L'élection présidentielle tunisienne de 2014 est la première élection présidentielle au suffrage universel, libre et démocratique du pays. Il s'agit de la onzième élection présidentielle en Tunisie, la dixième au suffrage universel direct et la première depuis la révolution de 2011.
Deux tours de scrutin sont nécessaires à l'élection du président de la République tunisienne. Le premier tour a lieu le sur le territoire national et du 21 au à l'étranger, un mois après des élections législatives qui ont vu Nidaa Tounes arriver en tête. Aucun candidat ne remporte la majorité absolue au premier tour.
Le président de la République tunisienne est élu pour un mandat de cinq ans au suffrage universel, libre, secret et direct à la majorité absolue des suffrages exprimés, au cours des derniers soixante jours du mandat présidentiel. L'article 74 de la Constitution établit que la candidature à la présidence de la République est un droit pour toute électrice et électeur, âgé d'au minimum 35 ans, de nationalité tunisienne et de confession musulmane[2]. L'article précise que, s'il est titulaire d'une autre nationalité, il doit présenter un engagement selon lequel il renonce à celle-ci s'il est élu[2].
L'article 75 précise que si la majorité n'est pas obtenue au premier tour du scrutin, un deuxième tour est organisé durant les deux semaines qui suivent l'annonce des résultats définitifs du premier tour[2]. Les deux candidats ayant obtenu le plus grand nombre de voix au premier tour se présentent au second tour[2]. Si l'un des candidats décède, il est procédé à un nouvel appel aux candidatures, avec de nouvelles dates pour les élections dans un délai ne dépassant pas 45 jours ; cela ne s'applique pas à la renonciation éventuelle de candidats[2]. Il précise aussi que personne ne peut occuper le poste de président de la République pendant plus de deux mandats complets, successifs ou séparés, et qu'en cas de démission, le mandat est considéré comme ayant été accompli totalement[2].
Calendrier électoral
: démarrage des inscriptions des électeurs ;
: fin des inscriptions ;
: dernier délai pour la publication du décret de convocation des électeurs ;
Le dépôt officiel des candidatures à l'ISIE démarre le . L'homme d'affaires installé à Londres, Hechmi Hamdi, est le premier à présenter sa candidature, suivi par l'ancien patron de Hannibal TV, Larbi Nasra[25]. Béji Caïd Essebsi, le président de Nidaa Tounes, dépose sa candidature le [26]. Il est suivi par l'ancien juge Habib Zammali[27].
L'écrivain et journaliste Safi Saïd dépose sa candidature le [28]. Le , c'est le secrétaire général du Front du 17 décembre pour le développement, Faouzi Saïdi, qui dépose sa candidature[29]. Le , Ahmed Néjib Chebbi est officiellement candidat[30].
Le , Moncef Marzouki, président de la République sortant et président d'honneur du Congrès pour la République, dépose sa candidature en tant qu'indépendant[40]. Le même jour, Emna Mansour Karoui, présidente du Mouvement démocratique pour la réforme et la construction[41], Kamel Morjane, président de l'Initiative nationale destourienne[42], Kalthoum Kannou, ancienne présidente de l'Association tunisienne des magistrats[43], l'homme d'affaires Fares Mabrouk[44] et Abdelkader Labbaoui, président de l'Union tunisienne pour la neutralité de l'administration, déposent à leur tour leurs candidatures auprès des bureaux de l'ISIE.
Le 22 septembre, date limite pour le dépôt des candidatures, plusieurs personnalités se rendent à l'ISIE : Mohamed Frikha[45], homme d'affaires et tête de liste d'Ennahdha pour les législatives, Mondher Zenaidi[46], Abderrazak Kilani[47], Mounir Mejri[48], Lotfi Ben Zekri[49], Nejib Belghith[50], Yassine Chennoufi[51], Lazhar Bali[52], Nasr Ben Soltana[53], Hamouda Ben Slama[54] ou encore Sofiène Ben Nacer[55]. À la clôture de la réception des candidatures, leur nombre atteint 70 dont 25 candidats issus de partis politiques, un candidat issu d'une coalition et 44 indépendants[56]. ِCe nombre est ramené à 69 après le retrait de Zied El Heni qui avait recueilli 10 300 signatures[57].
