Pour son mariage, Philippe III lui constitua un douaire avec Anet, Bréval, Nogent-le-Roi, Montchauvet et Mantes, une des plus anciennes possessions du royaume de France. Ce douaire devait revenir à la couronne à son décès, mais leur fils Louis d’Évreux conserva Mantes à la demande de Louis X de France, contre une dette de 1700 livres qu'il avait sur le trésor royal, et le domaine d'Anet, Bréval, Nogent-le-Roi et Montchauvet échut à Louis d'Évreux.
Le prince Louis, issu du premier mariage de Philippe III et héritier de la Couronne, décède brutalement en 1276. Dans un contexte de tensions à la cour entre la noblesse et le grand chambellan du roi de France Pierre de La Brosse, cet évènement précipite le conflit entre les deux partis. Le chambellan accuse Marie de Brabant d'avoir voulu favoriser l’élévation de son propre fils au trône, et celle-ci l'accuse en retour de manipulation dans cette affaire[5]. De plus, Philippe III soupçonne Pierre de La Brosse d'avoir des accointances à la cour de Castille auprès d'Alphonse X. À la demande de Marie de Brabant, il le fit condamner sans preuves et sans aveu de culpabilité par les seigneurs d'Artois et le duc de Bourgogne. Le peuple fut surpris de cette exécution sommaire car Pierre de La Brosse ne fut pas jugé par le Parlement.[réf. nécessaire]
De son mariage, Marie de Brabant a donné naissance à :
Après la mort du roi, le , Marie se retira dans son douaire aux Mureaux près de Meulan. Elle y passa trente-six ans, jusqu'à sa mort en 1322 à l'âge de soixante-sept ans. Elle fut inhumée au couvent des Cordeliers de Paris.
Mariage de Marie de Brabant et du roi Philippe III de France, dans un manuscrit des Chroniques de France.
F.-P.-A. Maugenet [pseudonyme de A.-P.-F. Ménégault], Marie de Brabant, reine de France ou le calomniateur, roman historique, Paris, Léopold Collin, Libraire, 1808, 2 volumes[6],[7].
Daniel Riche, Marie de Brabant, la royale magicienne, Paris, Baudinière, 1932.
Théâtre
Marie de Brabant, reine de France, tragédie versifiée en 5 actes de Barthélemy Imbert[8], créée par la Comédie-Française à Paris au théâtre de la Nation le avec Blanche Alziari de Roquefort, dite Mademoiselle Saint-Val cadette, dans le rôle-titre; la pièce a été représentée entre 8 et 11 fois de 1789 à 1790[9],[10].
Marie de Brabant, drame historique versifié en 5 actes de Jacques-François Ancelot, créé à l'Odéon le avec Henriette Charton dans le rôle-titre[11]. Il s'agit d'une adaptation d'une œuvre poétique parue en 1825 sous le même titre.
Philippe III, tragédie en 5 actes en vers d'Antoine Andraud[12], écrite vers 1824[13], créée par la Comédie-Française à Paris à la salle Richelieu le avec Alexandrine Noblet dans le rôle de Marie de Brabant[14].
Maria di Brabante, reprise du livret de Gaetano Rossi, avec musique d'Alessandro Gandini(it); la première a lieu le à Modène, au Teatro di Corte, avec Sofia Dall'Occa Schoberlechner dans le rôle de Marie de Brabant[19],[20],[21].
Marie de Brabant (épisode de 1276), scène lyrique de Jules Denefve, paroles d'Adolphe Mathieu, créée le au théâtre de Mons[24],[25].
Maria di Brabante, opéra italien en 3 actes, reprise du livret de Francesco Guidi et musique d'Achille Graffigna(it), créé le à Trieste, au Teatro Grande, avec Augusta Albertini Baucardé dans le rôle-titre[26],[27].
Contrairement à des personnalités historiques féminines qui ont marqué l'imaginaire comme Marie Stuart, la reine Marie de Brabant a très peu inspiré les artistes visuels: ainsi, parmi les œuvres exposées au Salon de peinture et de sculpture à Paris entre 1802 et 1850, 48 avaient pour sujet la reine d'Écosse, alors qu'une seule représentait la seconde épouse de Philippe III le Hardi[32].
Cette œuvre unique, un tableau de Gillot Saint-Evre intitulé Marie de Brabant, reine de France, expliquant au poète Adenez les données sur lesquelles il composa depuis son roman de Cléomadès, exposé au Salon de 1839 et dont la localisation actuelle est inconnue, mettait en scène un épisode célèbre du patronage artistique de la reine, la commande du roman Cléomadès au trouvère Adenet le Roi[33].
