I Lombardi alla prima crociata est le quatrième opéra du jeune Verdi qui vient de triompher l'année précédente avec Nabucco. Giuseppe Verdi, alors jeune compositeur, répond à une commande de Bartolomeo Merelli, directeur du Teatro alla Scala de Milan, qui sera une puissante aide aux débuts de Verdi. Temistocle Solera pour le livret, a pour charge de réaliser le texte d'un opéra en quatre actes à partir du poème en 15 chants de Tommaso Grossi, véritable épopée des croisades des Lombards. Les allusions à l'occupation autrichienne et la domination des Habsbourg, qui avaient fait le succès de Nabucco, notamment au travers des célèbres chœurs de délivrance, sont à nouveau de mise dans ce nouvel opéra, au travers de la délivrance de Jérusalem par les Lombards. Lors de la première, l'ouvrage remporte un immense succès populaire, notamment après le « O Signore dal tetto natio », chœur patriotique, et le public acclame le compositeur et les chanteurs par de très longs rappels[3]. Le succès est moindre dans les villes italiennes où l'oeuvre se produit par la suite (Florence, Venise). Une version française est écrite par d’Alphonse Royer et Gustave Vaëz et l'oeuvre est remaniée dans le genre du Grand opéra à la française, par le compositeur et rebaptisée Jerusalem, pour être présentée 26décembre1847 à l'opéra de Paris, dans la salle de la rue Le Peletier.
I Lombardi est régulièrement donné sur toutes les scènes internationales jusqu'à nos jours et a vu de grands noms de l'art lyrique s'y produire. Luciano Pavarotti, Placido Domingo, José Carerras ont été des interprètes illustres du rôle d'Oronte dans les années 70 et ont laissé des enregistrements de référence.
Francesco Meli a repris le rôle ces dernières années à plusieurs reprises, et l'une des représentations au Teatro Regio de Torino, en 2018, a fait l'objet d'une captation filmée[4]. L'opéra de Monte Carlo en a également proposé quelques représentations en 2021[5].
La scène est à Milan, entre 1097 et 1099. Dans l'église Saint-Ambroise, Arvino accorde son pardon à son frère Pagano qui l'avait agressé dans un accès de jalousie, par amour pour la belle Viclinda, maintenant l'épouse d'Arvino. Après avoir été proscrit et exilé, Pagano revient à Milan avec le pardon de sa famille. Les citoyens milanais s'en réjouissent, mais ni Arvino, ni sa femme et ni sa fille Giselda ne croient à son repentir. À ce moment, le prieur annonce qu'Arvino conduira les croisés à Jérusalem. Resté seul avec l'écuyer Pirro, Pagano révèle sa rancœur contre Viclinda et son frère qu'il médite de tuer avec la complicité de Pirro et de quelques hommes de main.
Pendant ce temps, au palais de Folco, Giselda et Viclinda sont inquiètes pour l'avenir d'Arvino : elles craignent que ne survienne quelque chose d'horrible. Elles font un vœu (Salve, Maria) et jurent que s'ils sont sauvés, elles iront avec Arvino en Terre Sainte. Dans le même temps, Pirro révèle à Pagano qu'Arvino s'est croisé et qu'il peut agir. Pagano, face à l'effroi de Viclinda et de Giselda, tue non pas Arvino, qui survient attiré par le bruit, mais son père. Pagano, horrifié, invoque sur lui la malédiction de Dieu. Giselda empêche qu'on le tue, disant que l'unique châtiment pour Pagano est le remords.
Acte II - L'uomo della caverna
Le second acte s'ouvre sur la chambre d'Acciano, tyran d'Antioche. Le tyran invoque la vengeance d'Allah sur les chrétiens qui ont envahi le territoire. Oronte, son fils, demande à sa mère Sofia, secrètement convertie au christianisme, des nouvelles de Giselda, la belle prisonnière chrétienne qu'il aime et dont il est aimé. Sa mère lui confie que Giselda l'épousera seulement s'il se convertit au christianisme. Oronte accepte.
