Humbaud d'Auxerre
Humbaud d'Auxerre (né vers le milieu du XIe siècle) est le 51e[N 1] évêque d'Auxerre de 1087 à 1114. BiographieHumbaud naît dans une famille noble d'Auxerre, avec pour parents Humbaud et Adele[1]. Il est d'abord admis par Héribert (év. 1040-1052) comme chanoine de Saint-Étienne, puis devient doyen du chapitre[1]. Élection et consécrationLe précédent évêque, Robert de Nevers, est décédé en 1084. « Vigoureux défenseur de l’Église et de son peuple, pasteur modéré et plein de douceur pour la conduite des âmes »[2], il est difficile à remplacer ; et un intervalle de trois ans se passe avant qu'un remplaçant soit désigné. Finalement, élu évêque d'un commun accord du clergé et des auxerrois, Humbaud fils va en Italie se faire consacrer par le pape Urbain II. Ce voyage pose question : pourquoi Humbaud va-t-il jusqu'au pape pour sa consécration, plutôt qu'à Sens par son archevêque (charge tenue par Richer de 1062 à 1096) comme il est de coutume ? Toujours est-il qu'Humbaud va à Milan, où se trouve Urbain II venu là pour régler un problème avec des "hérétiques". Urbain le consacre évêque d'Auxerre[1] le [3]. L'élection de Humbaud est la dernière faite par le peuple et le clergé. À partir de ce moment et jusqu'au concordat en 1516 un simulacre d'élection est fait par tout le clergé puis seulement par le chapitre, qui n'est en réalité qu'une simple présentation et pour laquelle le roi ou le pape n'ont aucune considération[4]. ÉpiscopatIl se montre humble, généreux, indifférent à la richesse matérielle qu'il emploie si nécessaire pour apaiser les différends des barons entre eux ou les plaintes des laïcs envers quelque ecclésiastique[3]. Mais il est très ferme concernant l'évêché. Récupération de biens de l'évêchéPendant les trois ans de vacance du siège épiscopal, des seigneurs tenant les baronnies de l'évêque se sont emparés de terres de l'évêché. À coups de censures ecclésiastiques (excommunications[N 2]), Humbaud reprend le château de Varzy des mains de Geoffroy de Donzy[5], le revenu épiscopal de Cosne de celles de Hugues le Manceau[N 3], et ses biens à Toucy de celles des barons du lieu[6]. Il retire aussi nombre d'autres églises des mains des laïcs[7]. Au concile de Nîmes de 1096 il obtient d'Urbain II le retour à l'évêché de l'abbaye Saint-Germain, qui avait été séquestrée par de précédents rois de France. Ainsi l'évêque décide de la nomination de son abbé et peut veiller à l'observation de la discipline. Or l'abbé du moment est Guibert, qui "tombe dans une faute considérable" et est dénoncé par ses propres moines. Humbaud cite Guibert au concile de Nîmes, où Guibert remet l'abbaye dans les mains d'Urbain II[9]. Urbain II donne à Humbaud la crosse de Guibert, lui reproche sa négligence[N 4] et lui dit de réformer Saint-Germain en faisant appel à la Chaise-Dieu, Cluny ou Marmoutier. Humbaud demande d'abord une colonie de moines de l'abbaye de Cluny, demande qui échoue. Ses appels aux deux autres abbayes échouent également. Il ne réussit à réformer Saint-Germain qu'en s'alliant à Étienne comte de Champagne, qui vient à Auxerre et s'unit à lui pour écrire à l'abbé Hugues de Cluny. Ce dernier envoie enfin un réformateur digne de ce nom : son propre neveu, Hugues de Montaigu, qui réussit si bien qu'il sera nommé pour prendre la succession de Humbaud en 1115[7]. Accroissement et embellissement des biens de l'évêchéIl acquiert pour l'évêché la moitié d'une terre appelée Laurea, située entre Courçon et Andrie[6] et qui pourrait être La Chapelle-Laurent[N 5]. Il fait remettre en état un clos de vigne de l'évêché situé près d'Auxerre. Il demande au pape de prendre toutes les terres de l'évêché sous sa protection, présentant lesdites terres comme le patrimoine de saint Germain (év. 418-448) ; le pape accepte[10].
