Élections municipales sud-africaines de 2016
Les élections municipales sud-africaines de 2016 ont eu lieu le sur tout le territoire de l'Afrique du Sud. Elles ont permis d'élire les membres des conseils municipaux et ceux des conseils métropolitains ainsi qu'une partie des membres des districts municipaux. Les nouveaux élus auront notamment la tâche d'élire les nouveaux maires, chefs des exécutifs locaux, ainsi que les "speakers" (président) de chaque conseil municipal. ContexteLe Congrès national africain (ANC) gouverne la majorité des 44 districts et 226 municipalités locales d'Afrique du Sud ainsi que 7 des 8 municipalités métropolitaines du pays. Plus précisément, l'ANC gouverne seule 198 des 278 municipalités locales et de districts sortantes[1]. L'Alliance démocratique (DA), majoritaire dans la province du Cap-Occidental, gouverne seule 18 conseils municipaux dont la municipalité métropolitaine du Cap, George, Mossel Bay, Stellenbosch, Overstrand, Bitou, Drakenstein, Midvaal (dans le Gauteng) et Baviaans (dans le Cap-Oriental). Elle dirige également plusieurs municipalités dans le cadre de coalition, notamment à Swellendam, Hessequa et Langeberg et co-dirige également Hatam et Thembelihle dans le Cap-du-Nord, en coalition avec le COPE et des indépendants. Globalement, 36 municipalités sont gouvernées par des coalitions impliquant l'ANC ou la DA. Présent dans 3 000 circonscriptions, le Front de la liberté (FF+) présente, pour la première fois, des candidats coloureds non seulement dans la province du Cap-Nord[2] mais aussi dans la métropole du Cap (notamment dans les circonscriptions de Bonteheuwel, Parow et Athlone) et à Johannesburg[3]. Ce sont aussi les premières élections municipales auxquelles participent les Economic Freedom Fighters (EFF) qui ambitionnent de remporter toutes les municipalités de la province du Limpopo, notamment Polokwane[4], mais aussi d'être le faiseur de rois dans les municipalités où aucune majorité absolue n'aurait été atteinte par l'ANC ou la DA. Enfin, le National Freedom Party, plutôt actif au KwaZulu-Natal, ne pourra présenter des candidats à cette élection, faute de s'être inscrit à temps auprès de la commission électorale[5]. En tout, 200 partis politiques et 61 014 candidats se présentent à ces élections municipales du [1]. Redécoupage électoralEn vue de ces élections, le gouvernement a procédé à la réduction du nombre de municipalités et au redécoupage de certaines circonscriptions municipales. 34 circonscriptions ont été redécoupées, affectant un total de 90 municipalités[6]. En outre, lors des élections municipales de 2011, le pays comptait 278 municipalités locales et de districts. Pour ces élections, il n'en compte plus que 257 (soit 21 municipalités en moins)[7]. Le gouvernement a notamment procédé à cette réduction en fusionnant plusieurs municipalités telle que les municipalités de Ventersdorp (ANC) et de Tlokwe (ANC mais susceptible de basculer vers la DA) ou encore celle de Baviaans (DA) avec deux autres municipalités dominées par l'ANC. La DA a notamment dénoncé un redécoupage absurde qui serait une forme de gerrymandering[8]. Campagne électoraleLa campagne électorale est marquée par de violents incidents à Pretoria () où des habitants de Tshwane rejettent Thoko Didiza, la candidate nommée par l'ANC pour le poste de maire à la place de Kgosientsho Ramokgopa, le titulaire sortant. Commencée à Mamelodi, la violence, marquée par des incendies de voitures et de bus ainsi que par des pillages de commerces appartenant à des étrangers, s'étend par la suite aux townships voisins d'Atteridgeville, de Winterveldt, Soshanguve, Hammanskraal, Mabopane et Ga-Rankuwa puis jusqu'au centre de la capitale, devenu un no man's land, et aux quartiers d'Arcadia et de Sunnyside [9],[10]. Cinq personnes sont tuées au cours des émeutes et 200 personnes arrêtées par la police[11],[12],[13]. Il apparait qu'en désignant Didiza comme tête de liste, l'ANC aurait tenté de trouver un candidat neutre pour ne pas trancher entre les factions internes opposant le maire sortant à Mapiti Matsena, l'un de ses adjoints. À cela s'ajoutent des haines ethniques, Didiza étant une zoulou vivant à Pretoria mais originaire du KwaZulu-Natal[14], nommée dans une région où les populations noires sont plutôt pedis, tswanas ou tsongas[15],[16]. En outre, l'ANC, éclaboussé par des allégations de corruption contre le président Jacob Zuma, rongé par le factionnalisme, la corruption et le manque de dirigeants crédibles, paie aussi un fort mécontentement de la population à son égard[14]. Au plan national, plusieurs militants et responsables locaux de l'ANC ont été assassinés, notamment au Kwazulu-Natal, victimes de règlements de compte internes et de la tension radicale croissante au sein de l’ANC[17]. En outre, la SABC est accusée de censure et de partialité dans le traitement de l'information au profit du gouvernement et de l'ANC, accusation notamment relayée par plusieurs journalistes sud-africains de différents médias, par Jimi Matthews, le président démissionnaire de la SABC, et