Histoire de la Bosnie-HerzégovineLa Bosnie-Herzégovine, située dans le sud-est de l’Europe sur la péninsule balkanique, possède une histoire géopolitique presque ininterrompue depuis le Moyen Âge. Habité en continu depuis le Néolithique, ce territoire a successivement été le banat de Bosnie entre 1 154 - 1 377 ans, puis le royaume indépendant de Bosnie de 1 377 - 1 463 ans. Ensuite, il a été intégré en tant que pachalik ottoman de 1 580 - 1 878 ans, avec des frontières similaires à celles de la Bosnie actuelle, avant de devenir un condominium austro-hongrois de 1 878 - 1 918 ans. Sous la dictature du 6 janvier 1929, la Bosnie fut, pour la première fois en plus de 400 ans, temporairement abolie (1929-1943) en tant qu’entité administrative du royaume de Yougoslavie. De 1 945 - 1 992 ans, elle était république fédérale de la Yougoslavie et un État indépendant depuis 1992. Selon l’historien Noel Malcolm, une entité nommée « Bosnie » figure sur les cartes depuis environ 650 des 800 dernières années.
Préhistoire et AntiquitéLe Paléolithique en Bosnie-Herzégovine se distingue par une riche culture d'outils en silex, attestée sur plus de 200 sites, datant de 100 000 - 35 000 ans av. J.-C.. Les découvertes archéologiques révèlent que la région constituait une route de migration importante pour les Néandertaliens et les Homo sapiens vers l'Europe. Plusieurs sites principaux présentent des outils en pierre semi-précieuse ainsi que des restes animaux[1],[2]. Parmi les rares œuvres d'art paléolithiques, la gravure d'un cheval attaqué par des flèches, découverte sur le site de la grotte de Badanj et datée de 13 000 - 12 000 ans av. J.-C., est attribuée aux Cro-Magnons et s'inscrit dans le style méditerranéen[3]. Plus tard, une autre gravure ainsi que des objets âgés de 40 000 ansont été découverts dans la grotte de Podlipe, près de Sokolac[4]. À l'époque néolithique, la Bosnie-Herzégovine affiche un mélange d'influences méditerranéennes et pannoniennes. Des céramiques méditerranéennes apparaissent sur plusieurs sites d'Herzégovine, comme la «Grotte Verte», où les populations vivaient dans des grottes, ou sur des hauteurs. Au nord, notamment près de la rivière Bosna, les habitants s'établissent dans des maisons en bois inspirées par la culture de Starčevo. En Bosnie centrale, la culture de Kakanj, avec ses rhytons à quatre pieds, reflète un culte de la vitalité s'étendant jusqu'à la mer Égée[5]. La culture de Butmir, près de Sarajevo, se distingue par ses céramiques émaillées et ses sculptures humaines réalistes. Enfin, la culture de Vučedol, reconnue pour son artisanat raffiné, influence profondément le développement culturel de la région[6]. Les IllyriensDepuis la fin de l'âge du bronze et le début de l'âge du fer, la région de la Bosnie-Herzégovine était habitée par des tribus indo-européen, guerrières et connues sous le nom d'Illyriens. Ces derniers pourraient être apparentés aux Albanais modernes, ayant peut-être mélangé leurs lignées avec les populations indigènes proto-valaques. Parmi les nombreuses tribus illyriennes présentes sur le territoire de l'actuelle Bosnie-Herzégovine, certaines méritent une attention particulière. Les Iapydes occupaient un vaste territoire, notamment le cours moyen de la rivière Una, près de Bihać[7]. Des informations précieuses sur cette tribu ont été recueillies sur le site archéologique de «Sojenice à Ripač», où les restes de rondins ont été découverts dans le lit de tuf de l'Una. Environ 2 500 morceaux de ces pieux ont été retrouvés. Ces serres, construites en bois sur des pieux de chêne profondément enfoncés dans le lit de la rivière, avaient des murs en bois enduits d'argile à l'intérieur, tandis que leurs toits étaient recouverts de paille. Parmi les artefacts découverts figurent une tête de cerf sculptée avec des bois ramifiés, des représentations figuratives en terre cuite, des statuettes divines en argile et de nombreux autres objets[8]. Les Daesitiates vivaient en Bosnie centrale, autour du cours supérieur de la rivière Bosna et de la vallée de Lašva. C’est sur ce territoire qu’émergera l’État médiéval de Bosnie[9]. Les Autariates étaient une tribu illyrienne qui prospéra entre le VIe au IVe siècle av. J.