L'indice d'intégrité du paysage forestier (IIPF ; en anglais : Forest Landscape Integrity Index, FLII) est un indice mondial annuel de l'état des forêts mesuré par le degré de modification anthropique[1],[2],[3],[4],[5].
Interprétation, limites
Cet indice permet d'évaluer l'état de conservation et de naturalité des surfaces forestières actuellement existantes. Il prend en compte les activités humaines contribuant à la dégradation des forêts, notamment l'exploitation forestière, les incendies, l'exploitation de la faune et les effets de lisière. Les forêts à forte intégrité sont donc ici les forêts où l'homme intervient peu.
Mais les surfaces historiquement occupées par de la forêt et aujourd'hui déforestées, remplacées par des zones agricoles ou urbanisées, ne sont pas prises en compte dans cet indice. Cet indice passe donc entièrement sous silence la déforestation, ancienne ou récente. Il en résulte que certains pays ayant un fort taux de déforestation depuis le XXe siècle ont des scores assez élevés, car les surfaces de forêts subsistantes dans ces pays peuvent avoir en partie un fort degré de naturalité, alors que des pays qui protègent et reboisent depuis plus d'un siècle ont un indice bas, car les forêts récentes n'ont pas une intégrité élevée par définition, bien que leur potentiel puisse parfois être élevé dans l'avenir. De plus l'indice considère des espaces agricoles artificiels où sont cultivés des arbres (vergers, palmeraies, plantations d'hévéa, de cacao, etc.) comme des forêts avec un très bas score d'intégrité, alors que les espaces agricoles non arborées qui sont issus de la déforestation (champs, prairies) ne sont pas du tout pris en compte dans le calcul de l'indice par pays.
Bien qu'utile pour l'évaluer et pour le prospecter, l'indice n'est pas entièrement corrélé au potentiel de conservation de la biodiversité : certaines forêts exploitées ou anthropisées peuvent être favorables à l'expression d'une riche biodiversité mais ont un score d'intégrité peu élevé, alors que certaines forêts primaires, avec un score d'intégrité très élevé par définition, peuvent ne pas être favorables à une riche biodiversité pour des raisons naturelles (forêts boréales, atolls isolés). En Europe on cherche souvent à conserver des forêts dans un état qui est "dégradé" de longue date (landes, alpages, forêts ouvertes, prés-bois, zones humides, etc.) car dans le contexte écologique européen particulier, cet état est parfois plus propice à l'expression d'une biodiversité élevée que les forêts naturelles fermées qui occuperaient ces surfaces, et ces surfaces peuvent apparaître en brun sur les cartes.
H.S. Grantham; A. Duncan; T. D. Evans; K. R. Jones; J. Walston; J. G. Robinson; M. Callow; T. Clements; H. M. Costa; A. DeGemmis; P. R. Elsen; P. Franco; S. Jupiter; A. Kang; S. Lieberman; M. Linkie; M. Mendez; C. Samper; J. Silverman; T. Stevens; E. Stokes; T. Tear; R. Tizard; S. Wang; J. E. M. Watson
International Institute for Applied Systems Analysis, Laxenburg, Austria
P. Visconti
Références
↑(en) H. S. Grantham, A. Duncan, T. D. Evans, K. R. Jones, H. L. Beyer, R. Schuster, J. Walston, J. C. Ray, J. G. Robinson, M. Callow, T. Clements, H. M. Costa, A. DeGemmis, P. R. Elsen, J. Ervin, P. Franco, E. Goldman, S. Goetz, A. Hansen, E. Hofsvang, P. Jantz, S. Jupiter, A. Kang, P. Langhammer, W. F. Laurance, S. Lieberman, M. Linkie, Y. Malhi, S. Maxwell, M. Mendez, R. Mittermeier, N. J. Murray, H. Possingham, J. Radachowsky, S. Saatchi, C. Samper, J. Silverman, A. Shapiro, B. Strassburg, T. Stevens, E. Stokes, R. Taylor, T. Tear, R. Tizard, O. Venter, P. Visconti, S. Wang et J. E. M. Watson, « Anthropogenic modification of forests means only 40% of remaining forests have high ecosystem integrity », Nature Communications, vol. 11, no 1, (ISSN2041-1723, DOI10.1038/s41467-020-19493-3)
↑(es) Joaquim Elcacho, « Descubre con este mapa dónde están los mejores bosques de tu país y del mundo » [« Discover with this map where are the best forests in your country and in the world »], La Vanguardia, Barcelona, (lire en ligne, consulté le )
↑(en) H. S. Grantham, A. Duncan, T. D. Evans, K. R. Jones, H. L. Beyer, R. Schuster, J. Walston, J. C. Ray, J. G. Robinson, M. Callow, T. Clements, H. M. Costa, A. DeGemmis, P. R. Elsen, J. Ervin, P. Franco, E. Goldman, S. Goetz, A. Hansen, E. Hofsvang, P. Jantz, S. Jupiter, A. Kang, P. Langhammer, W. F. Laurance, S. Lieberman, M. Linkie, Y. Malhi, S. Maxwell, M. Mendez, R. Mittermeier, N. J. Murray, H. Possingham, J. Radachowsky, S. Saatchi, C. Samper, J. Silverman, A. Shapiro, B. Strassburg, T. Stevens, E. Stokes, R. Taylor, T. Tear, R. Tizard, O. Venter, P. Visconti, S. Wang et J. E. M. Watson, « Anthropogenic modification of forests means only 40% of remaining forests have high ecosystem integrity - Supplementary Material », Nature Communications, vol. 11, no 1, (ISSN2041-1723, DOI10.1038/s41467-020-19493-3)