Le MystèreLe Mystère est un projet artistique inachevé du compositeur russe Alexandre Scriabine. Il le débuta en 1903 et le laissa en grande partie inachevé à sa mort, douze ans plus tard. Il n'en reste qu'une partie de 53 pages, elle-même incomplète : L'acte préalable. Le projetScriabine voulait que cette pièce fasse appel à tous les sens (par des dispositifs tels que son « clavier à lumières » ou d'autres moins connus et souvent imaginés par le musicien lui-même, ainsi qu'à des rites, des danses et des caresses (voire des relations sexuelles[1]), les spectateurs étant acteurs à part entière de la cérémonie. L'exécution de cette pièce, dont les aspirations mystico-philosophiques sont à mettre en rapport avec les théories théosophiques auxquelles Scriabine s'était beaucoup intéressé durant ses quinze dernières années, devait être suivie par la disparition de l'humanité (voire de l'univers) dans l'extase et son remplacement par des êtres plus « nobles ». En 1913, il écrit dans une lettre à Sabaneïev :
Un autre écrit de Scriabine décrit :
La durée totale de la pièce devait être de sept jours et son exécution devait se dérouler dans un temple sphérique (dont il nous reste quelques esquisses du compositeur lui-même) installé sur un terrain situé dans les contreforts de l'Himalaya qu'il avait prévu d'acheter, ou dans le parc de la Société théosophique à Adyar (en Inde)[1]. Comme à son habitude, le compositeur s'est inspiré de nombreux éléments symboliques dans l'élaboration harmonique et mélodique de son œuvre, d'origine mystique, mathématique ou encore astrologique. L'Acte PréalableAlexander Nemtin, adepte de Scriabine, passa vingt-huit ans de sa vie à parachever l'Acte préalable, avant de le faire diriger en 1972 par Kirill Kondrachine, la performance étant enregistrée par le label soviétique Melodiya. Cet enregistrement est encore disponible. Il est composé de trois parties :
Il a nécessité un orchestre gigantesque de plusieurs centaines de musiciens mélangeant pianos, orgues à lumière, cuivres, harpes, instruments orientaux, choristes masculins, féminins et d'enfants, nombreux solistes, etc. Le style en est parfois proche de celui de son contemporain Mahler, et certains aspects peuvent également rappeler Stravinsky. Depuis, d'autres interprétations ont vu le jour, notamment à San Francisco sous la direction de Michael Tilson Thomas, ainsi qu'une production berlinoise de 1996 avec Vladimir Ashkenazy comme chef d'orechstre et Alexei Lubimov au piano pour Decca, intitulée Preparation for The Final Mystery[3]. Notes et références
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