Élections régionales de 2012 en Schleswig-Holstein
Les élections régionales de 2012 en Schleswig-Holstein (en allemand : Landtagswahl im Schleswig-Holstein 2012) se tiennent le , afin d'élire les 69 députés de la 18e législature du Landtag, pour un mandat de cinq ans. Le scrutin est marqué par la nouvelle victoire de l'Union chrétienne-démocrate qui dirige le gouvernement depuis , un score historique des Verts et l'entrée des Pirates au Landtag. Le social-démocrate Torsten Albig parvient au pouvoir après avoir formé une « coalition en feu tricolore danois » associant son parti aux écologistes et au parti de la minorité danoise. ContexteGouvernement de courte majoritéLors des élections régionales anticipées du 27 septembre 2009, l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) du ministre-président Peter Harry Carstensen et au pouvoir depuis , subit un recul de plus de huit points mais confirme son statut de premier parti du Land. Elle devance nettement le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD), qui accuse une chute de plus de 13 points. Ces deux régressions profitent au Parti libéral-démocrate (FDP), qui reste la troisième force parlementaire et enregistre une progression de huit points. Il devance ainsi l'Alliance 90 / Les Verts (Grünen), qui améliore son résultat de six points, tandis que Die Linke entre au Landtag avec 6 % des suffrages exprimés. Carstensen forme alors une « coalition noire-jaune » disposant de 48 députés sur 95, soit l'exacte majorité absolue. La présence de 11 mandats supplémentaires au sein des députés de la CDU conduit en effet à une augmentation de la taille du Landtag, qui accueille 26 parlementaires de plus que prévu par la loi électorale. Dans la mesure où les quatre partis de l'opposition totalisent 1,71 % de suffrages exprimés de plus que les deux formations au pouvoir, les Grünen et la Fédération des électeurs du Schleswig du Sud (SSW) saisissent la Cour constitutionnelle. Loi électorale contestéeLe , la haute juridiction donne raison au requérant et déclare la loi électorale contraire à la Constitution. Elle ordonne alors qu'elle soit modifiée avant le puis qu'un nouveau scrutin soit convoqué au plus tard le [1]. Carstensen indique alors à son parti qu'il renonce à en exercer la présidence régionale et celle-ci revient au président du groupe parlementaire et ancien ministre de l'Agriculture Christian von Boetticher trois semaines plus tard[2]. La CDU, le SPD et le FDP trouvent un accord sur la nouvelle version de la loi électorale le et approuvent la tenue du futur scrutin le [3]. Le texte — qui réduit à 35 le nombre de circonscriptions électorales et passe à la proportionnelle de Sainte-Lagüe — est adopté en séance plénière dix jours plus tard avec l'opposition des Grünen, de la Linke et de la SSW, qui souhaitaient que le nombre de circonscriptions soit réduit à 27[4]. Mode de scrutinLe Landtag est constitué de 69 députés (en allemand : Mitglied des Landtags, MdL), élus pour une législature de cinq ans au suffrage universel direct et suivant le scrutin proportionnel de Sainte-Lagüe. Chaque électeur dispose de deux voix : la première (Erststimme) lui permet de voter pour un candidat de sa circonscription, selon les modalités du scrutin uninominal majoritaire à un tour, le land comptant un total de 35 circonscriptions ; la seconde (Zweitstimme) lui permet de voter en faveur d'une liste de candidats présentée par un parti au niveau du land. Lors du dépouillement, l'intégralité des 69 sièges est répartie à la proportionnelle des secondes voix entre les partis ayant remporté au moins 5 % des suffrages exprimés (sauf le parti représentant la minorité danoise) ou une circonscription. Si un parti a remporté des mandats au scrutin uninominal, ses sièges sont d'abord pourvus par ceux-ci. Dans le cas où un parti obtient plus de mandats au scrutin uninominal que la proportionnelle ne lui en attribue, il conserve ces mandats supplémentaires (Überhangmandat) et des mandats complémentaires (Ausgleichsmandat) sont attribués aux autres partis afin de rétablir une composition du Landtag proportionnelle aux secondes voix, tout en gardant un nombre impair le total de députés. CampagnePrincipaux partisSondages