Liste définitive
Le 30 septembre, l'ISIE annonce lors d'une conférence de presse que 27 candidatures sont définitivement acceptées et 42 rejetées. Certains candidats n'ayant pas présenté les 10 000 signatures nécessaires ou versé les 10 000 dinars de garantie, alors que d'autres ont présenté des signatures douteuses. En effet, un trafic de signatures a entaché le processus : des bases de données administratives ont été utilisées pour puiser les noms et les numéros de cartes d'identité de particuliers en faveur de certains candidats. D'ailleurs, même des candidats acceptés ont recouru à cette falsification (Nabli, Caïd Essebsi, Ahmed Essafi Saïd, Hached, Hamdi, Zouari, Chaourabi Slim Riahi)[58]. Néanmoins et au vu du nombre de parrainages qui dépasse les 800 000, l'ISIE ne peut constater que les parrainages répétés ou l'absence de signatures ou les plaintes de certains électeurs ayant noté la présence de leurs noms alors qu'ils n'ont pas parrainé les dits candidats. Parmi les candidatures rejetées, on remarque celles de Abdelwahab El Hani (35 000 parrainages), Mohamed Nizar Tazni (30 000 parrainages), Mohamed Ghazi Ben Tounes (26 000 parrainages), Bahri Jelassi (25 000 parrainages) ainsi que celles d'Emna Mansour Karoui, première femme à avoir présenté sa candidature, et de Leila Hammami.
À la suite du résultat obtenu par son parti aux élections législatives, Hechmi Hamdi annonce le 27 octobre son retrait de la course à la présidentielle[59]. Abderrahim Zouari, candidat du Mouvement destourien, Mohamed Hamdi, candidat de l'Alliance démocratique, et Abderraouf Ayadi, candidat du Mouvement Wafa, font de même, respectivement le 30 octobre[60], le 5 novembre[61] et le 19 novembre[62]. Les candidats indépendants Mustapha Kamel Nabli et Noureddine Hached se retirent également le 17 novembre[63].
Les 27 candidats officiels sont les suivants[64] :
Candidat (nom et âge) et parti ou mouvement politique
Larbi Nasra (67 ans) Parti de la voix du peuple tunisien
1
Parmi vous et pour vous منكم وإليكم
En juin 2014, il fonde le Parti de la voix du peuple tunisien dont il occupe le poste de président. Sa candidature est annoncée le 11 juillet 2014 par son parti. Il obtient le parrainage de 10 députés de l'Assemblée constituante[66]. Élimination au 1er tour (vote Béji Caïd Essebsi)[67]
Plusieurs fois ministres et ancien secrétaire général du Rassemblement constitutionnel démocratique sous la présidence de Zine el-Abidine Ben Ali, il est présenté par son parti à l'élection le 16 août 2014 et dépose sa candidature le 19 septembre. Il a collecté le parrainage de près de 25 000 citoyens[68]. Il annonce son retrait le 30 octobre. Élimination au 1er tour (aucune consigne de vote)[69]
Sers la Tunisie... Cela l'aidera أخدم تونس... تصيبها
Seule candidate féminine de cette élection, elle présente sa candidature le 20 septembre 2014. Elle reçoit uniquement le soutien du Parti tunisien et de certaines personnalités féministes. Elle collecte le parrainage de 15 000 citoyens[70]. Élimination au 1er tour (consigne de vote inconnue)
Il faut pour la Tunisie un président qui réunit et ne divise pas تونس يلزمها رئيس يجمّع وما بفرّقش
Ancien ministre sous la présidence de Zine el-Abidine Ben Ali et ancien adhérant au Rassemblement constitutionnel démocratique dont il a démissionné après la révolution, il fonde son parti l'Initiative nationale destourienne qu'il fusionne avec d'autres partis au sein d'Al Moubadara en 2013. Il annonce sa candidature le 13 septembre 2014, et la dépose le 20 septembre. Il collecte 25 000 parrainages de citoyens[70]. Élimination au 1er tour (vote Béji Caïd Essebsi)[71]
