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Hasdrubal le Beau

Hasdrubal le Beau
Fonction
Gouverneur
- av. J.-C.
Biographie
Naissance
Décès
Époque
Activités
Militaire, homme politiqueVoir et modifier les données sur Wikidata
Famille
Conjoint
Middle daughter of Hamilcar Barca (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Hamilcar Barca (beau-père)
Hannibal Barca (beau-frère)
Hasdrubal Barca (beau-frère)
Magon Barca (beau-frère)Voir et modifier les données sur Wikidata
Statut
Noble (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Hasdrubal le Beau, appelé aussi Hasdrubal l'Ancien (en punique : 𐤏𐤆𐤓‬𐤁‬𐤏𐤋), né vers à Carthage et assassiné en , est un chef militaire et homme politique carthaginois.

Après la mort d'Hamilcar Barca, il devient le gouverneur de l'Ibérie. Pendant son règne, il agrandit les territoires contrôlés par les Carthaginois en péninsule Ibérique, fonde Qart Hadasht et signe un traité avec les Romains.

Biographie

Alliance avec Hamilcar Barca

À la suite d'actions menées en Sicile pendant la première guerre punique, Hamilcar Barca est menacée de poursuites judiciaires à Carthage à la fin de celle-ci vers [B 1]. Des soutiens politiques, notamment celui de son gendre Hasdrubal le Beau lui évite une condamnation[B 2]. Plus tard, en , Hamilcar Barca choisit de partir dans les possessions littorales puniques en péninsule Ibérique après un conflit politique avec la faction d'Hannon le Grand[B 3]. Ce choix serait dû à la perte de la Sardaigne au profit des Romains et de la nouvelle indemnité (après celle mise en place à la fin de la première guerre punique) que les Carthaginois doivent payer aux Romains[B 4]. La péninsule Ibérique est vue comme un territoire riche et facile à exploiter pour produire rapidement des revenus[B 5]. Hasdrubal le Beau arrive donc à Gadès en Ibérie au printemps de cette même année en accompagnant son beau-père Hamilcar Barca et son beau-frère Hannibal Barca[A 1].

Dexter Hoyos suggère à partir d'Appien qu'au moment du départ d'Hasdrubal, celui-ci est un dirigeant politique ayant de la popularité, mais qui serait contre l'aristocratique de Carthage[B 4]. Le même Dexter Hoyos en interprétant Diodore de Sicile mentionne qu'Hasdrubal n'est pas nécessairement anti-aristocratique car il fait partie de l'aristocratie de la ville[B 6]. Auparavant, Edmund Groag propose une autre interprétation à la participation au voyage d'Hasdrubal, c'est-à-dire à un accord entre les Barcides et les anti-Barcides en échange de son départ le calme dans la capitale punique[B 4].

Vers -, une révolte éclate dans les territoires numides de Carthage[A 2],[B 7]. Hasdrubal est envoyé par Hamilcar pour écraser la révolte, ce qu'il parvient à faire en tuant 8 000 Numides et en faisant 2 000 prisonniers[A 2].

Commandant des forces puniques en Ibérie

Succession d'Hamilcar Barca

Vers -, après la mort d'Hamilcar Barca, la fonction de commandement des armées puniques dans la péninsule Ibérique étant élective, Hasdrubal le Beau est acclamé par ses soldats (probablement principalement par ses officiers)[B 7], puis il est confirmé dans sa nomination par la population de Carthage[B 8]. En revanche, il semble échouer à prendre le contrôle des armées puniques en Afrique selon Quintus Fabius Pictor[B 9]. Il dirige donc les forces carthaginoises en Ibérie après la mort d'Hamilcar et sa première action est de venger la mort de son beau-père[A 3],[B 3]. Avec 50 000 fantassins expérimentés, 6 000 cavaliers et 100-200 éléphants, il engage d'abord une campagne militaire punitive contre Orissus, le chef de la tribu des Oretani[A 3]. Puis, il attaque onze autres tribus qui ont participé à la bataille amenant à la mort d'Hamilcar[A 3]. Les capitales sont prises, les tribus concernées sont obligées de payer un tribut tandis que d'autres tribus se placent sous la protection d'Hasdrubal et de l'armée punique[A 3].