-C.. De nombreuses données historiques, découvertes philologiques et traces matérielles témoignent de leur présence. La "charrette du culte de Glasinac", ornée de motifs représentant des oiseaux de bassin, a été trouvée dans un tumulus familial sur le site de Glasinac polje et constitue la découverte archéologique la plus célèbre de la culture de Glasinac[10],[11] , associée au culte du soleil[12] . Cette charrette est actuellement exposée au musée de Vienne. La culture Glasinac, ainsi que la culture Butmir, a contribué à établir la Bosnie-Herzégovine dans le domaine de la science préhistorique européenne. L'économie des Autariates reposait principalement sur l'élevage, mais également sur la métallurgie, l'artisanat et le commerce. En raison de leur importance et de la forte demande de produits grecs et italiens, ils étaient les principaux partenaires commerciaux des Balkans pour les marchands grecs et italiens entre le VIIe et le IVe siècle avant notre ère[13]. Les Dalmatiens occupaient le sud-ouest de la Bosnie, dans la région de l'actuelle Dalmatie centrale, et c'est probablement d'eux que provient le nom "Dalmatie". Les Daorsi habitaient principalement autour du cours inférieur de la Neretva. Aujourd'hui encore, des vestiges de leur ville monumentale, Daorson, se trouvent près de Stolac[14]. Ils furent les premiers à entrer en contact avec les Grecs et les Romains de l'Antiquité, qui les soumirent à leur domination. Au VIIe siècle av. J.-C., les Illyriens subissent l'influence des Hellènes, plus puissants, qui pacifient les petites tribus, comme en témoigne l'absence d'armes dans les tombes. Cependant, d'autres tribus illyriennes survivent en tant que groupes militaires puissants et, au IVe siècle av. J.-C., elles fondent un royaume d'Illyrie qui s'oppose à Philippe II et Alexandre de Macédoine[15]. Certains aspects de la culture illyrienne semblent avoir influencé la culture bosnienne et ont perduré pendant deux millénaires. Le plus célèbre d'entre eux est le tatouage, qui, bien que non slave, était populaire notamment en Bosnie centrale, même jusqu'au XXe siècle. Il en va de même pour les sandales en cuir, des chaussures illyriennes qui ont continué à être portées à cette époque. Aux IVe et IIIe siècles av. J.-C., une partie des Celtes s'installe en Pannonie, celtisant presque entièrement les Illyriens qu'ils rencontrent et exerçant leur influence sur d'autres tribus illyriennes du sud. Ils ont particulièrement influencé les Autariates, entraînant une rupture dans le développement de la culture de Glasinac, ce qui a conduit à la disparition progressive des Autariates de ces régions. Avec l’arrivée des Romains dans les Balkans, les Illyriens, ainsi que les autres tribus, sont complètement romanisés. Domination romaine (-20/20-450 environ)Entre 229 et 150 av. J.-C., les Romains étendent leur présence au sud, initiant les guerres romano-illyriennes[16]. Après la dernière grande révolte illyrienne en l’an , les Romains imposent leur domination sur toute la région illyrienne, qu’ils intègrent sous le nom de province d'Illyricum. En l'an , cette province est scindée en Pannonie et en Dalmatie, englobant le territoire de l'actuelle Bosnie-Herzégovine. La domination romaine débuta par la pacification des terres conquises, notamment grâce à la construction d’un réseau routier reliant les centres administratifs, pour faciliter l’exploitation des richesses minières.Les Romains développèrent des mines d’or, d’argent, de fer et de sel, et édifièrent des camps militaires, des petites