François Englert, né dans une famille juive belge d'origine polonaise, est un survivant de la Shoah[2]. Il a été caché pendant toute la durée de la guerre, d'abord chez une famille belge, les époux Camille et Louise Jourdan à Lustin (aujourd'hui Profondeville), des Justes parmi les nations, dont il salue la bravoure[3]. Il reconnaît que les attentions et l'amour de ses parents ont été déterminants et très importants pour lui.
Cursus académique
François Englert effectue ses études primaires à Bruxelles et en garde un bon souvenir. Il est un bon élève et se souvient qu'il savait lire avant d'entrer à l'école primaire. Il fait ses études secondaires à l'Athénée royal de Koekelberg. Son professeur de mathématiques l'a particulièrement marqué et inspiré, contrairement au professeur de géographie dont il n'aimait pas les cours. Il trouvait que ses études étaient son affaire personnelle et il n'attendait pas ni n'aimait que ses parents s'en occupent. Une des conséquences est qu'il a signé lui-même ses bulletins, imitant la signature de son père qu'il a convaincu de le laisser poursuivre, lorsque celui-ci a voulu regarder les bulletins, pour que la supercherie ne soit pas découverte[4].
François Englert intègre ensuite, sur les conseils de son professeur de mathématiques, soucieux de lui procurer un avenir financièrement sûr, la faculté des sciences appliquées de l'Université libre de Bruxelles. Il obtient un diplôme d'ingénieur civil mécanicien et électricien à l'ULB en 1955. Il se rend compte rapidement qu'il aime mieux comprendre le fonctionnement des éléments plutôt que leur utilisation. Devenu assistant à la faculté des sciences appliquées, il entame des études de physique dont il ne suit pas les cours car il n'en a pas le temps, études qui le mènent à une licence de physique en 1957 et un doctorat l'année suivante. Il part ensuite pour l'université Cornell, aux États-Unis, où il est nommé associé de recherches en 1959 et professeur assistant l'année suivante. Il travaille alors sous la direction de Robert Brout, avec qui il collaborera toute sa vie.
En 1961, il revient à l'ULB où il est d'abord chargé de cours, puis professeur en 1964. Robert Brout l'y rejoint et tous deux sont à la tête du service de physique théorique qu'ils créent ensemble en 1980. Il accède à l'éméritat en 1998. Il est aussi « Sackler Professor by Special Appointment » à l'université de Tel Aviv.
Principales réalisations
En collaboration avec Robert Brout, il propose, le , le mécanisme de Brout-Englert-Higgs pour expliquer la masse de particules élémentaires[5]. Un tel mécanisme est proposé presque simultanément (le 31 août) par Peter Higgs[6], au nom duquel est également associé le boson de Higgs, aussi appelé « boson de Brout-Englert-Higgs ».
Le nom de François Englert est également lié au modèle de l'inflation cosmique, une phase d'expansion accélérée qu'aurait connue l'Univers très tôt dans son histoire et qui permet d'expliquer pourquoi celui-ci est homogène et isotrope à grande échelle, conformément à ce qui est observé. Si Englert n'est certes pas associé à la mise en évidence explicite des avantages de ce scénario (dont la paternité est attribuée, entre autres, à Alan Guth en 1980), il a auparavant proposé, toujours avec Robert Brout ainsi que Edgard Gunzig, que des fluctuations quantiques macroscopiques puissent être à l'origine de la création d'espace comme c'est le cas lors d'une phase d'inflation[7].
Distinctions
François Englert a reçu une multitude de distinctions dans sa vie, dont le prix Nobel de physique.
Titre de noblesse
Le , il obtint concession de noblesse héréditaire avec le titre personnel de baron[8].
(en) Autobiographie sur le site de la fondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — le Nobel Lecture — qui détaille ses apports)