par l’Association Mondiale des Journaux et des Éditeurs de Médias d’Information[18]. Des spots de campagne de l’opposition ont ainsi été suspendus, les critiques contre le président Zuma éludées et des manifestations « violentes » non couvertes[19]. SondagesDes sondages, réalisés par l'institut Ipsos en , donnaient l'Alliance démocratique gagnantes dans les municipalités de Tshwane (Pretoria) et de la métropole Nelson Mandela (Port Elizabeth), et au coude à coude avec l'ANC à Johannesburg [20],[21]. RésultatsAu soir des résultats, si l'ANC enregistre sa plus forte baisse électorale (moins 7 points) et son plus faible score national (53,91 %), il conserve la très grande majorité des municipalités sous son contrôle, en particulier en zone rurale. Cette baisse nationale de l'ANC peut être analysée comme liée aux scandales de corruption visant le président Jacob Zuma et aux mauvaises performances économiques de l'Afrique du Sud[25]. L'Alliance démocratique, vainqueur attendu dans la province du Cap occidental, poursuit sa percée dans les zones urbaines du pays, en devançant notamment l'ANC à Tshwane et à Nelson Mandela Bay et en la talonnant à Johannesburg [26]. Par le jeu des alliances, elle peut espérer gouverner ces 3 municipalités. Si le parti Economic Freedom Fighters ne remporte aucune municipalité et échoue dans le Limpopo, il joue cependant un rôle d'arbitre dans les circonscriptions où il est arrivé en deuxième ou troisième place (Tshwane, Johannesburg, Rustenburg, Nelson Mandela Bay). Le Parti Inkatha de la liberté est quant à lui vainqueur exclusivement dans son fief du KwaZulu-Natal où il profite de l'absence du NFP, un parti zoulou dissident qui l'avait concurrencé lors des élections précédentes de 2011. En tout, 27 conseils municipaux et métropolitains se retrouvent sans majorité partisane pour les gouverner[27], rendant nécessaires la constitution de coalitions pour trouver une majorité de gouvernement, quitte, parfois, à faire de petits partis des « faiseurs de Rois », susceptibles de rejeter dans l'opposition le parti arrivé localement en tête. La tâche est ardue. Le , la DA et les Economic Freedom Fighters annoncent ainsi qu'ils ne formeront pas de coalition[28] mais Julius Malema, chef des EFF, annonce que les élus de son parti voteront pour la DA à Tshwane, Nelson Mandela Bay, Johannesburg et Ekurhuleni lors de l'élection des exécutifs municipaux ainsi que pour l'Inkhata au KwaZulu-Natal. Nelson Mandela Bay (Port Elizabeth), est la première métropole à tomber dans les mains de la DA après que celle-ci a trouvé un accord avec 3 petits partis pour gouverner la municipalité[29]. Le soutien des EFF lui permet également de ravir Mogale City (Krugersdorp), à la tête d'une coalition minoritaire. Toutefois, l'ANC parvient à sauver Ekurhuleni, Rustenburg et même à prendre Bitou (Plettenberg Bay) où elle est pourtant minoritaire, grâce à son alliance avec l'élu d'un petit parti. Le , Tshwane (Pretoria-Centurion) tombe à son tour entre les mains de la DA où son candidat, Solly Msimanga, est élu maire[30] à la tête d'une majorité municipale relative, composée de l'Alliance démocratique, du front de la liberté, du parti chrétien démocrate africain et du Congrès du Peuple. Le 22 août, la municipalité de Johannesburg tombe à son tour entre les mains de la DA soutenue par une coalition comprenant 6 partis d'opposition. Enfin, la DA participe pour la première fois à des majorités municipales dans l'état-Libre et le Limpopo. En , le 57e congrès de l'ANC doit avoir lieu, et pourrait remettre en cause certaines personnalités au sein du parti. Aux prochaines élections de 2019, il se pourrait que l'ANC passe sous la barre des 50 %. Résultats à l'échelle nationale
Lors des élections municipales[32], la moitié des sièges est attribuée au scrutin proportionnel, et l'autre moitié par circonscription électorale (ward) ; pour les conseils de district rassemblant plusieurs municipalités, 40 % des sièges sont attribués à la proportionnelle et 60 % sont nommés par les municipalités constituantes. Résultats en sièges par provinceDans les tableaux ci-dessous, la couleur bleue indique les municipalités remportées en majorité absolue des sièges par la DA, la couleur verte celles remportées par l'ANC, la couleur rouge celles remportées par l'Inkatha Freedom Party (IFP) et le gris indique celles où aucun parti n'a de majorité absolue en sièges au conseil municipal. Dans le cas où des coalitions sont nécessaires pour gouverner la municipalité, ces mêmes couleurs en plus claires indiquent dans les deux dernières colonnes le parti dominant au sein de l'ancienne et de la nouvelle majorité (le bleu clair pour la DA, le vert clair pour l'ANC et le rouge clair pour l'IFP). Enfin, deux couleurs dont le gris cohabitent dans la dernière colonne dans les municipalités où les alliances conclues pour former une majorité municipale sont dépendantes de la bonne coopération d'un parti tiers, le plus souvent les EFF.
Références
Notes
Liens externesInformation related to Élections municipales sud-africaines de 2016 |