Ilie BaleaIlie Balea
Ilie Balea, né le 25 juin 1923 à Brașov, en Roumanie et mort le 13 août 1985 à Cergy-Pontoise, en France, est un metteur en scène d’opéra, musicologue, professeur d’université et chercheur roumain. BiographieIlie Balea[1] est un musicologue[2] et metteur en scène[3] roumain exilé en France en 1982 durant la dictature de Ceaușescu. ÉtudesIlie Balea suit ses études secondaires au lycée Andrei Șaguna de Brașov (en), réputé pour la qualité de son enseignement. Cette formation lui permet d’entamer des études universitaires dès l’âge de dix-sept ans. De 1940 à 1942, il étudie le solfège, l’harmonie et le contrepoint au Conservatoire municipal de Brașov. Puis, il enchaîne sa vie universitaire entre les villes de Sibiu et Cluj. Ce déplacement entre les deux villes intervient à la suite du deuxième arbitrage de Vienne : l’Université de Cluj, ville se trouvant dans le territoire cédé à la Hongrie, déménage en régime d’urgence pour Sibiu. De 1942 à 1946, Ilie Balea suit les cours de la Faculté de philosophie de Sibiu-Cluj. Ses professeurs sont des personnalités reconnues : Lucian Blaga (philosophie de la culture), Liviu Rusu (ro) (esthétique), Dumitru D. Roșca (philosophie), Nicolae Mărgineanu (ro) (psychologie). Parallèlement, il suit les cours de la Faculté de médecine de Sibiu-Cluj, de 1942 à 1948[1]. Durant son séjour à Sibiu, Ilie Balea rejoint le Cercle littéraire de Sibiu (ro) constitué, entre 1940 et 1947, par l’élite de Transylvanie réunie autour de son mentor spirituel, le poète et philosophe roumain Lucian Blaga (1895-1961). De retour à Cluj, ville rendue officiellement à la Roumanie lors du traité de Paris, Ilie Balea obtient, avec la mention « très bien », le diplôme de docteur en médecine[1] de l’Université Victor Babes de Cluj, le 13 octobre 1948, en soutenant la thèse « Les névroses d’organe ». Faisant toutefois le choix de se consacrer à la mise en scène d'opéra, Ilie Balea reprend le chemin des études. De 1949 à 1950, il suit les cours de mise en scène de l'Institut de Théâtre de Cluj[1].Dans la foulée, il est secrétaire artistique de l'Opéra roumain de Cluj[1]. Puis, en 1951, il devient metteur en scène de cette institution[2],[4]. Metteur en scène d’opéraIlie Balea réalise plus de 50 mises en scène d’opéra sur les scènes lyriques de Cluj, Timișoara, Galați (Roumanie), Téhéran (Iran), Ankara (Turquie), Paris, Belfort (France) et il effectue, avec sa troupe, des tournées en Italie et Bulgarie. Ilie Balea assure également la traduction en roumain d’un certain nombre de livrets d’opéra du répertoire classique[1]: Werther de Jules Massent (1962), Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns (1964), La Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart (1965) ou Le Triptyque de Giacomo Puccini (1971), entre autres. Mises en scène d’opéra réalisées par Ilie BaleaÀ l'Opéra roumain de Cluj[5], Ilie Balea met en scène Tannhäuser de Richard Wagner (1957), Faust de Charles Gounod (1960), Carmen de Georges Bizet (1960), Eugène Onéguine de Piotr Ilitch Tchaïkovski (1961), Werther de Jules Massenet (1962), Les Fiançailles au couvent de Sergueï Prokofiev (1964), Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns (1965), Ernani de Giuseppe Verdi (1966), Michelangelo de Alfred Mendelsohn (en)(1969), Don Carlos de Giuseppe Verdi (1970), La Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart (1970), Romulus de Salvatore Allegra (it)(1971), Le Triptyque de Giacomo Puccini (1972), Ulysse/Zamolxe de Liviu Glodeanu (1973), Le Secret de Don Giovanni de Cornel Taranu (1974), Degrés de l’histoire de Mihai Moldovan (de) et Modèle Mioritique de Corneliu Dan Georgescu (ro) (1974), Le livre avec Apolodor de Stefan Niculescu (en) (1975), Năpasta (Le Malheur) de Sabin Drăgoi (ro) (1977), Le Pays du sourire de Franz Lehár (1978), Der Vogelhändler (Le Marchand d'oiseaux) de Carl Zeller (1979), Pană-Lesnea de Paul Constantinescu (1980), Falstaff de Giuseppe Verdi (1982) À l’Opéra hongrois de Cluj, Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozart (1975). Au Studio du Conservatoire Gheorghe-Dima de Cluj, il met en scène La Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart (1965), Albert Herring de Benjamin Britten (1967), Le Secret de Don Giovanni de Cornel Țăranu (1970), Le