Élections générales uruguayennes de 2009
Le premier tour des élections générales uruguayennes a eu lieu le . Il a été remporté par le Front large (Frente Amplio, coalition de gauche), qui a obtenu 1 105 277 de voix, soit 47,96 % des suffrages, ce qui lui donne une majorité absolue au Congrès (16 sénateurs sur 30 et 50 députés sur 99). José Mujica (« Pepe »), l'ancien guérillero Tupamaro candidat du Front large pour la présidence, a remporté le second tour, le , avec 52,9 % des voix[1]), contre 42,9 % pour Luis Alberto Lacalle, l'ancien président candidat du Parti national (ou Parti blanco). José Mujica prendra ses fonctions le [2]. L'alliance, au second tour, du Parti blanco, du Parti colorado et du Parti indépendant, n'a ainsi pas suffi à bloquer la seconde victoire consécutive du Front large[3]. Avec Danilo Astori (Assemblée Uruguay, candidat du Front large à la vice-présidence et ministre de l'Économie du gouvernement Vázquez), José Mujica s'est rendu au Chili et au Brésil pendant la campagne, pour rencontrer respectivement Michelle Bachelet et Lula. Le colistier de Lacalle est Jorge Larrañaga, qui présida le Parti blanco de 2004 à 2008 et fut battu à l'élection présidentielle de 2004 par Tabaré Vázquez. Résultats
Second tourMalgré l'alliance des partis traditionnels (blanco et colorado), le candidat du Front large, José Mujica, l'a emporté contre le « nationaliste » libéral Luis Alberto Lacalle, avec 52,9 % des voix contre 42,9 %. Mujica s'est imposé dans les départements les plus habités d'Uruguay, en particulier le département de Montevideo (environ 1 million d'habitants pour une population totale de 2,5 millions d'habitants), où il a obtenu près de 59,5 % des voix, de Canelones, Salto, Paysandú et Soriano. Lacalle s'est imposé dans les autres départements[6], mais même dans ceux-là, le Front large a obtenu environ 11 % de suffrages en plus au second tour qu'au premier tour[7]. Dans le département de Montevideo, la formule Mujica-Astori l'a nettement emporté dans les quartiers populaires[8] : 628 votes contre 141 à Pajas Blancas (es); 4 202 suffrages au premier tour dans le quartier du Cerro (es), contre 1 150 pour les partis traditionnels; ou encore à Casabó; à La Teja, la gauche a triplé ses résultats par rapport à 2004; à Sayago, Mujica obtenait plus de 72 % des voix, et à Peñarol, autre quartier important pour le réseau ferroviaire, Mujica obtenait 65 % des voix. Au contraire, la droite fait le double de voix à Trouville et Villa Biarritz (quartiers de Montevideo), ainsi qu'à bon score à Carrasco (es), où se trouve la Rambla de Montevideo[8]. Par ailleurs, le Front large a aussi obtenu des bons scores parmi les classes moyennes[9]. RéférendumsDeux référendums furent organisés en même temps que le premier tour. Le premier, organisé à l'initiative des parlementaires du Front large, portait sur la possibilité de voter par correspondance pour les 600 000 émigrés uruguayens, qui n'ont pas le droit, aujourd'hui de voter[10]. Il n'obtint que 862 454 suffrages (37,42 %), soit moins que le seuil de la moitié des suffrages requis. Le second, un référendum d'initiative populaire organisé à l'instigation de la confédération syndicale PIT-CNT, du SERPAJ (Association Paix et Justice), de la FEUU (Fédération des étudiants universitaires d'Uruguay) et du Front large, portait sur l'abrogation de la Loi de Caducité de 1986[10], amnistiant les violations des droits de l'homme commis par les militaires pendant la dictature (1973-1985). Cette proposition fut rejetée, seuls 1 105 768 des Uruguayens (47,98 % des suffrages) ayant voté en sa faveur. Un référendum organisé en 1989 avait aussi échoué à abroger cette amnistie, considérée comme contraire au droit international par la Commission des droits de l'homme des Nations Unies. Les listes pour les sénatoriales et les législativesEn vertu de la ley de lemas modifiée par la réforme constitutionnelle de 1997, qui établit une sorte de scrutin proportionnel plurinominal (ou représentation proportionnelle à scrutin de liste), chaque parti ou coalition de partis présente une lema, ou liste, principale, qui peut être divisées en sublemas (sous-listes). Chaque électeur vote pour une sublema en particulier. Le résultat global d'une lema (de toutes les sublemas du groupe politique) est pris en compte en dernière instance pour le calcul des sièges de sénateurs et de députés, lesquels sont ensuite répartis par chaque groupe politique en fonction des scores proportionnels obtenu par chaque sous-liste. En d'autres termes, la lema ayant gagné le plus de votes est considérée victorieuse, les sièges accordés à celle-ci en fonction de son résultat étant ensuite redistribués entre toutes les sous-listes. Ce système peut conduire une sous-liste ayant eu moins de vote qu'une autre sous-liste, mais appartenant à la liste principale victorieuse, à obtenir