Les élections municipales sud-africaines de 2021 ont lieu le sur tout le territoire de l'Afrique du Sud afin d'élire les membres des 278 municipalités du pays, répartis en conseils municipaux, conseils métropolitains et districts municipaux. Les nouveaux élus auront notamment la tâche d'élire les maires, chefs des exécutifs locaux, ainsi que les présidents des conseils municipaux.
Ces élections sont marquées par l'émergence de deux nouveaux partis centristes, fondés par des anciens élus de l'Alliance démocratique. Le premier, ActionSA, a été créé par Herman Mashaba, qui avait été élu maire de Johannesburg en 2016 sous l'étiquette de la DA. Ses résultats sont particulièrement attendus dans les provinces du Gauteng et du Kwazulu-Natal. La seconde nouvelle formation politique notable est Good, un parti créé en 2018 par Patricia de Lille, ancienne maire DA du Cap et ministre du gouvernement Ramaphosa. Le parti se présente dans mille wards et dans 45 municipalités. Ses résultats sont particulièrement scrutés dans la province du Cap-Occidental où il pourrait prendre de nombreuses voix à la DA, particulièrement au sein de la communauté coloured majoritaire, et se positionner en faiseur de rois au profit de l'ANC.
Au total, vingt-huit partis politiques se sont enregistrés auprès de la commission électorale afin de participer aux élections municipales de 2021[1].
Système électoral
Carte d'Afrique du Sud distinguant les districts ainsi que les municipalités métropolitaines (en rouge)
Carte d'Afrique du Sud distinguant les municipalités locales
Depuis 2000 et la mise en œuvre de la réforme des gouvernements locaux, il existe trois types de municipalités :
Dans les districts, les sièges sont attribués en partie au scrutin proportionnel et en partie nommés par les conseils municipaux des municipalités locales concernées.
Campagne électorale
Le , le président Cyril Ramaphosa avait annoncé que les élections auront lieu le mercredi . Il avait été évoqué que les élections soient reportées en 2022 mais finalement la ministre Nkosazana Dlamini-Zuma a annoncé le que les élections auront lieu le 1er novembre.
Le début de la campagne électorale est marqué par la mort accidentelle du maire de Johannesburg (intronisé un mois plus tôt par l'ANC).
La question de l’accès aux services de première nécessité a fortement préoccupé la population pendant la campagne. Les pouvoirs publics allouent bien trop peu de budget aux réparations et à la maintenance des infrastructures, ce qui, en vingt ans, a généré une stagnation voire une régression de l’accès à l’eau et à l’électricité, du ramassage des déchets, ou de la possession de toilettes. Le General Household Survey (GHS) de 2019 indique ainsi que seuls 58,8 % des ménages profitent d’un ramassage des déchets hebdomadaire. De plus, si 85 % des ménages ont accès à l’électricité et 88 % à l’eau courante, seuls 44,9 % y ont accès à l’intérieur de leur logement. Enfin, en raison de réseaux défaillants, les coupures d’eau et d’électricité sont fréquentes dans le pays[2].
La pauvreté et les inégalités sont encore très élevées. Plus de la moitié des municipalités indiquent que plus de 50 % des ménages vivent dans la pauvreté[2].
Dans les tableaux ci-dessous, la couleur bleue indique les municipalités remportées en majorité absolue des sièges par la DA, la couleur verte celles remportées par l'ANC, la couleur rouge celles remportées par l'Inkatha Freedom Party (IFP) et le gris indique celles où aucun parti n'a de majorité absolue en sièges au conseil municipal.
Dans le cas où des coalitions sont nécessaires pour gouverner la municipalité, ces mêmes couleurs en plus claires indiquent dans les deux dernières colonnes le parti dominant au sein de l'ancienne et de la nouvelle majorité (le bleu clair pour la DA, le vert clair pour l'ANC et le rouge clair pour l'IFP). Enfin, deux couleurs dont le gris cohabitent dans la dernière colonne dans les municipalités où les alliances conclues pour former une majorité municipale sont dépendantes de la bonne coopération d'un parti tiers.
Cap-occidental
Métropole
La DA remporte une nouvelle fois la métropole du Cap à la majorité absolue des voix.
L'ANC a remporté treize des quarante-deux municipalités à la majorité absolue des sièges contre huit à l'IFP et une seule (la première dans la province) à la DA.
L'ANC, en tête avec 46 % des voix, conserve le contrôle de la plupart des municipalités bien que son score soit en net recul alors que l'abstention dépasse les 53 %[36].
Le recul de l'ANC ne bénéficie pas aux principaux partis d'opposition, DA (21 %, soit une baisse de six points) et EFF (10 %, soit une hausse de deux points), mais au nouveau parti ActionSA, dirigé par Herman Mashaba(en)[37]. Si l'alliance démocratique (DA) pâtit de son image de parti de la minorité blanche et prospère, les combattants pour la liberté économique (EFF), même s'ils progressent en nombre de voix et de sièges, sont desservis par leur rhétorique radicale et parfois violente[38].
Outre EFF, ActionSA et l'Inkatha, le parti zoulou bien implanté au KwaZulu-Natal, le front de la liberté est l'un des autres gagnants du scrutin en nombre de voix et de sièges. Ce parti à dominante afrikaner, qui après avoir présenté des candidats coloureds en 2019 et présentait quelques candidats noirs durant ces municipales[39], fait plus que tripler le nombre de ses sièges par rapport à 2016, en particulier aux dépens de la DA[40]. Tout comme ActionSA, il se retrouve faiseur de rois dans plusieurs municipalités (Tshwane, Johannesburg, Port Elizabeth, Langeberg...).