villes, ainsi que des colonies le long de ces voies[17],[18] . Le nom de la ville actuelle de Srebrenica trouve son origine dans les mines d'argent (« srebro ») exploitées à l'époque où la ville romaine était connue sous le nom de Domavia. Lors de la division de l'Empire romain , la province de Dalmatie tombe sous la juridiction de l'Empire romain d'Occident. Durant cette période, la région adopta progressivement le christianisme. Les Illyriens, intégrés à l'Empire, devinrent peu à peu citoyens romains et accédèrent à diverses fonctions sociales et militaires. À la fin du IVe siècle, la région subit les invasions des Huns, puis des Wisigoths et, plus tard, des Ostrogoths, qui dévastent le territoire et en prennent le contrôle en pour environ un siècle. L'empereur Justinien Ier parvient à rétablir brièvement l'autorité romaine, bien que celle-ci se limite principalement aux villes côtières. Toutefois, cette domination décline progressivement avec l'arrivée des Avars, puis les Slaves, qui pénètrent dans la région au VIe siècle[19]. Moyen-ÂgeArrivée des SlavesAu VIIe siècle, les Avars et les Slaves du Sud ont envahi les Balkans[20], profitant de l’affaiblissement de l’Empire romain, déjà fragilisé par des guerres et des conflits internes. La population indigène a souvent été décimée, permettant à de larges groupes de Slaves de s’établir sur des terres dévastées. Ils se sont implantés dans les Balkans, y compris dans la région de l’actuelle Bosnie-Herzégovine. Acceptant la suzeraineté politique, ils se sont intégrés progressivement aux populations locales illyriennes romanisées, contribuant ainsi à établir les bases culturelles et ethniques qui ont façonné durablement la région. Ces Slaves méridionaux étaient organisés en unions tribales appelées Sklavinies, des formations territoriales flexibles dirigées par des chefs qui tentaient de légitimer leur autorité en obtenant la reconnaissance des empereurs byzantins ou des papes romains. Agriculteurs et éleveurs, leur société reposait sur la famille élargie, dirigée par l’aîné, responsable du patrimoine et de la justice. Leur religion, simple, vénérait des dieux du Bien et du Mal, auxquels ils offraient des sacrifices[21]. La christianisation des Slaves du Sud devint ainsi un enjeu stratégique majeur dans la rivalité d’influence entre Rome et Constantinople. Conformément à la division de l’Empire romain en 395 et à la séparation progressive des Églises d’Orient et d’Occident, la rivière Drina devint une frontière historique — encore aujourd’hui entre la Bosnie et la Serbie. Dans ce cadre de division culturelle et religieuse[22], les populations slaves à l'ouest furent christianisées sous l’influence latinophone de Rome, utilisant principalement l’alphabet glagolitique pour leurs pratiques religieuses. À l’est, celles qui tombèrent sous l’influence de Constantinople adoptèrent l’alphabet cyrillique. Cette répartition n’était toutefois pas rigide, et des échanges culturels et religieux entre les deux sphères d’influence persistaient. Même si les Slaves se convertirent au christianisme, leur adhésion demeura souvent superficielle, et de nombreux éléments de leurs croyances polythéistes furent conservés, certains subsistant encore aujourd'hui dans les traditions populaires[23]. En raison de sa géographie montagneuse, la Bosnie fut probablement l'une des dernières régions des Balkans à adopter le christianisme, sous l'influence des centres urbains de la côte dalmate. Parallèlement, le bogomilisme se propagea dans la région, entraînant l'adhésion d'une partie de la population, également appelée « Patareni » et souvent associée par les historiens au catharisme ou au manichéisme[24],[25]. Les informations sur les premiers colons slaves dans les Balkans restent incomplètes. La reconstitution des structures proto-étatiques de la région au Xe siècle, distinctes des États