AzraqitesAzraqites (ou Azarakites dans les ouvrages anciens) sont les membres d’un mouvement appelé en arabe Azâriqa[1] qui s’est réclamé du kharijisme. Au sein du mouvement kharijite, les azraqites sont fréquemment qualifiés d’extrémistes. HistoireLa dizaine de Kharijites qui ont échappé au massacre de la bataille de Nahrawân (659) se sont regroupés. Ils reprennent leur activité de propagande. Le , ils organisent le triple assassinat de ceux qu’ils considèrent comme à l’origine de la division des musulmans, c'est-à-dire les deux adversaires de l’arbitrage qui a suivi la bataille de Siffin (657) le Calife légitime: ʿAlī ibn Abī T̩ālib à Koufa, le prétendant omeyyade Mu`âwîya Ier à Damas ainsi que l’arbitre en faveur de ce dernier ʿAmr ibn al-ʿĀṣ en Égypte. Ce triple assassinat échoue; le Calife ʿAlī est mort de ses blessures, Mu`âwîya est blessé et survit et ʿAmr échappe complètement à l'attentat[2]. De religieuse, au début le kharijisme prend le caractère d’une dissidence politique, dont la masse de manœuvre est formée des hordes bédouines dont le Coran dit :
— Le Coran, « L’Immunité ou le Repentir », IX, 97, (ar) التوبة Les Sufrites se regroupent dans le Khuzestan[3], les Azraqites se regroupent à Bassorah. Ils sont conduits par Nâfi` ben Azraq[4]. C’est pour cette raison qu’ils sont nommés azraqites. Ils émigrent vers le Khuzestan, après s’être séparés des ibadites plus modérés qui sont restés dans la région de Bassorah. À cause des attaques dont il est l’objet, ce groupe se déplace toujours plus vers l’est. Ils vont dans le Fars, puis dans le Kerman. En 687, un nouveau chef, Qatarî ben al-Fuja`a[5], prend la direction de cette communauté[6]. Il crée un anticalifat et se déclare commandeur des croyants[7] Il réussit à réoccuper quelques villes du Fars et de la région d’Ahvaz; mais il doit à nouveau reculer devant l’offensive lancée par les troupes armées du calife omeyyade `Abd al-Malik sous les ordres de l'émir Al-Hajjaj. Qatarî ben al-Fuja`a est tué en 699/700. Les azraqites disparaissent alors[6]. DoctrineLes azraqites professent un dogmatisme intransigeant. Le pouvoir des Omeyyades est considéré comme usurpé par tous les Kharijites. Pour les azraqites, tous ceux qui ne se révoltent pas contre ce pouvoir injuste sont des pécheurs, l’opportunisme et la neutralité sont exclus du comportement des azraqites. La dissimulation légale (Taqiya), pratiquée par les chiites quand ils sont dans un milieu hostile, est rigoureusement interdite[8]. Ils ont deux pratiques inconnues des autres courants doctrinaux de l’islam :
Les autres musulmans sont considérés comme des incroyants (muchrik[11]) et traités comme tels. Leur territoire est considéré comme domaine des infidèles (kafir) ou domaine de l'incroyance (Dar al-kufr) ce qui autorise de s’attaquer aux personnes et aux biens[8]. Les azraqites considèrent qu’il est licite de tuer les jeunes enfants nés de parents considérés comme muchrik. En revanche il est illégal de soumettre une femme convaincue d’adultère à la lapidation. L’auteur d’une calomnie envers un homme respectable n’est pas soumis à la peine prévue de quatre-vingt coups de fouet mais celui qui commet la même faute envers une femme est soumis à cette peine[12].
— Djaffar Mohamed-Sahnoun, Op. cit. (lire en ligne), chap. I (« Le pré-chi'isme : les trois premiers imams »), p. 34. Voir aussiLiens externes
Bibliographie
Notes et références
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