Il embellit grandement Saint-Étienne[10], qu'il fait aussi recouvrir à neuf. Il fait construire une flèche de bois sur la tour de la chapelle Saint-Alexandre, qui fait partie de la cathédrale[11] - flèche qui tombera une nuit de grand vent sur la demeure de son successeur Hugues de Montaigu (év. 1115-1136) et décidera ce dernier à bâtir le palais épiscopal dont il reste de très beaux vestiges de nos jours[12]. L'autre tour de la cathédrale, bâtie au-dessus du chœur, se voit dotée d'une voûte de grosses pierres pour préserver les cloches. De beaux vitraux sont installés aux quatre fenêtres du grand autel, aux deux fenêtres du chœur et à 23 autres fenêtres de la nef. Il donne cinq très grands chandeliers ; un grand voile de lin orné de figures de rois et d'empereurs pour le côté gauche de l'église les jours de fête ; trois pièces de riche étoffe dont deux représentent des lions grimpans et la troisième des figures de rois à cheval ; des tapisseries de laine ornées de lions de différentes couleurs ; quatre chappes d'étoffe ; trois dalmatiques ; sept aubes ; des chasubles, étoles et manipules ; et plusieurs livres relatifs à l'office épiscopal. Il fait exécuter des peintures au-dessus de l'autel de Saint-Étienne, dans les cryptes au-dessus et en dessous de l'autel de la Trinité ; dans la crypte de Saint-Nicolas il fait faire des peintures du Christ, de la Vierge et de saint Jean[11],[13]. L'église Notre-Dame-La-D'Hors reçoit quant à elle une couverture d'aissis neufs au-dessus de son chœur[11]. Fondations, autres donationsLa plus importante fondation faite par Humbaud est celle de l'abbaye de Pontigny, réalisée sur une terre de franc-alleu de Hildebert, chanoine de Saint-Étienne. Hildebert lui demande d'y installer des bénédictins, ce qu'Humbaud fait ; il place Hugues de Mâcon comme premier abbé. Ceci se passe vers la fin de son épiscopat[9]. Il installe des chanoines réguliers dans les églises Saint-Père et Saint-Eusèbe. Mais il a soin de ne pas les choisir dans la même maison (probablement pour mieux garder les abbayes sous le contrôle de l'évêché) : il s'adresse à l'abbaye Saint-Laurent-près-Cosne pour Saint-Eusèbe. Et comme Saint-Eusèbe est aussi le cimetière des chanoines de Saint-Étienne, il leur donne le revenu de l'annuel des messes célébrées à l'intention des chanoines décédés (ce revenu avait été fondé par Robert, son prédécesseur) ; il a auparavant demandé l'assentiment de son clergé pour cette donation[7] Selon l'historien de sa vie, l'abbaye Saint-Laurent-près-Cosne reçoit de lui quatre églises tirées des mains des laïcs : Garchy, Tracy, Saint-Martin du Troncet et Saint-Quentin. Le nécrologe de Saint-Laurent indique qu'il a aussi donné à cette abbaye l'église de Saint-Cyr-les-Coulons. Le prieuré de La Charité-sur-Loire reçoit de lui un grand nombre d'églises, qui ne sont pas nommées[7] mais semblent être celles dans les environs du prieuré[16]. Le monastère de Crisenon, pour hommes et qui plus tard deviendra une abbaye de femmes, est fondé durant son épiscopat et avec son consentement[16]. Présence aux conciles et autres événements publicsSa réputation le fait inviter à de nombreux conciles. Il participe aux conciles de Nîmes (1096), d’Étampes (1099), d'Anse (près de Lyon - en l'an 1100), de Troyes (1104) et de Paris (1104 ou 1105)[16]. Il est à la dédicace de l'église Saint-Étienne de Nevers faite en 1097 par Yves de Chartres[16]. En 1107 il est au monastère de Saint-Benoît-sur-Loire, assistant à la translation des reliques de saint benoît d'une châsse dans une autre. Il y est de nouveau en 1108 pour l'enterrement de Philippe Ier, et il assiste au couronnement de Louis le Gros à Orléans le . La même année il accompagne Louis le Gros à Bourges. En 1109 il est à Nevers pour jouer le médiateur entre Norgaud évêque d'Autun et les moines de Cluny[16]. Sa signature (son sceau) apparaît sur l'acte de fondation de l'abbaye Saint-Victor de Paris[17]. Son dernier voyage l'emmène en pèlerinage jusqu'à Jérusalem[17]. MortIl meurt le , naufragé sur le chemin de retour de Jérusalem. Il n'a pas pris le temps de fonder son anniversaire (de mort), et c'est son neveu Ilger ou Ulger qui s'en charge ; pour ce faire Ulger donne à l’Église un moulin[N 7] qu'il a fait bâtir à Aigleny, sous condition que ce jour d'anniversaire soit marqué par un repas commun pour les chanoines[17]. Voir aussiArticle connexeBibliographie: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Notes et référencesNotes
Références
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