Puis il épouse lui-même une princesse ibérique et pousse le jeune Hannibal Barca à épouser Himilce, une autre princesse ibérique[1]. Avec ce mariage, il devient un « Roi des Ibères » ou un « roi hellénistique » ce qui lui aurait valu l'admiration des tribus du sud de la péninsule Ibérique[A 3],[B 10]. Il fait frapper des pièces de monnaie à son effigie[A 4]. Ses adversaires politiques à Carthage le soupçonnent de vouloir instaurer une monarchie[A 3]. Werner Huß estime en réalité qu'il est à peine considéré comme un roi de style hellénistique par les tribus locales[A 5].

Fondation de Qart Hadasht

Plaque blanche avec des lettres noires en majuscule mentionnant Hasdrubal comme le fondateur de Qart Hadasht (aujourd'hui Carthagène)
Détail de la plaque derrière le buste d'Hasdrubal le Beau à Carthagène où la mention de Francisco Franco a été supprimée. Texte original « Asdrúbal, general carthaginés de la familia bárcida, fundó esta ciudad Nova Carthago en CCXXIII a. J. C. En MCMLXV, Cartagena honra su memoria siendo [Franco caudillo] de España ». Texte traduit : « Hasdrubal, général carthaginois de la famille des Barcides, fonda cette ville Carthago Nova en . En 1965, Carthagène honore sa mémoire avec [Franco chef] de l'Espagne. »

En , il déplace la capitale punique de ce territoire de Akra Leuké (Alicante) vers une nouvelle ville qu'il vient de fonder, Qart Hadasht (Nouvelle Carthage en punique), sur le site de l'actuelle Carthagène en Espagne[A 5]. Il accomplit ici un acte divin par excellence, c’est-à-dire la construction d’une nouvelle ville[2]. La raison principale du choix de l'implantation est dû aux conditions naturelles qu'offre ce site[A 5]. Pour confirmer la conception de son propre pouvoir, il fait ériger dans la nouvelle ville un magnifique édifice, une sorte de palais royal, dans lequel il s'installe et vit selon le protocole hellénistique : une révolution pour les conventions puniques[3]. Le reste de la ville semble construit rapidement[A 5].

Traité de l'Iber

À l'initiative des Massaliotes, Rome envoie une ambassade à l'automne ou au printemps auprès d'Hasdrubal barca avec pour objectif que celui-ci ne s'allie pas avec les Celtes dans un futur conflit entre ces derniers et Rome[A 6]. En échange, Hasdrubal négocie auprès des ambassadeurs romains que ces derniers ne gênent pas les plans puniques en péninsule Ibérique[A 6].

Le traité avec Rome partage alors la péninsule Ibérique en deux zones d'influence : l'Èbre constitue la frontière entre les zones et les deux puissances s'interdisent d'agir en quoi que ce soit sur les terres adverses.

Ce traité n'est pas ratifié par le sénat carthaginois à Carthage, mais les Romains estiment que l'État carthaginois y est lié[B 11].

Assassinat et succession

Comme Hamilcar Barca, pendant son règne Hasdrubal fait envoyer des richesses issues des territoires qu'il gouverne au parti Barcides au Sénat de Carthage[A 7]. Il semble passer les années suivantes à développer l'influence carthaginoise dans la péninsule Ibérique par des moyens diplomatiques aussi bien que militaires[A 8]. À partir de , il confie des tâches militaires à Hannibal Barca de retour en péninsule Ibérique à l'automne [A 8]. Quintus Fabius Pictor mentionne qu'il gouverne sans transmettre ses décisions au Sénat de Carthage, exemple que suivra Hannibal après lui[B 12].

En , il est assassiné dans sa maison ou au cours d'une partie de chasse par un esclave celte dont il avait fait mourir le maître au moment où il est en train de préparer une campagne militaire contre les Olcades[A 9]. L'armée punique de la péninsule Ibérique choisit de nommer Hannibal Barca, fils d'Hamilcar Barca, pour lui succéder ; cette décision est ensuite confirmée par le peuple de Carthage même si le parti anti-Barcides au Sénat à Carthage contesta la nomination[A 7].