Salem Chaïbi Parti du congrès populaire
5
Je t'aime Tunisie نحبّك يا تونس
Il présente sa candidature le 8 septembre 2014[70]. Élimination au 1er tour (consigne de vote inconnue)
Lève la tête.. C'est la révolution de la dignité ارفع راسك... انّها ثورة الكرامة
Ancien ministre délégué dans le gouvernement Jebali, il dépose sa candidature le 22 septembre 2014. Il obtient le parrainage de 11 000 citoyens[70]. Élimination au 1er tour (aucune consigne de vote)[72]
Plusieurs fois ministre sous la présidence de Habib Bourguiba, et ancien président de la Chambre des députés sous la présidence de Zine el-Abidine Ben Ali, il occupe le poste de Premier ministre au lendemain de la révolution et organise les élections constituantes de 2011. Il fonde en juin 2012 son parti Nidaa Tounes dans lequel il se revendique héritier du bourguibisme et fait figure d'opposition aux vainqueurs des élections de 2011. Il est désigné par son parti comme candidat en mai 2014. Il annonce sa candidature le 8 juillet et la dépose le lendemain. Il obtient le parrainage de plus de 68 000 citoyens[66]. Vainqueur au 2e tour
Un président pour tous les Tunisiens رئيس للتوانسة الكلّ
Après la révolution de 2011, il fonde son parti, l'Union patriotique libre, dont il assure la présidence. Il présente officiellement sa candidature le 18 septembre 2014. Il obtient le parrainage de plus de 100 000 citoyens[66]. Élimination au 1er tour (vote Béji Caïd Essebsi)[71]
Président de l'Union tunisienne pour la neutralité des administrations, il annonce sa candidature le 20 septembre 2014. Il obtient 35 000 parrainages de citoyens[70]. Élimination au 1er tour (consigne de vote inconnue)
Ancien ministre sous la présidence de Zine el-Abidine Ben Ali, il dépose le 17 septembre 2014 sa candidature. Il obtient 40 000 parrainages de citoyens[70]. Il annonce toutefois son retrait le 17 novembre. Élimination au 1er tour (vote Béji Caïd Essebsi)[71]
Fondateur du Parti démocrate progressiste en 1983, il est une figure importante de l'opposition au régime de Zine el-Abidine Ben Ali. Ayant tenté de se présenter à l'élection présidentielle de 2009, il a renoncé à se porter candidat à cause de soupçons de fraudes envers le président. Après la révolution, il occupe le poste de ministre dans le nouveau gouvernement Ghannouchi puis est élu comme constituant aux élections de 2011. Il annonce sa candidature le 3 août 2014 sous l'étiquette d'Al Joumhouri, parti résultant de la fusion de plusieurs partis dont le sien. Il obtient plus de dix parrainages de députés de l'Assemblée constituante et 24 617 parrainages de citoyens[66],[70]. Élimination au 1er tour (aucune consigne de vote, laisse le choix aux électeurs)[75]
Ancien ministre sous la présidence de Zine el-Abidine Ben Ali, il dépose sa candidature le 22 septembre 2014. Il obtient treize parrainages de membres de l'Assemblée constituante[76]. Élimination au 1er tour (consigne de vote inconnue)
Ne cherchez pas longtemps le président consensuel parce que je suis devant vous لا تبحثون كثيرا عن الرئيس التوافقي فأنا أمامكم
Il annonce sa candidature en juillet 2014. Il obtient le parrainage de 16 000 citoyens issues de treize circonscriptions[78]. Élimination au 1er tour (consigne de vote inconnue)
L'amour de la patrie est de la foi حبّ الوطن إيمان
