses métiers, t. 1, Paris, Librairie Champion, , 355 p. (lire en ligne), 1900, t. 2, V, 618 & 148 p.