Claude HardyClaude Hardy
Claude Hardy, alias Antoine Vasset (?), est un polymathe précoce, né vers 1604 au Mans et décédé le à Paris. Linguiste, mathématicien et homme de loi français, il est connu pour avoir possédé 36 langues et donné l'une des plus belles traductions des œuvres de François Viète. BiographieUne famille de juristesSon père, Sébastien Hardy de l’Estour et de la Tabaize, est originaire de Paris, il est lui-même traducteur d’espagnol et d’italien, l'auteur de livres de comptabilité, appréciés de son temps et d'une traduction latine du bien vivre du cardinal Bellarmin[1]. Sa mère se nomme Marie Belot-Despontis. Receveur des tailles du Mans, son père est nommé peu après sa naissance Conseiller auprès de la cour de Paris. En 1604, Sébastien réside à Paris rue Quinquempoix, paroisse Saint-Jacques de la Boucherie. Son grand-père, également prénommé Claude, est pareillement conseiller au Châtelet de Paris (et seigneur de Lestourville). Par sa grand-mère, Simone Chartier, issue de Thifane Le Maire, Claude Hardy descend du croisé Eudes de Chaillou. Par sa tante, Françoise Hardy, il est allié des seigneurs de Waroquier[2]. En 1610 la famille s'installe rue Saint-Honoré, paroisse Saint-Germain-de-l’Auxerrois. En 1613, Claude Hardy donne une traduction d'Erasme[3] publiée sous le titre : de la civilité morale des enfants par Claude Hardy, parisien âgé de neuf ans[4]. En 1614, Claude Hardy publie une traduction[5] de vers du poète Verin, fils d'Ugolin, mort à 17 ans, en 1487[6] ; il a onze ans[7]. L'année suivante, le , Claude perd son grand-père[8]. Vers 1620, il lit le traité de Dioptrice de Kepler, publié à Augsbourg, en 1611[9]. En 1622, Hardy se marie à Paris avec Perrette Presche[10]. Publications scientifiquesTrès tôt, Claude Hardy se lie à l'ami de son père et de René Descartes, le trésorier général d'Amiens, Claude Mydorge. Celui-ci est un physicien spécialiste de l'optique et des miroirs. Admis aux rendez-vous hebdomadaire de Mersenne, il rencontre Roberval, Gassendi, Étienne Pascal et Peiresc. Lorsque Descartes s'enfuit de Hollande (1623), il trouve refuge chez Sébastien Hardy[11]. Dès lors la vie de la famille est liée à celle du philosophe. En 1625, le jeune Hardy fait publier une traduction (du grec en latin) des Data d'Euclide[12], suivie d'un commentaire de Marinus, disciple de Proclus. Sa traduction est unanimement saluée. Pierre Hérigone la fait figurer parmi les œuvres marquantes de sa chronologie des mathématiques. Une édition moderne des commentaires a été reproduite en 1947 par Maurice Michaux de l'université catholique de Louvain. Avocat, Claude Hardy suit ses aïeux dans la carrière. En 1625, il est attaché au Parlement de Paris ; en 1626, il est nommé conseiller de la cour de justice de Paris, au Châtelet. On le dit d'une insigne probité. En 1629, dans sa lettre du relative aux langues, Descartes écrit à Mersenne : Et je m'assure, que vous donniez à Monsieur Hardy un bon dictionnaire en Chinois, ou en quelquautre langue que ce soit, & un liure écrit en la mesme langue, qu'il entreprendra d'en tirer le sens. Ce qui empesche que tout le monde ne le pourroit pas faire. En 1630 il publie un Examen de la duplication du cube, rejetant la méthode d'Yvon. Sa connaissance du grec, de l'arabe et des mathématiques lui permettent d'effectuer de nombreuses traductions d'auteurs de l'Antiquité. Certains témoins lui prêtent la connaissance de 36 dialectes orientaux[13]. La même année, on lui attribue, sous le nom d'Antoine Vasset, l'une des premières traductions de François Viète avec celle du Sieur de Vaulezard[14]. Dans l'académie de MersenneEntre 1634 et 1635, Mersenne le propose à Peiresc pour traduire de l'arabe un manuscrit de musique maure, que Peiresc a reçu du Caire et qu'on croit truffé de vocables persans. Peiresc le récuse[15]. Lorsqu'en 1637, Pierre de Fermat critique sa Dioptrique, Descartes attaque Fermat sur sa théorie des minima puis demande à Mydorge et à Hardy de le soutenir. Mydorge et Hardy soutiennent Descartes (leur manuscrit s'est perdu), contre Roberval et Étienne Pascal ; ils en triomphent grâce à l'appui de Girard Desargues et de De Beaune (quoique la méthode proposé par Fermat soit correcte et plus simple que celle de Descartes)[16], puis s'emploient à réconcilier les deux hommes. De Hollande, Descartes fournira Hardy en livres qu'on ne pouvait trouver à Paris[13]. En 1638, il publie une Réfutation de certaines preuves de la duplication du cube. On lui doit également une réfutation de Longomontanus sur la quadrature du cercle (mentionnée par Pierre Bayle dans son Dictionnaire historique et critique[17]). Le , il perd son père. On connaît de lui un magnifique blason[18]. Par ailleurs, on sait que Hardy a pratiqué des expériences de chimie avec Annibal Barlet, médecin et alchimiste, et Pierre Borel, avant que celui-ci ne devienne médecin de Louis XIV[19]. Lorsque Descartes disparaît, on perd toutefois la trace de ses travaux. Vers 1552, il rencontre, ainsi que De Beaune le mathématicien hollandais Rasmus Bartholin[20]. Entre 1660 et 1662, Claude Hardy déclare à Christian Huygens, devant Jean Chapelain et Melchisédech Thévenot, avoir vu 40 ans plus tôt, en Silésie ou en Moravie, un recueil imprimé du Traité des trois imposteurs[21],[22],[23]. On lui connaît pour ami Pierre Gassendi, auquel il donne ses instruments astronomiques[24] et Pierre-Daniel Huet, évêque d'Avranches, qui parle avantageusement de lui dans ses commentaires[25]. Il se seraient rencontrés par l'intermédiaire de Gassendi[26] dont il est chargé, en 1657-58, avec Chapelain, Henri Bernier et quelques autres, de rassembler les originaux afin de lui rendre un dernier hommage[27],[28]. En juillet 1675, ou à sa mort, la plupart de ses livres et manuscrits sont rachetés par Colbert[29]. Outre son édition de Viète sous le nom d'Antoine Vasset, on lui doit également une vie de l'évêque Adalberon, livre laissé à l'état de manuscrit et publié anonymement par le père Labbe. Enfin, on prête à Claude Hardy l'origine de la rumeur accréditée par l'écrivain chalonnais Perry et le père Philibert Papillon, qui donne Pierre Hérigone comme un pseudonyme de Cyriaque de Mangin. Il meurt conseiller de Paris, en avril 1678. Il ne semble pas entretenir de liens de parenté avec le graveur Claude Hardy, né à Nancy et venant après lui. Œuvres
Sources
Bibliographie
Liens externes
Articles connexesFrançois Viète • Descartes • Eudes de Chaillou • Claude Mydorge • Fermat • Étienne Pascal • Roberval • Mersenne |