Quelques peintres belges ont couché sur toile au XIXe siècle la version imaginaire de l'« affaire Pierre de la Brosse », telle qu'elle est rapportée notamment par les Brabantsche Yeesten(en) (Gestes de Brabant), mettant en valeur le rôle du duc Jean Ier de Brabant, qui serait accouru à Paris, à l'annonce de l'emprisonnement de sa sœur, pour défendre son honneur en duel judiciaire. Le texte accompagnant l'une de ses peintures résume ainsi l'épisode :
« Marie [de Brabant, épouse de Philippe le Hardi, roi de France] qui jouissait d'une haute faveur à la cour de France, devint tout-à-coup victime d'une lâche intrigue; elle fut injustement accusée par le favori du monarque, l'infâme Pierre Labrosse, d’avoir empoisonné l’héritier du trône, issu d'un premier lit. À cette nouvelle, Jean [Ier le Victorieux, duc de Brabant, frère de Marie] monte à cheval; suivi d'un seul écuyer, il pénètre sous l'habit d’un moine dans la prison où gémissait sa sœur, obtient la certitude de son innocence, et vole à la cour de Philippe pour réclamer le jugement de Dieu par les armes. Il étoit temps; car la Reine alloit être brûlée à petit feu comme empoisonneuse. Un mercenaire, qui avoit vendu son épée au lâche favori, ose descendre dans le champ clos; il fut vaincu par le Duc. (1277). Alors Marie de Brabant reprit sa place sur le trône, et Pierre Labrosse, convaincu de calomnie, fut traîné au gibet[34]. »
Adoptant cette version, le peintre Charles Spruyt (1769-1851) expose au Salon de Gand en 1826 Jean I, duc de Brabant, se déclare le chevalier de sa sœur Marie, seconde épouse de Philippe-le-hardi, roi de France[35], Jean-Jacques Bekkers (1814-1872) présente en 1844, toujours au Salon de Gand, Jean I, duc de Brabant, délivrant sa sœur Marie[36] et Liévin François Vermote (1827-1869) expose au Salon de peinture d'Anvers, en 1855, Le Duc de Brabant, Jean le Victorieux, délivrant sa sœur[34].
Xavier Hélary, « La reine, le légat, et le chambellan : Un "péché contre nature" à la cour de Philippe III », dans Passions et pulsions à la cour (Moyen Âge - Temps modernes), Florence, SISMEL / Edizioni del Galluzzo, coll. « Micrologus' Library » (no 68), (ISBN978-88-8450-653-5), p. 159-170.
Xavier Hélary, « Trahison et échec militaire : le cas Pierre de La Broce (1278) », dans Maïté Billoré et Myriam Soria (éd.), La trahison au Moyen Âge : De la monstruosité au crime politique (Ve – XVe siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, (ISBN978-2-7535-0950-4, lire en ligne), p. 185-195.
Xavier Hélary, L’Ascension et la chute de Pierre de La Broce, chambellan du roi († 1278) : Étude sur le pouvoir royal au temps de Saint Louis et de Philippe III (v. 1250 – v. 1280), Paris, Honoré Champion, coll. « Études d’histoire médiévale » (no 16),
(en) William C. Jordan, « The Struggle for Influence at the Court of Philip III : Pierre de la Broce and the French Aristocracy », French Historical Studies, vol. 24, no 3, , p. 439-468 (DOI10.1215/00161071-24-3-439).
(en) Sean L. Field et Walter Simons, « A Prophecy Fulfilled? An Annotated Translation of the Sources on the Death of Crown Prince Louis of France (1276) and the Interrogations of Elizabeth of Spalbeek (1276-78) », dans The Medieval Low Countries, vol. 5, (ISBN978-2-503-57855-2, DOI10.1484/J.MLC.5.116541, lire en ligne), p. 35-91.
Étude critique et édition des sources concernant la mort du prince Louis de France (1276) et les enquêtes concernant la béguine liégeoise Elisabeth de Spalbeek.
Mécénat
(en) Tracy C. Hamilton, Pleasure, politics, and piety : the artistic patronage of Marie de Brabant (Thèse d'histoire de l'art), Austin, The University of Texas at Austin, (lire en ligne).
Version publiée : (en) Tracy Chapman Hamilton, Pleasure and Politics at the Court of France : The Artistic Patronage of Queen Marie de Brabant (1260-1321), New York, Harvey Miller, coll. « Studies in Medieval and Early Renaissance Art History » (no 64), , 300 p. (ISBN978-1-905375-68-4, OCLC893647858, présentation en ligne).
Philippe Plagnieux, « Une fondation de la reine Marie de Brabant : la chapelle Saint-Paul Saint-Louis », dans Mantes médiévale, la collégiale au cœur de la ville (catalogue d'exposition), Paris, Somogy, (ISBN2850564346), p. 110-116.
↑Son sceau la représente debout, couronnée, tenant un sceptre et entourée de onze fleurs de lys. Son contre-sceau porte : parti d'azur semé de fleurs de lys d'or, qui est de France, et de sable, au lion d'or, armé et lampassé de gueules, qui est de Brabant.
↑Xavier Hélary, L'ascension et la chute de Pierre de La Broce, chambellan du roi (1278): étude sur le pouvoir royal au temps de Saint Louis et de Philippe III (v. 1250-v. 1280), Honoré Champion éditeur, coll. « Etudes d'histoire médiévale », (ISBN978-2-7453-5552-2, OCLCon1255569724, lire en ligne)
↑Compte rendu critique de l'ouvrage : Louis-Simon Auger, « Marie de Brabant, reine de France, roman historique par F. P. A. Maugenet », Mercure de France, vol. 33, noCCCLXX (370), , p. 366-571 (lire en ligne).
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↑ a et bExposition nationale. Catalogue des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure et dessin, exécutés par des artistes vivants, et exposées au Salon d'Anvers, ouvert par la Société royale d'encouragement des beaux-arts, le 12 août 1855, Anvers, Henri Verberckt, (lire en ligne), p. 109, no 779.
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