Il fut de 1923 à 1974 sous le sigle GLM un éditeur de poésie, réputé en particulier pour ses éditions d'ouvrages illustrés par de prestigieux artistes.
Vie et œuvre
Typographe par passion, imprimeur et poète, Guy Lévis Mano compose lui-même et imprime des ouvrages et des plaquettes sur des papiers de grande qualité, avec plusieurs tirages dont certains sur des papiers de couleur pastel unie. Ses livres sont fréquemment illustrés par des dessinateurs et des peintres aujourd'hui célèbres. Il attache un grand prix au choix des caractères, à la mise en page - en harmonie avec le support papier - et à l'illustration, ce en quoi il est un éditeur innovant.
Poète lui-même, son œuvre, qu'il édite tout au long de sa vie, est profondément marquée par cinq années de captivité en Allemagne comme prisonnier de guerre durant la Seconde Guerre mondiale.
Guy Lévis Mano fut également traducteur de poètes étrangers, espagnols notamment.
Commentaire
René Char a célébré ainsi le talent d'éditeur et la personnalité de Guy Lévis Mano : « Lorsque la passion de donner l'existence à un recueil de poèmes s'unit à la connaissance de la poésie et de l'art d'imprimer, cela nous apporte d'admirables réussites et rétablit l'objet dans sa plénitude durable. Guy Lévis Mano est le seul aujourd'hui qui satisfasse à ce souci hautain. Il y consacre sa foi, sa compétence, sa générosité et son enthousiasme. [...] L'oasis G.L.M. sur la carte de la Poésie, c'est l'oasis des méharistes de fond ! »[2]
Postérité
Une collection des ouvrages édités par GLM, les plaques et la presse des éditions sont exposées dans un musée Guy-Lévis-Mano créé par la fondation Robert Ardouvin de Vercheny, dans la Drôme.
L'association Guy Lévis Mano a pour but de perpétuer le souvenir de Guy Lévis Mano, de faire respecter ses dispositions testamentaires et d’assurer la continuité de son œuvre. Elle gère le fonds des ouvrages encore disponibles à la vente et diffuse les informations et l’actualité sur Guy Lévis Mano.
Georges Bataille, Sacrifices, texte accompagnant un album de cinq-eaux fortes par André Masson, 1936 : Mithra, Orphée, Le Crucifié, Minotaure, Osiris (tirage limité à 150 exemplaires)[3].
Revue Acéphale (1936-1939), illustrée par André Masson. Quatre numéros ont paru de à , le dernier numéro () ayant été imprimé, mais non publié[4].
Michel Leiris, Miroir de la tauromachie, avec trois dessins par André Masson, 1938 (tirage unique à 800 exemplaires) ; réédité par Guy Lévis Mano en 1964, précédé de Tauromachies.
René Char, À la santé du serpent, illustré de 26 dessins par Joan Miró, 1954 (tirage limité à 604 exemplaires).
René Char, Retour amont, illustré de quatre eaux-fortes de Alberto Giacometti, 1965 (tirage limité à 188 exemplaires). Il s'agit de l'ultime œuvre de Giacometti qui, malade, ne put signer les exemplaires, comme mentionné dans le justificatif. L'ouvrage parut en , et Giacometti mourut le [5].