plus de sièges que sa rivale. Il explique notamment la constitution de trois grands blocs politiques, le Front large, le Parti blanco et le Parti colorado, disposant chacun de tendances rivales qui présentent des sous-listes. Trois partis mineurs (le Parti des travailleurs, les Cuatro Puntos Cardinales, et les Comisiones Unitarias Antiimperialistas, COMUNA) n'ont pas obtenu assez de voix aux élections primaires de pour être autorisés à présenter des listes aux élections générales[11]. SondagesPrimaires et listes du Front largeLe Front large a présenté trois sous-listes principales pour lesquelles les électeurs pouvaient voter, qui sont des formes de coalitions au sein de l'alliance de gauche. Une fois de plus, le Mouvement de participation populaire (MPP, qui inclut le Mouvement de libération nationale - Tupamaros, MLN-T) s'est imposé comme la première force politique du Front large, qui a fait élire, au total, 16 sénateurs[12]. Le MPP a ainsi 6 sénateurs sur les 16 du Front large, et 25 députés sur les 50 du Front large, représentant à lui seul 1/5 du Sénat et 1/4 de la Chambre des représentants. Les 16 sénateurs du Front large6 sénateurs appartiennent à la liste 609 (Mouvement de participation populaire, etc.) : Lucía Topolansky (la femme de José Mujica), Eduardo Bonomi (ministre du Travail du gouvernement Vázquez), l'économiste indépendant Alberto Couriel, l'ingénieur agronome Ernesto Agazzi (ministre de l'Agriculture de 2008 à 2009), l'ancien blanco Jorge Saravia et la politologue Constanza Moreira. 5 sénateurs appartiennent aux listes 2121 – 99000 – 738 (Frente Líber Seregni) : Danilo Astori (avec comme suppléant Enrique Pintado, Astori ayant été élu au second tour vice-président), Rodolfo Nin Novoa, Rafael Michelini, Carlos Baraibar et Susana Dalmás. La liste 90, du Parti socialiste, a fait élire deux sénateurs, Daniel Martínez (ministre de l'Industrie de Vázquez) et Mónica Xavier. La liste 7 373, du CAP-L, a fait élire un sénateur, l'ancien Tupamaro Eleuterio Fernández Huidobro. La liste 77 (Axe artiguiste, centre-gauche) a fait élire un sénateur, Eduardo Rubio. Enfin, la liste 1 001 (Parti communiste) a fait élire un sénateur, Eduardo Lorier. Les listes proposées
Les listes proposées étaient les suivantes :
Les primaires au sein du Front largeAux élections internes de 2009, et entre autres en raison de l'impossibilité constitutionnelle pour le président de la République, Tabaré Vázquez, d'être réélu, les adhérents du Front large durent choisir entre José Mujica (MLN-T, mais démissionna en pour devenir le « candidat de tous les frenteamplistas »), Danilo Astori (Assemblée Uruguay, centre-gauche) et le maire de Canelones, Marcos Carámbula, ancien membre du Parti communiste qui avait quitté ce dernier en 1992 pour rejoindre la Confluencia Frenteamplista (Confa). Soutenu par le Mouvement de participation populaire (MPP), le CAP-L, le Parti communiste, le Compromiso Frenteamplista, le Parti pour la victoire du peuple (PVP) et le Parti pour la sécurité sociale, Mujica devança largement ses concurrents, obtenant 52,09 % des voix, contre 39,65 % pour Astori, soutenu par la tendance centriste (outre son parti, le Parti socialiste, le Nouvel espace et la majorité de l'Alliance progressiste) ; et 8,27 % pour Carámbula. Deux candidats potentiels, Daniel Martínez (Parti socialiste, ministre de l'Industrie de au ), et Enrique Rubio, abandonnèrent finalement la course aux primaires. Listes du Parti national (blanco)Le Parti blanco a présenté les listes suivantes pour les sénatoriales[15], réussissant à faire élire 9 sénateurs, 5 appartenant au courant de l'Unité nationale de Luis Alberto Lacalle et 4 à l'Alliance nationale de Jorge Larrañaga[12] :
Lacalle, battu au second tour par José Mujica, avait choqué lors de la campagne en affirmant qu'il fallait couper les dépenses publiques « à la tronçonneuse »[10]. Listes du Parti coloradoLe Parti colorado présenta deux sublemas principales pour le Sénat[19], réussissant à faire élire 5 sénateurs, dont trois appartiennent à la liste 10 menée par Pedro Bordaberry, et 2 à la liste 15 :
L'ancien président Jorge Batlle Ibáñez renonça à présenter une liste autonome. Listes du Parti indépendantLe Parti indépendant présenta deux listes pour les sénatoriales, mais n'a obtenu aucun siège. Il a cependant réussi à faire élire deux députés, Enrique Dieste à Canelones et Iván Posada à Montevideo.
Listes de l'Assemblée populaireL'Assemblée populaire présenta cinq listes pour les sénatoriales, avec l'objectif, déçu, d'obtenir un siège pour l'avocat travailliste et ancien sénateur Helios Sarthou, ancien membre du Mouvement de participation populaire et du Courant de gauche, qui avait quitté il y a peu le Front large.
Liste des députés élus par département et par partiSource [12].
Notes et références
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