Dans une grotte, Pagano vit en exil, attendant l'arrivée des chrétiens. Pendant ce temps, Pirro, devenu musulman se présente à lui sans le reconnaître. Il invoque son aide pour obtenir le pardon divin : en tant que gardien des portes d'Antioche, il pourra les ouvrir aux Lombards. Au même moment paraît Arvino, qui ne reconnaissant pas son frère lui non plus, l'implore afin de sauver sa fille Giselda. Pagano annonce que la ville tombera cette nuit même.
Dans le harem, Giselda supplie sa mère de lui pardonner d'aimer un païen. Sofia révèle à la triste Giselda qu'un traître a livré la ville aux chrétiens et qu'Oronte et Acciano sont morts dans la bataille. Arvino arrive juste pour entendre sa fille maudire le triomphe des chrétiens et la répudie. Il va la tuer quand s'interpose l'ermite qui la sauve en rappelant qu'elle avait agi ainsi par amour.
Acte III - La conversione
Dans la vallée de Josafat. Giselda pleure Oronte, qui apparaît soudain vêtu en Lombard. Il n'était pas mort mais seulement blessé. Après un duo (Teco io fuggo), ils s'enfuient ensemble. Arvino, en la voyant fuir avec son amant (Sì, del ciel che non punisce), la maudit en même temps que Pagano, que des croisés ont vu en leur compagnie.
Pendant ce temps, Giselda conduit Oronte mortellement blessé dans la grotte. Survient Pagano, qui exhorte Oronte à se convertir par amour pour Giselda. Converti, Oronte meurt en invoquant Giselda et avec la bénédiction de Pagano.
Acte IV - Il Santo Sepolcro
Toujours dans la caverne. Pagano montre Giselda, assoiffée et brûlante de fièvre, qui implore le pardon. La jeune fille délire : Oronte lui apparaît en songe, annonçant aux chrétiens que les eaux du Siloe apaiseront les effets de la sécheresse qui les a frappés.
Les Lombards prient le Seigneur en se rappelant l'air frais, la nature et la paix de la terre lombarde sur l'air de la fameuse prière : O signore, dal tetto natio. Arrivent Giselda, Pagano et Arvino qui annoncent qu'ils ont trouvé les eaux du Siloe, comme prédit par le rêve de Giselda. Pendant que les chrétiens exultent, Pagano, sur le point de mourir, révèle à Arvino qu'il n'est pas simplement ermite, mais aussi son frère et invoque son pardon. Arvino le bénit pendant que Jérusalem tombe aux mains des croisés.
Structure musicale
Acte 1
1 Prélude
2 Ouverture
Chœurs Oh nobile esempio! (Coro) Scena I
Scène Qui nel luogo santo e pio (Pagano, Arvino, Viclinda, Giselda, Pirro, Coro) Scène II
Quintette T'assale un tremito!... - sposo, che fia? (Viclinda, Giselda, Arvino, Pagano, Pirro) Scène II
Suite de l'ouverture Or s'ascolti il voler cittadino! (Priore, Arvino) Scène II
Strette de l'ouverture All'empio che infrange la santa promessa (Viclinda, Giselda, Pirro, Arvino, Pagano, Chœurs )
3 Chœurs et Aria de Pagano
Chœur A te nell'ora infausta (Coro interno di Claustrali) Scène III
Recitatifs Vergini!... il ciel per ora (Pagano) Scène IV
Aria Sciagurata! hai tu creduto (Pagano) Scène IV
Tempo di mezzo Molti fidi qui celati (Pirro, Pagano) Scène IV-V
Chœur Niun periglio il nostro seno (Coro di Sgherri) Scène V
Cabalette O speranza di vendetta (Pagano, Coro) Scène V
4 Recitatifs et Ave Maria
Recitatif Tutta tremante ancor l'anima io sento... (Viclinda, Arvino, Giselda) Scène VI
Marie-Aude Roux, I Lombardi, dans Guide des opéras de Verdi, Jean Cabourg directeur de la publication, Fayard collection Les indispensables de la musique, Paris, 1990, pp. 99-110 (ISBN2-213-02409-X)
Patrick Favre-Tissot-Bonvoisin, " Giuseppe VERDI ", Bleu Nuit Éditeur, Paris, 2013. (ISBN978-2-35884-022-4)
Piotr Kaminski, I Lombardi alla prima crociata, Fayard, collection Les indispensables de la musique, Paris, 2004, pp. 1571-1573 (ISBN978-2-213-60017-8)