actuels, repose principalement sur des découvertes archéologiques, des archives des grands empires et des manuscrits ecclésiastiques. Concernant l’histoire des débuts de l’État bosnien, en plus des sources mentionnées, il existe également des récits provenant des pays voisins, souvent biaisés ou peu bienveillants, qui tendent à présenter la terre bosnienne comme la leur[26]. Bien que diverses civilisations et peuples envahisseurs aient temporairement occupé certaines régions de la Bosnie, ils n'ont pas freiné l'émergence d'une identité bosnienne ni la formation d'un amalgame culturel unique. Les conquérants voisins ont fait face à une double résistance : l'opposition politique, marquée par des luttes tribales pour l'indépendance, et la résistance liée à la croyance bogomile[27]. Les habitants de la région ont réussi à préserver leur autonomie, et l'étendue géographique de ce qui est aujourd'hui la Bosnie-Herzégovine est restée stable au fil des siècles[28]. Le Banat bosnienL’émergence des premiers États dans les Balkans fut largement influencée par de grands empires tels que la Hongrie et Byzance, qui dominaient ces régions à l’époque. En Bosnie, les premières structures étatiques se développèrent à partir d’anciens clans et tribus, organisés en communautés locales fondées sur des liens de parenté. Ces communautés évoluèrent progressivement en entités plus vastes. Au début du Moyen Âge, plusieurs entités sont mentionnées dans les sources historiques concernant le territoire bosnien, telles qu’Usora, Soli, Donji Kraji, Rama et Zachlumie. Parmi celles-ci, Vrhbosna, située dans la vallée de la rivière Bosna, près de Visoko, occupa une position centrale. Ce territoire devint le noyau autour duquel s’organisèrent les régions voisines, jetant les bases du futur Banat de Bosnie. Dès le Xe siècle, des structures politiques organisées commencèrent à émerger, marquant la naissance de cette entité médiévale. Le Banat de Bosnie était dirigé par un ban, un titre désignant un chef à la fois militaire et administratif. Bien que le Banat fût parfois placé sous la suzeraineté de la Hongrie ou de l’Empire byzantin, il parvint à préserver une autonomie significative grâce à la flexibilité politique de ses dirigeants et à la protection naturelle offerte par son territoire montagneux difficile d’accès[29]. L’institution du ban existait déjà auparavant, mais le premier dirigeant de Bosnie mentionné dans les sources historiques est Ban Borić, qui exerça son autorité entre 1154 et 1164. Il mobilisa son armée aux côtés du roi hongrois dans une guerre contre Byzance, mais la victoire byzantine entraîna le passage de la région sous leur domination. Kulin (ban) (1180-1204) inaugura une période de prospérité et de stabilité pour la Bosnie. Connu pour sa déclaration de paix et de commerce avec la république de Dubrovnik en 1189, il renforça l’autonomie du territoire. La « Charte de Kulin », rédigée en Bosančica (cyrillique médiéval bosnien), est considérée comme l’un des documents historiques les plus significatifs des débuts de l’État bosnien. Elle illustre les premières initiatives diplomatiques et témoigne des échanges économiques dynamiques avec Dubrovnik. Toutefois, son règne fut marqué par l’émergence du mouvement des Bogomiles (ou Patarènes)[30]. Considérés comme hérétiques par le pape et les puissances voisines, les Bogomiles de Bulgarie et les Cathares de Dalmatie trouvèrent refuge en Bosnie, où leurs croyances influencèrent profondément la culture locale. En conséquence, la Bosnie devint le théâtre de nombreux conflits, persécutions et croisades[31],[32]. Les stećci, pierres tombales médiévales richement ornées, reflètent également cette époque, marquant l’héritage culturel et spirituel du territoire. Sous le règne de ban Matej Ninoslav (1232-1253), l’autonomie bosnienne fut renforcée face aux tentatives de domination