Née en 1934 à Argentat, en Corrèze, Marinette Cueco y passe son enfance, pendant la guerre et l'Occupation[4]. Elle choisit de faire des études et intègre l’école normale de Tulle où elle rencontre le futur écrivain Claude Duneton. Installée comme institutrice, en 1956, elle fait la connaissance du peintre Henri Cueco, qui travaille alors aux décors d’une pièce de théâtre. Ils se marient à l’hiver 1956-1957[4].
Dès 1960, elle pratique le tissage et la tapisserie. Jusqu’en 1974, et le succès d'une exposition de son mari dans la galerie de Mathias Fels, à Paris, c’est elle qui assure les besoins matériels de sa famille grâce à son métier d’enseignante[4]. Elle travaille aussi avec son époux, et d’autres, sur la série « Livre d’école, livre de classe », une critique du contenu des manuels scolaires, en collectant les ouvrages reproduits. Elle participe à la conception des costumes, décors et scénographies de théâtre que fait Henri Cueco à partir des années 1970[4].
Depuis 1978, elle applique au végétal les techniques de tissage[5]. Lorsqu’elle commence à travailler les herbes, elle fabrique des tissus ajourés aux formes aléatoires, des objets libres et fragiles, et dans le même temps privilégie des formes géométriques simples (carrés, rectangles, triangles, sphères)[6].
Elle scrute la nature pour mieux la mettre en forme, la transformer : elle noue, tresse, lie, entrelace et festonne. En conjuguant la texture, le rythme et la couleur, elle fait de la nature le lieu et le matériau de ses interventions. Sous ses gestes simples surgissent des concrétions minérales et formes végétales[7],[8].
En 1991, elle explique :
« Je ne jette rien : entre le sauvetage et l’épargne. C’est un relent de culture paysanne : donner une fonction à la moindre chose, généralement négligée, transformer même les déchets. Et puis, il y a les obsessions hivernales : la peur du froid, du mouvement, du dehors, la vie au ralenti, l’enfermement, l’engourdissement. Alors je répète des gestes obsessionnels : le tressage, l’enroulement, l’accumulation, la tresse, la tresse mise en pelote[9]. »
Elle œuvre aussi avec les minéraux, et notamment l'ardoise de Corrèze qu'elle « encapsule » dans le végétal avec la série des « Pierres captives »[4], dans laquelle les ardoises flottent au sein d'une toile d'herbes entrelacées ou se retrouvent enserrées dans des cordes végétale tressées[10].
Marinette Cueco pratique, selon l’historien et critique d’art Itzhak Goldberg, un « land art de proximité », qui ajoute : « [elle] a les pieds dans les pissenlits et la tête dans les étoiles »[4].
Famille
Le couple Cueco vit à Paris et en Corrèze, au Pouget de Vigeois. Ils ont deux enfants, le musicien Pablo Cueco et le conservateur-restaurateur de peintures et d’œuvres contemporaines David Cueco.
« Devenir Fleur »[16], MAMAC, exposition collective à l’occasion de la Biennale de Nice 2022 « Fleurs ! » sous le commissariat général de Jean-Jacques Aillagon
Rachel Stella, « Marinette Cueco plastique de la botanique », in Itzhak Goldberg, Marinette Cueco, Hors des sentiers, Paris, Fondation Villa Datris Paris / Espace Monte-Cristo / Galerie Univers/Colette Colla, 2019
Marinette Cueco : le réel n'est plus comme avant, texte de Pierre Bergounioux, Paris, Éditions du Panama, 2008 (ISBN978-2-7557-0388-7) L'ouvrage rend compte du travail des dix dernières années de Marinette Cueco, tout en suivant son parcours à travers les expositions dans lesquelles elle a conçu des installations in situ. L'écrivain P. Bergounioux met en perspective ce travail plastique, avec la vie et l'histoire de l'artiste.
L'Almanach d'Henri et Marinette Cueco : regarder avec les Cueco, film documentaire réalisé par Pierre Aubry, coproduction Tip TV, On line productions, France 3 Limousin-Poitou-Charentes, Planète. 50 min, France, 1997