Bibliographie
Écrits de Guy Lévis Mano
1924-1939
Les éphèbes, illustré de 10 compositions de Lucien Lovel, La revue sans titre, 1924
Trois poèmes de la tristesse et de la mort, images de Gaston Poulain, Des Poèmes, 1924
C'est un tango pâmé, imagé par Gaston Poulain, Henry Parville, 1925
Treize minutes, portrait et frontispice par Françoise Nicole, Henry Parville, 1927
Au coin de l'aventure qui n'a pas de nom, avec une critique de poésie par Blaise Allan et dix essais d'illustration photographique par Gill Pax, Minutes, 1931
Il est fou. 11 minutes, images de Raymond Gid, portrait du typographe par Pierre Reginaud, GLM, 1933
Ils sont trois hommes, jeu typographique de l'auteur, GLM, 1933
L'Homme des départs immobiles (fragment), dessins de Raymond Gid, interprétation typographique, GLM, 1934
L'Homme des départs immobiles, GLM, 1934
Jean et Jean, avec une photographie par Pierre Kieffer, GLM, 1935
Longueur des nuits où rien n'arrive, frontispice de Dil, GLM, 1935
Trois typographes en avaient marre, frontispice de Raymond Gid, GLM, 1935
Négatif, avec une photographie de Man Ray, GLM, 1936
Crâne sans lois, GLM, 1937
Crâne sans lois, avec cinq dessins de André Masson, GLM, 1939
1943-1947, sous le pseudonyme de Jean Garamond
Poèmes, dans Cahier des écrivains prisonniers, Cahiers du Rhône, La Baconnière, 1943
Images de l'homme immobile, préface de Pierre Jean Jouve, postface de Pierre Courthion et Albert Béguin, Cahiers du Rhône, La Baconnière, 1943
Poèmes, dans Poètes prisonniers, cahier spécial de Poésie 43, Seghers, 1943
Images de l'homme immobile, II, gravure de Valentine Hugo, édité par les Amis de GLM en l'attente du retour de Jean Garamond captif, 1945
Captif de ton jour et captif de ta nuit, Images de l'homme immobile de Jean Garamond, GLM, 1945
Homme exclu de la vie et de la mort, Images de l'homme immobile de Jean Garamond, GLM, 1945
La Nuit du prisonnier, Images de l'homme immobile de Jean Garamond, portrait par Valentine Hugo, GLM, 1945
Ont fait nos cœurs barbelés, préface d'Albert Béguin, onze dessins de Pierre-César Lagage, GLM, 1947
Captivité de la chair, GLM, 1947
1954-1974
Mal à l'homme, GLM, 1948
L'Extrême Adversaire, GLM, 1954
Il n'y a pas plus solitaire que la nuit, GLM, 1957
Le Dedans et le Dehors, GLM, 1961 ; les exemplaires de tête avec une eau-forte de Joan Miró, GLM, 1966
Trois typographes en avaient marre, GLM, 1967
Loger la source (édition collective contenant : L'Extrême Adversaire, Il n'y a pas plus solitaire que la nuit et Le Dedans et le Dehors), avant-poème de René Char, Gallimard, 1971
Les absences du captif, GLM, 1974
Rééditions
Trois typographes en avaient marre, GLM, 1967 ; réédition dans une nouvelle composition avec l'accord de l'association Guy Lévis Mano, Quiero éditions, Forcalquier, 2011
Loger la source ; réédition de l'édition Gallimard de 1971, augmentée des derniers poèmes et d'un avant-propos d'Andrée Chedid, Éditions Folle Avoine, Bédée, 2007
Images de l'homme immobile ; édition reprenant l'ensemble des poèmes de captivité publiés entre 1943 et 1947, avec la gravure de Valentine Hugo, Éditions Folle Avoine, Bédée, 2013
Les éphèbes ; réédition de l'édition de 1924, avec une présentation par Jean-Marc Barféty, Bibliothèque GayKitschCamp, 2018
Il est fou ! réédition dans une composition originale de Samuel Autexier des 11 minutes avec 15 gravures sur bois de David Audibert, Quiero éditions, Forcalquier, 2022
↑René Char, « Guy Lévis-Mano, artisan superbe », préface au Catalogue abrégé 1933-1952 des éditions GLM, Paris, 1956, repris dans René Char, Dans l'atelier du poète, Gallimard, collection « Quarto », Paris, 1996, p. 745.
↑Ces cinq eaux-fortes firent l'objet d'une exposition à la Galerie Jeanne Bucher en juin 1933. Le texte de Bataille est repris dans Œuvres complètes, t. I, Paris, Gallimard, 1970, p. 87-96. Il se termine par cette phrase : « La mort qui me délivre du monde qui me tue a enfermé ce monde réel dans l'irréalité du moi qui meurt. » Avec des modifications assez importantes, Bataille l'a repris dans L'Expérience intérieure, sous le titre « La mort est en un sens une imposture », Œuvres complètes, t. V, Paris, Gallimard, 1973, p. 83-92. Sacrifices a été réédité avec L'Anus solaire, Paris, Éditions Lignes, 2011, 48 p.
↑Réédition en fac-similé des cinq numéros, préface de Michel Camus intitulée « L'acéphalité ou la religion de la mort », Paris, éd. Jean-Michel Place, 1995.