Par intérêt ou pour venger la mort d'Hasdrubal, la première action militaire d'Hannibal est de marcher sur la ville d'Althia, la capitale des Olcades[A 7].

Historiographie

Antiquité

Buste en plâtre. Il représente un homme barbu, en uniforme militaire antique avec un casque sur la tête
Buste en plâtre tenant de représenter Hasdrubal le Beau d'après le sculpteur C. Alcaraz en 1929. Il est exposé au musée archéologique municipal de Carthagène.

Polybe, historien grec du IIe siècle, rapporte dans ses livres II et III de ses Histoires la nomination d'Hasdrubal comme commandant, ses aspirations à la monarchie, la fondation de Qart Hadasht, les données sur le traité de l'Iber et l'assassinat d'Hasdrubal[A 10],[B 8]. Polybe utilise parfois comme source les Annales de l'homme d’État et historien romain Quintus Fabius Pictor pour évoquer des anecdotes sur Hasdrubal comme celle sur la nomination d'Hasdrubal comme commandant, même s'il juge ce dernier pro-romain[B 13].

Cornélius Népos, écrivain latin du Ier siècle av. J.-C., mentionne l'arrivée d'Hasdrubal le Beau dans la péninsule Ibérique dans le chapitre consacré à « Hamilcar » de son œuvre Des capitaines remarquables des pays étrangers[A 2]. Diodore de Sicile, historien grec du même siècle, évoque le début du commandement d'Hasdrubal, son accession au titre de « chef des Ibères » et son assassinat dans le livre XXV de sa Bibliothèque historique[A 11],[B 14].

Tite-Live, historien romain du Ier siècle av. J.-C. et du Ier siècle, rappelle les éléments du traité de l'Iber dans ses livres XXI et XXIV de son Ab Urbe condita libri et l'assassinat du commandant carthaginois[A 12].

Appien, historien grec du IIe siècle, fait état dans son chapitre VI traitant de la Guerre Ibérique de sa seule œuvre Histoire romaine de sa nomination comme chef des Ibères du sud de la péninsule Ibérique ainsi que des éléments sur le traité de l'Iber et l'assassinant du chef carthaginois[A 13].

Justin, historien romain du IIIe siècle, mentionne l'assassinat d'Hasdrubal dans le livre XLIV de son Abrégé des Histoires Philippiques[A 7].

Époque contemporaine

Edmund Groag, professeur d'université autrichien de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe siècle spécialisé dans la Rome antique, fait allusion aux possibles raisons du départ d'Hasdrubal de Carthage dans son livre Hannibal als Politiker paru en 1929[B 6].

Gilbert Charles-Picard, historien et archéologue français du XXe siècle dans son ouvrage Hannibal paru en 1967 et Karl-Heinz Schwarte, historien allemand de la même époque estiment dans leurs travaux que les membres de la famille des Barcides en péninsule Ibérique ont les mêmes prérogatives que les « proconsuls romains » avec une certaine indépendance par rapport à la métropole[B 10].

Notes et références

  1. Brizzi 2000, p. 50.
  2. Brizzi 2000, p. 49.
  3. Brizzi 2000, p. 48.
  • Geschichte der Karthager
  1. Huß 1985, p. 272.
  2. a b et c Huß 1985, p. 270.
  3. a b c d e et f Huß 1985, p. 275.
  4. Huß 1985, p. 275-276.
  5. a b c et d Huß 1985, p. 276.
  6. a et b Huß 1985, p. 277.
  7. a b c et d Huß 1985, p. 279.
  8. a et b Huß 1985, p. 278.
  9. Huß 1985, p. 278-279.
  10. Huß 1985, p. 275-279.
  11. Huß 1985, p. 275 et 278.
  12. Huß 1985, p. 277 et 279.
  13. Huß 1985, p. 275, 277 et 279.
  • Barcid 'proconsuls' and punic politics, 237-218 B.C.
  1. Hoyos 1994, p. 261-262.
  2. Hoyos 1994, p. 262.
  3. a et b Hoyos 1994, p. 248.
  4. a b et c Hoyos 1994, p. 260.
  5. Hoyos 1994, p. 266.
  6. a et b Hoyos 1994, p. 261.
  7. a et b Hoyos 1994, p. 252.
  8. a et b Hoyos 1994, p. 249-250.
  9. Hoyos 1994, p. 253.
  10. a et b Hoyos 1994, p. 257.
  11. Hoyos 1994, p. 256.
  12. Hoyos 1994, p. 247.
  13. Hoyos 1994, p. 247 et 253.
  14. Hoyos 1994, p. 254.

