Les élections législatives danoises de 2015 ont eu lieu le [1], pour élire les 179 membres du Folketing, le parlement danois, pour un nouveau mandat de quatre ans.
Selon la Constitution danoise, les élections législatives devaient se tenir avant le , étant donné que les élections précédentes se sont tenues le . Le Premier ministre pouvant néanmoins convoquer de nouvelles élections à tout moment, à moins que les dernières élections se soient tenues plus de quatre ans auparavant, Helle Thorning-Schmidt a annoncé le que les prochaines élections législatives seraient convoquées le 18 juin suivant[1].
Les 179 députés du Folketing sont élus au suffrage universel direct pour un mandat de quatre ans via un système électoral mixte associant un scrutin proportionnel plurinominal dans le cadre de circonscriptions associé à une répartition par compensation.
Jusqu'en , le Parti populaire socialiste était membre du gouvernement de coalition, avant de le quitter. La coalition connait également des relations tendues avec l'Alliance Rouge-Verte, devant négocier projet de loi par projet de loi, et préférant parfois coopérer avec la Venstre, parti pourtant plus à droite[4]. De façon symbolique, le député Frank Aaen, membre de l'Alliance Rouge-Verte, n'a ainsi adressé ses vœux pour la nouvelle année au ministre des Finances, Bjarne Corydon, que le , le gouvernement n'étant alors pas parvenu à rencontrer les dirigeants de son parti depuis le début de l'année 2013[4].
Un remaniement gouvernemental majeur a eu lieu le , lors du départ du Parti populaire socialiste, à la suite de la vente des actions de la société publique d'énergie DONG Energy à la banque d'investissement Goldman Sachs. Cela a déclenché une grave crise au sein du parti, et deux anciens ministres ont quitté le parti pour rejoindre les sociaux-démocrates, pour l'un, et le Parti social-libéral pour l'autre[5].
Les blocs dans la politique danoise ne sont pas des alliances à proprement parler, mais plutôt, plusieurs partis qui se rassemblent parce qu'ils ont des politiques plus ou moins similaires. Au Danemark, le Bloc rouge rassemblent les partis de gauche, tandis que le Bloc bleu rassemble les partis de droite. Les sondeurs utilisent tous ces classifications dans leurs coups de sonde.
Le gouvernement sortant de centre gauche essuie une défaite après une législature passée au pouvoir. Globalement, le « bloc bleu » (partis de droite) est majoritaire dans le pays, avec 52,3 % des suffrages exprimés, contre 47,7 % au « bloc rouge » (partis de gauche)[9].
Paradoxalement, le résultat est plutôt bon pour les Sociaux-démocrates du Premier ministre sortant, Helle Thorning-Schmidt : avec 26,3 % des suffrages exprimés, ils redeviennent la première force politique du pays, statut qu'ils avaient perdu lors des élections législatives de 2001. Ils enregistrent une modeste progression (+1,5 point) qui leur permet de mettre fin à un déclin électoral jusqu'alors sans interruption depuis ce même scrutin de 2001. Le partenaire de coalition des Sociaux-démocrates, le Parti social-libéral danois, subit en revanche une déroute, en perdant plus de la moitié des voix et des sièges qu'il avait gagnés en 2011. La chute est encore plus impressionnante pour le Parti populaire socialiste qui semble payer les frais de la première participation gouvernementale de son histoire (expérience interrompue en 2014 à la suite de différends avec ses partenaires de coalition) : il passe de 9,2 % à 4,2 % des suffrages exprimés, son plus mauvais résultat depuis 1977.
À l'inverse, la Liste de l'unité confirme et amplifie sa percée de 2011 en obtenant près de 8 % des suffrages exprimés, ce qui fait de ce parti de gauche radicale, soutien critique puis opposant au gouvernement lors du mandat d'Helle Thorning-Schmidt, la quatrième force politique du Danemark. À noter également l'apparition d'un nouveau parti de centre gauche, l'Alternative (4,8 %), mouvement fondé en 2013 par un ancien membre du Parti social-libéral se réclamant de l'écologie politique. C'est la première fois dans l'histoire du Danemark qu'un parti écologiste stricto sensu parvient à décrocher des sièges au Parlement.
À droite, le Parti populaire danois d'extrême droite confirme sa montée en puissance. Après avoir créé un séisme politique lors des élections européennes de 2014 en arrivant en tête avec 26,6 % des suffrages exprimés, il s'impose en deuxième place avec plus de 21 % des voix, devançant nettement le Parti libéral et devenant pour la première fois, la principale force politique du bloc bleu. Le Parti libéral doit lui se contenter de 19,5 %, soit une chute de sept points, son plus mauvais résultat à des élections législatives depuis quinze ans. La droite danoise poursuit donc sa recomposition, d'autant que l'Alliance libérale apparue en 2007 confirme son implantation avec 7,5 % des suffrages exprimés, tandis que le Parti populaire conservateur poursuit son déclin avec un résultat historiquement faible de 3,4 %.
Conséquences
Dans la foulée des élections, le leader du Parti populaire, Kristian Thulesen Dahl, refuse le poste de Premier ministre, qui est donc confié au leader des libéraux, Lars Løkke Rasmussen, déjà premier ministre de 2009 à 2011. Aucun autre parti ne souhaitant participer au gouvernement, le Parti libéral gouverne seul, avec l'appui parlementaire du Parti populaire, de l'Alliance libérale et du Parti populaire conservateur.
En , l'Alliance libérale et le parti populaire conservateur rejoignent formellement le gouvernement à la suite d'un accord de coalition, le gouvernement continuant à bénéficier du soutien sans participation du parti populaire danois.
↑Olivier Truc (Stockholm correspondance), « Au Danemark, la coalition de centre gauche se déchire », Le Monde.fr, (ISSN1950-6244, lire en ligne, consulté le ).