Athanase-Jean Bricogne (1744-1820), est un négociant et homme politique français, doyen des maires de Paris.
Bricogne est partisan modéré de la Révolution, président de district parisien puis président de section avant de démissionner. Il s'oppose au transfert des cendres de Voltaire au Panthéon. Il est ensuite emprisonné sous la Terreur.
Né à Paris le 11 mai 1744, Athanase-Jean Bricogne est le fils de Jean-Baptiste-François Bricogne, négociant et marchand mercier, caissier principal du clergé de Paris, et de Marguerite-Angélique Decan[1].
Tout en poursuivant les affaires de son père, Athanase Jean Bricogne devient assesseur au juge de paix de Paris[2]. Il est réputé pour son instruction et sa probité[3].
Pendant la Révolution
Pendant la Révolution, dont il est un partisan modéré, il est président du district de Saint-Nicolas-des-Champs, membre du club de la Sainte Chapelle[4] ; il est ensuite président de la section des Lombards à Paris, où il est influent[3] et administre avec sagesse[5], mais s'en retire peu après. Bricogne est le promoteur et le deuxième signataire d'une pétition à l'Assemblée nationale contre le transfert des cendres de Voltaire au Panthéon. Il fait même imprimer au-dessus de sa signature la mention : « Je réclame contre tout honneur dû aux cendres de Voltaire »[6] ; avec ses hommes et ceux de Quatremère il essaie pendant la nuit de retirer du Panthéon les restes de l'écrivain[7].
Arrêté sous la Terreur, sous l'accusation d'« accaparrements »[5] et comme opposant, Bricogne passe plusieurs mois emprisonné à la Conciergerie. Il est porté sur une liste le désignant comme devant être déporté, avec la mention : « Fanatique à l'excès ; il a montré du zèle dans les premières années de la révolution ; mais depuis la constitution républicaine, il n'a paru dans les assemblées de section que pour les troubler, notamment avant le 31 mai. »[8] Le coup d'État du 9 Thermidor (26 juillet 1794) suspend cette mesure, il est libéré ensuite[3]. Il est plus tard inspecteur aux revues de la garde municipale et du corps des pompiers[2].
Membre du collège électoral de la Seine, Bricogne est nommé de nouveau maire du 6e arrondissement de Paris au début du Consulat, le 18 germinal an VIII (avril 1800)[10].
La délégation des maires de Paris auprès de l'empereur
En tant que doyen des douze maires de Paris sous le Premier Empire et au début de la Restauration, il joue essentiellement un rôle de représentation et d'apparat à la tête de la municipalité de Paris. C'est notamment lui qui lit les discours et signe les adresses au nom de la municipalité[11].
Il établit en 1807 un état économique et statistique de son arrondissement[12]. La même année 1807, il est élu candidat au Corps législatif, mais n'y est pas choisi. Il est chevalier de l'Empire en 1811[13].
Au début des Cent-Jours, il signe le 7 mars l'adresse au roi[16] ; peu après, il accueille l'empereur avec empressement : « Il salue S.M. l'empereur des nouvelles protestations de son respect, de son admiration, de son amour et de sa fidélité »[17].
Retraite
Bricogne démissionne en 1816. Le préfet de la Seine note à son propos : « Doyen des maires. Homme honnête et vertueux. A donné sa démission motivée sur son âge »[16]. Bricogne est par ailleurs membre de la Société philanthropique[18].
Alexandre Bricogne (1781-1852), négociant, épouse Jeanne Elisabeth Rosalie Lebel[22], fille d'Urbain Lebel, consul de Paris, et de Marie Félix Dubois ; ils sont les parents de :
Il reçoit pour armoiries : « D'argent au vaisseau de trois mâts de sable, voilé d'azur et soutenu d'une mer de sinople, à la bordure de gueules chargée d'une croix d'argent à cinq doubles branches, qui est le signe des chevaliers légionnaires »[24],[25].
Notes et références
↑ a et bRévérend, Titres, anoblissements et pairies de la Restauration, tome 1, Paris, Champion, 1901.
↑ ab et cArnault, Jay et autres, Biographie nouvelle des contemporains, ou Dictionnaire historique..., volume 3, Paris, La Librairie historique, 1821, p. 468 [lire en ligne].
↑Etienne Charavay, L'Assemblée électorale de Paris, Paris, 1890, p. 541.
↑Gustave Desnoiresterres, Voltaire et la société au XVIIIe siècle : Retour et mort de Voltaire, Didier, 1876, p. 488.
↑Chronique de Paris du 12 juillet 1791, citée par Gustave Desnoiresterres, Voltaire et la société au XVIIIe siècle : Retour et mort de Voltaire, Didier, 1876, p. 493 (note).
↑Collection des mémoires relatifs à la révolution française, volume 64, partie 3, Baudouin frères, 1828, p. 185.
↑Comprenant les quartiers : Lombards, Porte-Saint-Denis, Saint-Martin-des-Champs, Temple.
↑ ab et cA. Liévyns, Jean-Maurice Verdot, Pierre Bégat, Fastes de la légion-d'honneur : biographie de tous les décorés..., Paris, bureau de l'Administration, 1844-1847, tome 5, pp. 7-8.
↑Révérend, Armorial du Premier Empire, t. I, p. 139.
Bibliographie
« Bricogne », dans Antoine-Vincent Arnault, Antoine Jay et autres, Biographie nouvelle des contemporains, ou Dictionnaire historique..., volume 3, Paris, La Librairie historique, 1821, p. 468 [lire en ligne].
« Athanase-Jean Bricogne » dans A. Liévyns, Jean-Maurice Verdot, Pierre Bégat, Fastes de la légion-d'honneur : biographie de tous les décorés..., Paris, bureau de l'Administration, 1844-1847, tome 5, p. 7-8.
Michel Fleury et B. Gille, Dictionnaire biographique du conseil municipal de Paris et du Conseil général de la Seine, Paris, 1972.
« Bricogne », dans Dictionnaire des girouettes, ou nos contemporains peints par eux-mêmes, ..., Paris, Alexis Eymery, 1815, p. 57.
Paul Bauer, « Bricogne, Athanase », dans Deux siècles d'histoire au Père Lachaise : Parmi les célébrités inhumées depuis 1804, Mémoire et documents, (ISBN291461148X et 9782914611480), p. 149.
Vte A. Révérend, Titres, anoblissements et pairies de la Restauration, tome 1, Paris, Champion, 1901.
« Bricogne (N.) », dans Biographie, et Galerie historique des contemporains, Paris, P. Barthélémy, (lire en ligne), p. 490.