Annexes

Bibliographie

Fonds antique

Bibliographie générale

  • (en) Robert Malcolm Errington, « Rome and Spain before the Second Punic War », Latomus, t. 29,‎ , p. 25-57 (JSTOR 41526054).
  • (es) Víctor Martínez Hahnmüller, « Entre la ambición y el patriotismo. La supremacía bárquida y su relación con Cartago », Latomus, t. 77,‎ , p. 395-415 (JSTOR 48741823).
  • (en) Dexter Hoyos, « Barcid 'proconsuls' and punic politics, 237-218 B.C. », Rheinisches Museum für Philologie, nos 3-4,‎ , p. 246-274 (JSTOR 1234156).
  • (de) Werner Huß, Geschichte der Karthager, Munich, C.H. Beck, (ISBN 9783406306549, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Bibliographie spécialisée sur le général et sa famille

  • (it) Giovanni Brizzi, Annibale, Rome, RAI-ERI, (ISBN 978-8839711137). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (es) Jorge García Cardiel, « Asdrúbal el Bello un estadista en provincias », Desperta Ferro: Antigua y medieval, no 53,‎ , p. 24-30 (ISSN 2171-9276).
  • (en) Christian San José Campos, « The murder of Hasdrubal and the problematic literary transmission in classical sources », Eirene. Studia Graeca et Latina, vol. LVIII,‎ , p. 297-337 (lire en ligne, consulté le ).
  • (it) Sergio Ribichini, « L'assassinio di Asdrubale la « bella morte » e ilriso sardonico », dans Manuel Molina Martos, Jesús Luis Cunchillos et Antonino González Blanco, El mundo púnico. Historia, sociedad y cultura: (Cartagena, 17-19 de noviembre de 1990), (ISBN 84-7564-160-1), p. 115-130.
  • (en) « 3. Historical Context and Hannibal », dans Cornelius Nepos, Life of Hannibal: Latin Text, Notes, Maps, Illustrations and Vocabulary, (JSTOR j.ctt17w8gvz.9), p. 21-2.

Bibliographie sur le traité de l'Èbre

  • Jérôme Carcopino, « Le traité d'Hasdrubal et la responsabilité de la deuxième guerre punique », Revue des Études Anciennes, t. 55, nos 3-4,‎ , p. 258-293 (lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Paul Erdkamp, « Polybius, the Ebro Treaty, and the Gallic Invasion of 225 B.C.E. », Classical Philology, vol. 104, no 4,‎ , p. 495-510 (JSTOR 10.1086/650983).
  • Thérèse Liebmann-Frankfort, « Le « traité de l'Èbre » et sa valeur juridique », Revue historique de droit français et étranger, vol. 50, no 2,‎ , p. 193-204 (JSTOR 43847823).
  • (es) Enrique Javier Martínez López, « El tratado de Asdrúbal: firma, vigencia, muerte, torcimiento y metamorfosis », Boletín Anual del Centro Arqueológico Saguntino,‎ , p. 43-101 (lire en ligne, consulté le ).
  • (it) Giuseppe Nenci, « Il trattato romano-cartaginese ϰατὰ τὴν Πτρρου διὰβασιν », Historia: Zeitschrift für Alte Geschichte,‎ , p. 263-299 (JSTOR 4434577).

Liens externes

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