En mathématiques, un espace de Lindelöf est un espace topologique dont tout recouvrementouvert possède un sous-recouvrement dénombrable. Cette condition est un affaiblissement de la quasi-compacité, dans laquelle on demande l'existence de sous-recouvrements finis. Un espace est dit héréditairement de Lindelöf si tous ses sous-espaces sont de Lindelöf. Il suffit pour cela que ses ouverts le soient.
Pour qu'un espace X soit de Lindelöf, il suffit que tout recouvrement de X par des ouverts d'une base fixée possède un sous-recouvrement dénombrable (la démonstration est la même que l'analogue pour les quasicompacts, en remplaçant « fini » par « dénombrable »). Cela rend immédiat le résultat suivant :
Lemme de Lindelöf — Tout espace à base dénombrable est de Lindelöf[1].
Toute image continue d'un espace de Lindelöf est de Lindelöf[2].
Tout espace réunion dénombrable de sous-espaces de Lindelöf (en particulier tout espace dénombrable) est de Lindelöf[2].
Démonstration
Soit un espace dont les sous-espaces sont de Lindelöf, et soit un recouvrement ouvert de . Alors, chaque est recouvert par une sous-famille dénombrable . L'ensemble est dénombrable et recouvre .
En général, on n'a aucune implication (dans un sens ou dans l'autre) entre la propriété de Lindelöf et les autres propriétés de compacité. Cependant :
tout espace σ-compact est clairement de Lindelöf (cas particulier de la propriété précédente) ;
Un espace est dit fortement de Lindelöf si tous ses ouverts sont de Lindelöf.
Tout espace fortement de Lindelöf est héréditairement de Lindelöf, c'est-à-dire que tous ses sous-espaces sont de Lindelöf. (Il suffit, pour le vérifier, d'écrire que tout recouvrement ouvert d'une partie Y de X est de la forme (Y ⋂Oi) où les Oisont des ouverts de X et que leur réunion O est alors un ouvert contenant Y et recouvert par les Oi.)
Tout espace à base dénombrable est fortement Lindelöf (puisque ses sous-espaces sont à base dénombrable).
Un produit d'espaces de Lindelöf n'est pas toujours de Lindelöf. Le contre-exemple classique est le plan de SorgenfreyS×S, produit de la droite de Sorgenfrey S par elle-même. Dans le plan S×S, l'antidiagonale D (la droite d'équation y = – x) est un sous-espace discret donc n'est pas de Lindelöf (puisque D n'est pas dénombrable). Or D est un fermé de S×S, qui n'est par conséquent pas de Lindelöf non plus.
Cependant, le produit d'un espace de Lindelöf par un espace quasi-compact est de Lindelöf[6].
Généralisation
Un espace est dit κ-compact (ou κ-Lindelöf), pour un cardinal κ donné, si tout recouvrement ouvert possède un sous-recouvrement de cardinalitéstrictement inférieure à κ. Les espaces quasi-compacts sont donc les ℵ0-compacts et les espaces de Lindelöf sont les ℵ1-compacts.
À tout espace X on associe son degré de Lindelöf, ou nombre de Lindelöf, noté L(X) et son degré héréditaire de Lindelof, noté hL(X)[7] :
L(X) est le plus petit cardinal infini κ tel que tout recouvrement ouvert de X possède un sous-recouvrement de cardinalité inférieure ou égale à κ et
hL(X) est la borne supérieure des L(Y) pour toutes les parties Y de X.
Avec cette notation, X est de Lindelöf si et seulement si L(X) = ℵ0, mais la donnée de L(X) ne suffit pas à distinguer si X est quasi-compact ou seulement de Lindelöf. C'est pourquoi, bien que moins couramment, certains auteurs donnent le nom de nombre de Lindelöf[8]de X (ou parfois degré de compacité[réf. nécessaire]) à une notion différente : le plus petit cardinal infini κ tel que X soit κ-compact.
↑(en) M. G. Murdeshwar, General Topology, New Age International, , 2e éd., 357 p. (ISBN978-81-224-0246-9, lire en ligne), p. 256, « Tychonoff's Lemma »
↑ ab et c(en) Chris Good, « The Lindelöf Property », dans K. P. Hart, J.-I. Nagata et J. E. Vaughan, Encyclopedia of General Topology, Elsevier, , 1re éd. (ISBN978-0-08053086-4, lire en ligne), p. 182-184
↑Pour plus de détails, voir par exemple (en) Alessandro Fedeli, « On the cardinality of Hausdorff spaces », Commentationes Mathematicae Universitatis Carolinae, vol. 39, no 3, , p. 581-585 (lire en ligne).