Le Raisonnement sociologique
Le Raisonnement sociologique. L'Espace non-popperien du raisonnement naturel
Le Raisonnement sociologique. L'Espace non-popperien du raisonnement naturel est un essai du sociologue Jean-Claude Passeron, qui pose la question de la scientificité de la sociologie et des sciences sociales en général. Il a été réédité en 2006 sous le titre : Le raisonnement sociologique : Un espace non poppérien de l'argumentation. Cet ouvrage recueille différents articles traitant d'épistémologie parus au cours de la carrière du sociologue. En fin d'ouvrage, Jean-Claude Passeron résume sa pensée à travers des propositions récapitulatives et un travail de définition. Propositions récapitulativesDans le chapitre conclusif de son ouvrage Le Raisonnement sociologique, Jean-Claude Passeron résume a minima les grandes thèses de son épistémologie. Il formule son questionnement épistémologique en termes wittgensteiniens et poppériens. Il propose trois manières de poser la question :
À ce questionnement, Jean-Claude Passeron répond en trois propositions principales :
Propositions secondairesCes trois propositions principales sont justifiées par 26 propositions, enrichies de trente scolies. Voici quelques-unes de ces propositions secondaires. 1.1. « On peut définir logiquement la compatibilité d’un énoncé avec un énoncé, jamais celle d’un énoncé avec une réalité. » (p. 544) 1.1.1. « Aucun énoncé protocolaire, si minimal qu’il puisse se faire pour se rapprocher du constat perceptif, ne peut prétendre à être une expression de la réalité qui disqualifierait tous les autres énoncés de base décrivant la même réalité. » (p. 545) 1.2. « La mise à l’épreuve empirique est un critère d’évaluation des propositions qui fonctionne dans une science empirique, justifiant ainsi sa caractérisation comme science empirique, parce que et dans la mesure où il existe un accord linguistique entre énonciateurs sur la correspondance entre énoncés de base et réalité observée. » (p. 546) 1.2.1. « Un haut degré de consensus réalisé dans un groupe de spécialistes et exprimant un haut degré de stabilisation d’un langage de description du monde définit un paradigme scientifique. » (p. 546) 1.2.1.1. « Une épreuve empirique a des effets d’autant plus décisifs sur le sort d’un langage de description du monde que ce langage est mieux protocolarisé, i.e. que ces termes et règles en sont plus complètement définis. » (p. 546) 2.2. « La vulnérabilité et, donc, la pertinence empirique des énoncés sociologiques ne peuvent être définies que dans une situation de prélèvement de l’information sur le monde qui est celle de l’observation historique, jamais celle de l’expérimentation. » (p. 554) 2.2.1. « L’expérimentation indirecte mise en œuvre par la comparaison historique ou sociologique ne peut engendrer des assertions dont la généralité soit équivalente à celle des assertions issues de l’expérimentation. » (p. 554) 2.2.2. « Le contexte d’une mesure ou d’une observation portant sur le monde historique ne peut être épuisé par une série finie d’assertions qui énonceraient les traits pertinents du contexte pour la validité de la mesure ou de l’observation considérée. » (p. 558) 2.2.3. « Les analyses qui permettent de généraliser les constats empiriques d’une enquête au-delà de son contexte singulier relèvent d’un raisonnement qui ne peut être que naturel, en ce sens qu’il articule comparativement des constats opérés dans des contextes dont l’équivalence n’est justifiée que par la typologie qui les apparente, inscrivant ainsi les assertions sociologiques dans une méthodologie de la présomption, distincte d’une méthodologie de la nécessité. » (p. 558) 3.1. « Aucune des propriétés logiques qui rendent possible la réfutabilité (« falsifiability ») d’une proposition théorique n’appartient stricto sensu aux propositions qui composent une théorie sociologique, du seul fait que le sens de l’information sur laquelle elles assertent reste toujours solidaire d’une série de configurations historiques singulières » (p. 575) 3.1.1. « L’universalité des propositions les plus générales de la sociologie est au mieux une universalité numérique, jamais une universalité logique au sens strict, selon la distinction poppérienne des deux sens logiques du tous employé dans les propositions universelles. » (p. 576) 3.1.2. « La structure nécessairement typologique des théories sociologiques et, partant, du langage de leurs énoncés de base, exclut une définition stricte des conditions initiales d’une observation, opération nécessaire à l’instauration de tout protocole falsificateur. » (p. 591) 3.2. « Tant qu’elle se réfère exclusivement au modèle nomologique des sciences expérimentales, la sociologie est effectivement placée, comme l’ensemble des sciences sociales, devant le dilemme poppérien qui ne laisse le choix à une science empirique (versus métaphysique) visant à définir rigoureusement sa pertinence empirique, qu’entre falsification et exemplification. » (p. 593) 3.3. « L'exemplification ne se réduit pas à l'univers amorphe des constats empiriques de valeur probatoire nulle, dont le modèle poppérien ne peut donner qu'une description négative, puisqu'il la constitue seulement comme classe complémentaire de la classe des opérations falsificatrices qui sont possibles et nécessaires dans les sciences expérimentales. » (p. 594) DéfinitionsL'ouvrage se conclut par plusieurs définitions, précisées par une ou plusieurs scolies qui sont ici que très partiellement retranscrites. Les auteurs auxquels Passeron renvoie explicitement sont Ludwig Wittgenstein, Karl Popper, Bertrand Russell, Rudolf Carnap et Luis Jorge Prieto.
Notes et référencesNotes
RéférencesBibliographie
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