extérieure, notamment de la Hongrie. Il consolida les relations avec Dubrovnik et s’opposa fermement aux croisades dirigées contre les hérétiques bosniens. Durant le mandat de ban Stjepan II Kotromanić (1322-1353), la Bosnie connut une expansion territoriale importante. Il annexa des régions voisines, comme l’Hum (Herzégovine), et établit des alliances stratégiques qui favorisèrent une période de prospérité. Avec l’accession au pouvoir de Tvrtko I (1353-1377), la Bosnie entra dans une phase de stabilisation politique et de consolidation territoriale. Tvrtko affermit son autorité sur l'Hum et les régions environnantes, tout en stimulant le développement économique grâce à des relations commerciales dynamiques avec Dubrovnik et Venise. Ses alliances diplomatiques permirent à la Bosnie de s’imposer comme un acteur influent dans les Balkans, malgré les pressions extérieures, notamment celles exercées par la Hongrie. Ces réalisations jetèrent les bases de la transformation du Banat en Royaume, aboutissant à son couronnement en 1377. Le Banat de Bosnie constitue une étape cruciale dans l’émergence d’un État bosnien distinct. De ban Borić à Tvrtko I, ses dirigeants ont forgé une identité nationale unique, enracinée dans une diversité culturelle, religieuse et politique singulière.
Le Royaume de Bosnie
Domination ottomane (1463-1878)De 1463 à 1483, les Turcs mettent fin à cet ordre féodal et un tiers environ des habitants, désireux d'éviter le haraç (impôt dû par les non-musulmans) et le devşirme (levée d'enfants chrétiens destinés au corps des janissaires et aux services administratifs ottomans), se convertit à l'islam. Privilégiés sous le régime ottoman, ils se multiplient au fil des quatre siècles de colonisation ottomane. Après la victoire du prince Eugène à la bataille de Zenta (1697), les Habsbourg l'annexent temporairement de 1718 (traité de Passarowitz) à 1739 (traité de Belgrade). Sous l'Empire ottoman, les paysans restés catholiques ou orthodoxes sont hostiles aux fonctionnaires turcs et aux grands propriétaires islamisés. Une révolte éclate en Bosnie en 1831 – 1832 (en), puis une autre en Herzégovine (août 1875) et en Bosnie (janvier 1876)[33]. En juillet 1876, la Serbie et le Monténégro déclarent la guerre à la Turquie Ottomane devant son refus d’accorder la Bosnie à la Serbie et l’Herzégovine[34] au Monténégro[33].
Des massacres sont commis par des irréguliers turcs, les bachi-bouzouks. La Russie et l'Autriche-Hongrie interviennent. La guerre russo-turque tourne au désastre pour les Ottomans qui doivent accepter l'indépendance de la Serbie et de la Bulgarie. L'Autriche-Hongrie occupe militairement la Bosnie-Herzégovine et le sandjak de Novipazar et en obtient l'administration provisoire lors du congrès de Berlin de 1878, bien que ces territoires restent officiellement ottomans[35]. Domination austro-hongroise (1878-1918)À l'époque, les musulmans sont près de la moitié de la population. L'autre moitié se partage entre catholiques et orthodoxes : ces derniers revendiquent l'union avec la Serbie voisine. L'annexion officielle de la province a lieu le [36]. La double monarchie prend cette décision car elle craint que la révolution des Jeunes-Turcs à Constantinople ne modifie le statut du territoire. En outre, elle est en conflit larvé avec la Serbie qui développe une politique expansionniste visant à regrouper les Slaves du Sud dont une partie sont rattachés à l'Autriche-Hongrie[37]. Ces relations tendues avec la Serbie vont entraîner des réactions terroristes. Ce sera le cas de Gavrilo Princip, assassin de l'archiduc François Ferdinand, héritier du trône des Habsbourg et de sa femme Sophie. Leur assassinat à Sarajevo le a servi de prétexte au déclenchement de la Première Guerre mondiale. 1914-1945