Événements marquantsLe , le bourgmestre de Kiel Torsten Albig remporte la primaire du SPD pour la désignation du chef de file électoral avec 57,2 % des suffrages contre le président régional et du groupe parlementaire Ralf Stegner, qui menait la campagne sociale-démocrate lors du scrutin précédent[6]. Environ trois mois plus tard, la CDU désigne son président régional et de groupe parlementaire Christian von Boetticher pour conduire la campagne et maintenir le Land dans son giron[7]. Il y renonce dès le , après que la presse a révélé qu'il avait entretenu une liaison avec une jeune fille mineure rencontrée sur Internet[8]. Dès le lendemain, le ministre de l'Économie Jost de Jager est choisi pour prendre sa suite[9]. En , les deux autres principaux partis du Landtag choisissent leurs chefs de file. Le , un congrès des Grünen investit Monika Heinold tête de liste régionale, ce poste devenant statutairement revenir à une femme, et Robert Habeck chef de file et deuxième de la liste[10]. Le FDP choisit son président de groupe parlementaire Wolfgang Kubicki, qui a mené chaque campagne depuis sauf celle de , le . Il est alors présenté comme « un libéral combatif et acerbe, qui critique vivement la direction du parti »[11]. Le journal Die Welt critique durement les candidats, les jugeant « de deuxième à quatrième rang »[12]. Alors que le début de l'année est marqué par un scandale financier impliquant le président fédéral Christian Wulff, élu 18 mois plus tôt par la CDU et le FDP, l'Union chrétienne-démocrate tente de recentrer la campagne autour d'enjeux régionaux, notamment les énergies renouvelables dont le Schleswig-Holstein est un important producteur[13]. Alors que la chancelière fédérale Angela Merkel vient le soutenir la campagne de son parti[14], Kubicki — dont la formation est créditée de 3 % d'intentions de vote — marque son agacement face à « l'affaire Wulff » en déclarant que « [sa] patience s'épuise progressivement »[15]. Une éventuelle défaite de la majorité au pouvoir à Kiel n'aurait cependant pas d'incidence au niveau fédéral, puisque la « coalition noire-jaune » de la chancelière est déjà minoritaire au Conseil fédéral[16]. RésultatsVoix et sièges
AnalyseLa CDU résiste bien, enregistrant un très léger recul en voix mais perd nombre de sièges, du fait de la nouvelle loi électorale. Elle est cependant rattrapée par le SPD, qui se classe deuxième à 4 000 voix près, gagnant cinq points. Il repasse donc juste au-dessus des 30 % des voix. L'autre forte progression est à relever du côté des Piraten. Remportant un franc succès dans un territoire rural et conservateur, ils se placent à 51 voix du FDP — qui sauve sa représentation parlementaire en restant nettement au-dessus des 8 % — et intègrent ainsi leur troisième Landtag après Berlin et la Sarre. Tandis que les Grünen redeviennent la troisième force politique du Land, la Linke est exclue de l'hémicycle après seulement trois ans de présence. Les principaux responsables de l'Union chrétienne-démocrate ont souligné que le Parti social-démocrate avait échoué à atteindre 40 % des voix et qu'une éventuelle coalition rouge-verte ne disposait pas de la majorité absolue. Le chef de file du SPD affirme alors sa volonté de constituer une « coalition en feu tricolore danois », l'associant aux Verts et à la SSW, cette dernière réclamant toutefois l'attribution d'un ministère. Le Parti des pirates se réjouit de son score, confirmant son souhait de rester dans l'opposition, tandis que le Parti libéral-démocrate célèbre des résultats qu'il juge « bons » pour la direction fédérale[18]. ConséquencesLe , sociaux-démocrates, écologistes et représentants de la minorité danoise constatent le succès de leurs entretiens exploratoires et ouvrent des négociations de coalition[19]. L'accord entre les trois partis est signé le suivant[20]. Torsten Albig est investi ministre-président le au premier tour de scrutin par 37 voix sur 69, soit deux suffrages de plus que le total de sa coalition. Il aurait bénéficié du vote favorable de députés Piraten[21]. Notes et références
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