Frutolf de Michelsberg (ou Frutolf de Bamberg) est un moinebénédictin et chroniqueur allemand du Moyen Âge, mort le , auteur notamment d'une Chronique universelle racontant l'histoire du monde de la Création jusqu'en l'an 1101.
Vie et œuvre
Il était moine de l'abbaye de Michelsberg(de) à Bamberg (un établissement fondé en 1015 par le premier évêque de la ville, et dépendant étroitement de lui et ses successeurs). Frutolf y fut peut-être prieur. En tout cas, c'était un remarquable lettré qui fut écolâtre du monastère[1] et consacra beaucoup de temps à la bibliothèque de l'établissement, l'enrichissant par ses propres œuvres et aussi comme copiste de nombreux manuscrits.
La Chronique de Frutold est une compilation d'un nombre remarquablement élevé de sources[4], témoignant de la grande érudition de l'auteur, avec en même temps un effort d'intégration de toutes ces sources dans un récit unifié et cohérent. Sa chronologie est en décalage de dix ans avec celle de Bède le Vénérable. Sa Chronique apparaît comme la plus riche et la mieux conçue de l'époque avec celle de Sigebert de Gembloux.
Frutold a aussi laissé un Breviarium de musica en treize chapitres et un Tonaire (livre liturgique où les chants de messe sont classés selon les huit tons du plain-chant). L'œuvre musicologique de Frutolf est une synthèse, principalement, du De institutione musica de Boèce et des ouvrages de Bernon de Reichenau (Prologus in Tonarium) et d'Hermann Contract. Moins sûrement, on lui assigne aussi un Liber de divinis officiis et un traité intitulé Rythmimachia (sur un jeu consistant en certaines combinaisons de nombres).
Éditions
Rudolf Peiper (éd.), Fortolfi Rythmimachia, Leipzig, Teubner, 1880.
Cölestin Vivell (éd.), Frutolfi Breviarium de musica et Tonarius, Vienne (Sitzungsberichte der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, 188, II), 1919.
Franz-Joseph Schmale, Irene Schmale-Ott et Christian Lohmer (éds.), Die Chronik des Frutolf von Michelsberg und ihre Fortsetzungen, MGH, Scriptores (in Folio), n° 33, 2013.
Bibliographie
Harry Bresslau, « Die Chroniken des Frutolf von Bamberg und des Ekkerhard von Aura », Neues Archiv der Gesellschaft für Ältere Deutsche Geschichtskunde, vol. 21, 1895, p. 197-234.
Michel Huglo, Les tonaires. Inventaire, analyse, comparaison, CNRS, Société française de musicologie, Paris, Heugel, 1971 (p. 283-286).
Bruno Stäblein, « Frutolf vom Michaelsberg als Musiker », in Musik und Geschichte im Mittelalter. Gesammelte Aufsätze, Göppingen, Kümmerle, 1984, p. 45-54.
Wanda Gaweowska, « Alexandre le Grand dans l'œuvre Chronicon Universale de Frutolf de Michelsberg », Balkan Studies 31, 1990, p. 51-56.
Christian Lohmer, « 150 Jahre Edition der Chronik des Frutolf von Michelsberg », in Zur Geschichte und Arbeit der Monumenta Germaniae Historica, Munich, 1996, p. 44-58.
Rebecca Maloy, « The Roles of Notation in Frutolf of Michelsberg's Tonary », The Journal of Musicology, vol. 19, n° 4, 2002, p. 641-693.
Katharina Heyden, « Der Jenaer Autograph der Chronik des Frutolf von Bamberg mit der Fortsetzung des Ekkehard von Aura », in Martin Wallraff (dir.), Welt-Zeit. Christliche Weltchronistik aus zwei Jahrtausenden in Beständen der Thüringer Bibliothek Universitäts- und Landesbibliothek Jena, Berlin, 2005, p. 81-89.
Irene Schmale-Ott, article « Frutolf, Benediktiner, Chronist († 17.1.1003) », Neue Deutsche Biographie 5, 1961, p. 671.
↑MGH, section Scriptores, t. VI (Chronica et annales ævi Salici) : Ekkehardi Uraugiensis chronicon universale ad a. 1106 p. 33-231, et Chronici universalis pars altera a. 1106-1125 p. 231-265 ; réimpression dans la Patrologia Latina, vol. 154, col. 497-1063.