1945-1991 : période yougoslaveConformément au principe du Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes énoncé par le président américain Woodrow Wilson à l'issue de la Première Guerre mondiale, l'union entre le « Comité yougoslave » (Jugoslavenski odbor) slovène et croate avec la Serbie, permet la fondation du royaume des Serbes, Croates et Slovènes, renommé ultérieurement royaume de Yougoslavie. Les musulmans n'y étaient pas reconnus comme l'une des composantes du pays. Pendant la Seconde Guerre mondiale qui démantèle la Yougoslavie en 1941 les représentants des Bosniaques musulmans de Bosnie-Herzégovine se rallièrent à l'État indépendant de Croatie, allié du troisième Reich, tandis que les orthodoxes se rallièrent massivement aux Tchetniks (résistants Serbes royalistes) ou aux partisans (résistants communistes dirigés par le Croate Tito). La domination nazie sur la Bosnie-Herzégovine entraîne une persécution des Juifs, des Serbes et des Tziganes. Le le « Conseil antifasciste de libération nationale de Yougoslavie » se réunit à Jajce et décide de la formation d'une république populaire de Bosnie-Herzégovine au sein d'une future fédération yougoslave. La fin de la guerre et la victoire des Partisans entraîne la création de la république fédérative populaire de Yougoslavie, qui devient la république fédérative socialiste de Yougoslavie en 1963. Les élections parlementaires de 1990 élisent une assemblée dominée par trois partis basés sur des critères ethniques et qui avaient formé une coalition pour prendre le pouvoir aux communistes. La récente déclaration d'indépendance de la Croatie et de la Slovénie et les guerres l'ayant suivie placent alors la Bosnie-Herzégovine dans une situation difficile. La population était divisée sur la question de savoir si la Bosnie-Herzégovine devait rester dans une fédération yougoslave (un choix majoritaire chez les Serbes) ou chercher à obtenir l'indépendance (le choix majoritaire parmi les Bosniaques et les Croates). La déclaration de souveraineté d'octobre 1991 fut suivie d'un référendum en février et mars 1992, boycotté par la majorité des Serbes de Bosnie. Pour une participation de 64 %, 99,4 % des votants s'exprimèrent pour l'indépendance. Suivit alors une période d'escalade des tensions et le 6 avril la guerre civile éclate à Sarajevo. Indépendance : 1992La Bosnie-Herzégovine déclare son indépendance le . La reconnaissance internationale de l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine force alors l'Armée fédérale yougoslave à quitter le territoire de Bosnie-Herzégovine. De nombreux militaires serbes de la JNA changent d'insigne et créent alors, avec des engagés volontaires, l'Armée de la république serbe de Bosnie. Équipée par la JNA, financée par la république fédérale de Yougoslavie, grossie par ses volontaires et par des paramilitaires venant de Serbie (et ayant repris le nom des résistants Tchetniks de la Seconde Guerre mondiale), l'armée de la république serbe de Bosnie réussit en 1992 à placer 60 % du pays sous son contrôle. En 1993, 70 % du pays est contrôlé par la république serbe de Bosnie. De leur côté, Croates et Musulmans bénéficient du soutien de l'Union européenne et de l'OTAN (notamment de l'Allemagne et de la Turquie)[38] : la communauté internationale définit les Serbes comme étant les agresseurs et en mars 1994 la signature d'un accord à Washington crée une Fédération croato-bosniaque, la fédération de Bosnie-et-Herzégovine. Les Serbes se radicalisent et se livrent à des crimes de guerre, notamment le massacre de Srebrenica (reconnu comme tel par le TPI) en juillet 1995. Les efforts de la communauté internationale s'intensifient dès lors : plus de 38 000 militaires sous le drapeau de l'ONU sont envoyés en Bosnie-Herzégovine. L'été 1995, une offensive de la Forpronu (qui y perd 167 hommes et plus de 700 blessés, dont environ la moitié sont des soldats de l'armée française), des forces croates et musulmanes, contraignent les Serbes de