Tête d'une liste du parti Ennahdha pour les élections législatives de 2014, il présente sa candidature le 22 septembre 2014. Il obtient 20 000 parrainages de citoyens[70]. Élimination au 1er tour (consigne de vote inconnue)
Élu constituant aux élections de 2011, il présente sa candidature le 19 septembre 2014. Il obtient le parrainage de dix membres de l'Assemblée constituante[79]. Il décide toutefois de se retirer le 5 novembre. Élimination au 1er tour (consigne de vote inconnue)
Mokhtar Mejri Indépendant
18
Le candidat indépendant de l'élection présidentielle المرشح المستقل للإنتخابان الرئاسيّة
Il présente sa candidature le 22 septembre 2014. Élimination au 1er tour (aucune consigne de vote, laisse le choix aux électeurs)[80]
La conscience de la révolution ; lorsque les mots échouent... le crayon exprime l'espoir... et l'action ضمير الثورة؛ عندما تعجز الكلمات... ينطق القلم الأمل... والعمل
Membre fondateur du Congrès pour la République, il est élu constituant aux élections de 2011. Après des conflits avec son parti, il quitte le Congrès pour la République et fonde en juin 2012 le Mouvement Wafa. Il annonce sa candidature le et la dépose le . Il obtient le parrainage de treize membres de l'Assemblée constituante[66]. Il décide toutefois de se retirer le . Élimination au 1er tour (aucune consigne de vote)[81]
Ensemble... Protégeons la Tunisie, construisons l'avenir مع بعضنا... نحمي تونس، نبني المستقبل
Fondateur d'Ettakatol en 1994, il souhaite participer à l'élection présidentielle de 2009 mais sa candidature est rejetée. Après la révolution, il est élu constituant aux élections de 2011 puis président de l'Assemblée. Sous ce mandat, sa candidature est annoncée par son parti le . Il dépose sa candidature le 18 septembre et obtient le parrainage de treize députés de l'Assemblée[66]. Élimination au 1er tour (refuse de voter Béji Caïd Essebsi)[71]
Ministre sous la présidence de Habib Bourguiba et de Zine el-Abidine Ben Ali, puis dans les gouvernements de Béji Caïd Essebsi et Hamadi Jebali, dont il démissionne, il dépose sa candidature le . Il obtient le parrainage de 26 000 citoyens[85]. Il annonce toutefois son retrait le 17 novembre. Élimination au 1er tour (aucune consigne de vote)[86]
La solution par tous les Tunisiens الحل بالتّوانسة الكل
Ministre sous la présidence de Zine el-Abidine Ben Ali, il est sollicité pour se présenter à l'élection. Il dépose sa candidature le . Élimination au 1er tour (vote Béji Caïd Essebsi)[87]
Fondateur du parti Pétition populaire en 2011 à travers laquelle il parvient à obtenir 27 sièges aux élections constituantes de 2011, il crée son nouveau mouvement Courant de l'amour en 2013. Il annonce sa candidature à la présidentielle le et retourne en Tunisie après 18 ans d'exil. Il est le premier à la déposer le . Il obtient dix parrainages de membres de l'Assemblée constituante[91]. Il annonce son retrait le à la suite des résultats de son parti aux élections législatives. Élimination au 1er tour (aucune consigne de vote claire)[71]
Opposant aux régimes de Habib Bourguiba et Zine el-Abidine Ben Ali, il est le fondateur en juillet 2012 du Parti des travailleurs qui constitue dès octobre 2012, avec d'autres partis de gauche, le Front populaire. Il dépose sa candidature le . Il obtient dix parrainages de membres de l'Assemblée constituante et plus de 10 000 parrainages de citoyens[66]. Élimination au 1er tour (refuse de voter Moncef Marzouki, n'appelle pas à voter Béji Caïd Essebsi)[71]
Déroulement
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