retour d’Ulysse dans sa patrie de Claudio Monteverdi (1972), L’Histoire du Soldat de Igor Stravinsky (1972) À l'Opéra de Timișoara, il met en scène La Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart (1966), Michelangelo de Alfred Mendelsohn (1968), Le Secret de Don Giovanni de Cornel Țăranu (1973). Au Théâtre Musical de Galați (ro) , L’Elixir d’amour de Gaetano Donizetti (1979). À l’Opéra d’Ankara (en), Rigoletto de Giuseppe Verdi (1973), Pagliacci de Ruggero Leoncavallo (1974), Traviata de Giuseppe Verdi (1974), La Sonnambula de Giovanni Bellini (1974), Andrea Chénier de Umberto Giordano (1974), Le Barbier de Séville de Gioacchino Rossini (1975), Romeo et Juliette de Charles Gounod (1975). À l'Opéra de Téhéran, Talar-e Roudaki, Le Petit Chaperon Rouge de Jiří Pauer (1973). Au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, L’Histoire du Soldat de Igor Stravinski. Hommage à Nadia Boulanger (1980). Au Théâtre Goldoni de Livourne, Carmen de Georges Bizet (1981). Au Nouveau Théâtre de Belfort, Il mondo della luna (Le Monde de la Lune) de Joseph Haydn (1984). Livrets d’opéra écrits par Ilie BaleaComme l’indique Viorel Cosma (en) dans Muzicieni români[1], Ilie Balea est auteur de plusieurs livrets originaux : Povestea țapului (Le Conte du bouc) de Max Eisikovits (ro) (1954), Neamul Șoimăreștilor (La lignée des Șoimărești) de Tudor Jarda (ro) (1959), Fîntîna cu bucluc (La Fontaine aux tracas) de Max Eisikovits (ro) (1961), Secretul lui Casanova (Le Secret de Don Giovanni) de Cornel Țăranu (1969) Extraits des chroniques sur les mises en scène d'Ilie BaleaEn collaboration avec le scénographe George Codrea, il conçoit des créations visuelles ingénieuses pour de nombreux spectacles lyriques. Ses mises en scène sont remarquées pour leur esprit d’avant-garde et leur originalité, comme le démontrent les extraits des chroniques ci-dessous. Le Triptyque de Giacomo Puccini, Smaranda Oțeanu, Scînteia, 31 mai, 1972[6]
L’Histoire du Soldat de Igor Stravinsky, M. Caranica Fulea, Tribuna (ro) , 26 octobre 1972[7]
Outre le répertoire classique, Ilie Balea s'intéresse aux œuvres des compositeurs roumains ou étrangers de sa génération. Ces mises en scène sont saluées dans la presse roumaine : Ulysse/Zamolxe de Liviu Glodeanu, Michaela Caranica-Fulea, Tribuna (ro) , 17 mai 1973[8]
Ulysse/Zamolxe de Liviu Glodeanu, Teodora Albescu, România literară, n° 19, 10 mai 1973[9]
Degrés de l’histoire de Mihai Moldovan (de) et Modèle Mioritique de Corneliu Dan Georgescu (ro), Vasile Herman, Tribuna, 13 novembre 1975[10]
Ilie Balea auteur : journalisme, écrits théoriquesJournalismeEn tant que journaliste, Ilie Balea publie de nombreux articles et comptes-rendus dans la presse roumaine (Muzica (ro), Contemporanul (en), Tribuna (ro), România Literară, revue Steaua (ro), Secolul 20, Echinox) et étrangère (La Revue musicale et Autrement de Paris, Telegram de Zagreb). Il est important de souligner qu'il est le chroniqueur accrédité de la revue Tribuna (ro) de Cluj lors de la première édition du Festival Georges-Enesco[11] organisée, en 1958, en l’honneur du célèbre compositeur roumain[12]. Écrits théoriquesSémiologie de l’opéraSes travaux qui proposent une sémiologie de l’opéra s’inscrivant dans la poursuite du structuralisme. Ilie Balea s’inspire de personnalités-phares de ce courant de pensée, telles que Claude Lévi-Strauss en anthropologie, Roland Barthes en littérature, Jean Piaget en psychologie, mais aussi Julia Kristeva, Louis Hjelmslev ou Roman Jakobson et il les cite à maintes reprises dans ses écrits. Pour Ilie Balea, l'opéra est un champ d’interférences sémiologiques entre divers langages : littérature, musique et arts visuels[13]. Parmi ses écrits liés à la sémiologie de l'opéra, il faut rappeler : Le Dialogue des arts[14], Vers une sémiologie de l'opéra[13], Le paradigme du spectacle[15], Le spectacle, une poïetique de la présentation[16]. PhénoménologieIlie Balea participe aux colloques et travaux de la Société Internationale de phénoménologie et littérature. Dans ce cadre, il propose le concept opératoire de « veille paradoxale »[17], en tant que pendant du sommeil paradoxal. Celui-ci lui permet de présenter ses observations sur le cerveau et son fonctionnement lors du processus créatif : rêve - songe - mensonge – fiction. Les