Croatie à évacuer intégralement les territoires qu'ils y détenaient depuis l'indépendance, et ceux de la république serbe de Bosnie à évacuer 21 % du territoire de la Bosnie-Herzégovine. Bosnie-Herzégovine d’après-guerreÀ la suite de ces défaites serbo-yougoslaves, le , les belligérants signèrent à Dayton, Ohio, un traité de paix afin d'arrêter les combats. Les accords de Dayton partagèrent la Bosnie-Herzégovine en deux entités : La fédération de Bosnie-et-Herzégovine (51 % du territoire et 70 % de la population) et la république serbe de Bosnie (49 % du territoire et 25 % de la population). En 1995 – 1996, une force internationale de maintien de la paix (IFOR) dirigée par l'OTAN, comprenant 60 000 soldats, intervint en Bosnie afin de mettre en place et de surveiller les aspects militaires de l'accord. À l'IFOR succéda une force de stabilisation (Sfor) plus réduite (14 000 soldats en 2003) dont la mission était d'empêcher la reprise des hostilités. À cette Sfor, a succédé en décembre 2004, l'Eufor, une force militaire de l'Union européenne de 7 000 hommes environ. La force de police internationale de l'ONU en Bosnie-Herzégovine a été remplacée à la fin de 2002 par la Mission de police de l'Union européenne (MPUE), premier exemple pour l'Union européenne d'une telle force de police, ayant des missions de surveillance et d'entraînement. En 2008, la Bosnie-Herzégovine est un pays encore blessé. De nombreux charniers furent découverts après la fin de la guerre. Après la mort des présidents Tudjman et Milošević, la Croatie et la Serbie se sont excusées pour les agressions et les crimes de guerre commis sur le peuple bosniaque. Les criminels de guerre des trois camps ont été recherchés et poursuivis devant la Cour internationale de justice. Les principaux dirigeants de l'armée serbe, rendus responsables des évènements de Srebrenica, le général Ratko Mladić et Radovan Karadžić (ancien président de la république serbe de Bosnie) furent recherchés. Karadžić a été démasqué et arrêté à Belgrade le 22 juillet 2008, après une cavale de 13 ans, Mladić fut quant à lui arrêté à Lazarevo (Voïvodine, Serbie), par la police serbe, le 26 mai 2011, après quinze ans de cavale. Cependant l'essor économique rapproche les deux entités, tandis que la dissolution définitive de la Yougoslavie, le nombre des morts (la guerre a causé la mort de plus de 100 000 personnes et le déplacement de 1,8 million de personnes, toutes communautés confondues) et l'isolement hors de l'Union européenne ont rendu obsolète le rêve d'une Grande Serbie[39] cher aux anciennes générations serbes. En 2014, alors que le chômage touche officiellement plus de 40 % de la population active et que les privatisations se sont soldées par un pillage des ressources publiques, la situation économique du pays conduit à un mouvement de protestation de grande ampleur[40]. À partir de septembre 2021, une crise éclate entre Milorad Dodik, le membre serbe de la présidence bosnienne soutenu par la Serbie et la Russie, et les autorités fédérales, soutenues par l'ONU et l'Union européenne. Il s'engage dans un bras de fer avec les autorités fédérales après qu'une loi adoptée par l'Assemblée nationale de la république serbe de Bosnie soit déclarée inconstitutionnelle par la Cour constitutionnelle fédérale[41]. Le 10 décembre 2021, l'Assemblée nationale de la république serbe de Bosnie a adopté un ensemble de lois, dont celle concernant les forces armées, ouvrant la voie au retrait de la juridiction du niveau fédéral et au début d'une sécession[42]. Galerie de dirigeants politiques récentsGouvernement
Notes et références
Voir aussiArticles connexes
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Bosnie-Herzègovine ottomane (1463-1878/1908)
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AutresBibliographie
Lien externe
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