réflexions d'Ilie Balea sont nourries par des lectures sur les dernières découvertes en neurobiologie (Réflexions sur le cerveau de Francis Crick, entre autres), mais aussi en astronomie, physique ou mathématiques, comme Lectures on Physics de Richard P. Feyman ou Modèles mathématiques de la morphogenèse de René Thom. Ces ouvrages sont cités par Ilie Balea dans La Veille paradoxale, Phénoménologie et Littérature : l’origine de l’œuvre d’art[17]. PédagogieDans le cadre de Gong 49, atelier de l’étudiant-chanteur, organisé au Conservatoire Gheorghe Dima de Cluj de 1963 à 1974, Ilie Balea forme de nombreux chanteurs roumains qui connaîtront, par la suite, une carrière internationale : Julia Varady, Mariana Niculescu, Emil Gherman, Ion Tudoroiu, entre autres. Plus tard, il est invité au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris pour assurer diverses leçons, notamment Principes de composition du spectacle, leçon à la classe de composition (1980) et Six leçons sur la formation du chanteur-acteur (1982 – 1983). Dans le cadre de ses publications et ses stages pour les jeunes chanteurs auprès de la Fondation Royaumont, Ilie Balea met à contribution ses connaissances dans les domaines aussi divers que les neurosciences, la psychologie, les techniques vocales et de jeu pour développer des méthodes de travail visant à aider les chanteurs d’opéra dans leurs prestations scéniques. À retenir : La voix – complexité d’un signe, structure d’un langage multimodal, texte publié dans la Lettre de Royaumont N°1 et les stages « études analytiques des rôles d’opéras » qu'il a dirigés, en 1983, au Centre régional de la Voix d’Île-de-France, Fondation Royaumont[18]. Émissions radiophoniquesIlie Balea réalise et présente de nombreuses émissions radiophoniques en Roumanie et en France. Les dernières sont diffusées sur France Musique[19], de février à avril 1983, dans le cadre de « Musique de nuit » (28 février, 1er et 3 mars 1983), « D’une oreille l’autre » (13 mars 1983), « Embranchements wagnériens et déguisement du leitmotiv » (21et 24 mars 1983), « Musiciens à l’œuvre » : Islande (18 avril) ; Portugal (19 avril) ; Roumanie (21 avril) ; Grèce (22 avril). DiscographieIlie Balea est auteur des textes de pochette pour les disques Lucia Stănescu, Arii din opere, label Electrecord, Vinyle,1980, Lia Hubic, Arii din opere, label Electrecord, Vinyle,1980, Verdi, Puccini, Rossini - Solişti ai Operei române din Cluj, label Electrecord, Vinyle, sine die. En outre, il est auteur des paroles de Cîntec de urare de Tudor Jarda, dans A Țării primăvara, label Electrecord, Vinyle, 1972 et Vioara de Claude Romano (pseudonyme de George Sbârcea), dans Cele mai frumoase tangouri de Claude Romano, label Electrecord, Vinyle, 1980. Exil en FranceEn 1982, à l’âge de 59 ans, Ilie Balea est contraint de fuir la dictature de Ceaușescu qui sévit dans son pays natal. Durant les trois ans de sa vie en France (1982-1985), Ilie Balea donne des cours au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, il réalise des émissions de radio sur France Musique, il est sollicité dans le cadre du Centre régional de la Voix d’Île-de-France de la Fondation Royaumont où il assure des stages et publie des textes, il participe également aux travaux du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Paris, groupe de Recherches esthétiques, sous la direction de René Passeron et à des colloques nationaux et internationaux. Il est invité, en 1984, par le Nouveau Théâtre de Belfort pour mettre en scène Le Monde de la Lune de Joseph Haydn. Durant cette période, Ilie Balea travaille également à la rédaction de l’ouvrage OPÉRA – guide-dictionnaire en vue d’une publication aux éditions Jean-Claude Lattès. L'ensemble de ces activités menées par Ilie Balea en France sont détaillées par Francis Maréchal, Directeur culturel de la Fondation Royaumont[20] dans l'introduction à l'article La voix – complexité d’un signe, structure d’un langage multimodal publié dans la Lettre de Royaumont N°1. DécèsLe 13 août 1985, Ilie Balea meurt à l'âge de 62 ans et laisse derrière lui un certain nombre d'œuvres inachevées, notamment l'OPÉRA – guide-dictionnaire. Distinctions
Notes et références
AnnexesBibliographie
Liens externes
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