Une première petite mosquée pour la prière quotidienne (masjid) fut érigée à l'emplacement d'une église byzantine dédiée à saint Étienne[1],[2], au sud-ouest de la colline de Litharítsia[3], à environ 500 m de la forteresse d'Ioánnina. La date de construction de cet édifice primitif est incertaine, les spécialistes évoquant le début[4] (peu après 1617[2]) ou la fin du XVIIe siècle[5]. Selon des documents de 1670, la mosquée portait alors le nom de son fondateur, Bali Ketchonta. Elle fut par la suite appelée « mosquée de Tsiekour », en référence au quartier environnant[1].
Ali Pacha, gouverneur de la région de l'Épire pour le compte de l'Empire ottoman, fit construire des sérails dans la zone de la mosquée pour ses deux premiers fils, Mouchtar et Veli. Ce dernier, qui fut notamment beylerbey de Roumélie[6] et gouverneur de Morée[7],[8], fonda à cet endroit une institution religieuse dans un waqf daté de 1804[9]. Grand propriétaire terrien[10], il fit ainsi construire une nouvelle mosquée, une madrassa, des cuisines et des bâtiments annexes abritant notamment une bibliothèque et un khan[9],[11],[12].
À la suite du départ du pouvoir ottoman en 1913, la mosquée devint une caserne et son minaret fut détruit vers 1930[5], avant d'être saisie par le ministère de la Culture. L'édifice fut restitué à la municipalité d'Ioánnina et restauré dans les années 1970 et 1990 par la 8eÉphorie des antiquités byzantines[1],[13].
Architecture
La mosquée présente une salle de prière de 6 × 6,5 m[14], surmontée d'une coupole dont le tambour octogonal repose sur quatre trompes. Au nord figure un porche initialement ouvert et couronné de trois petits dômes, qui fut vraisemblablement muré après la construction de l'édifice. Le minaret, dont il ne subsiste aujourd'hui que la base, est logé sur la façade occidentale entre le porche et la salle de prière. La maçonnerie est caractérisée par un appareil pseudo-isodome en pierre de taille, tandis que le dôme principal et le toit du porche sont recouverts d'ardoises[1],[15].
À l'intérieur, des éléments d'un riche mihrab en marbre sont conservés[1],[15].
Le bâtiment des cuisines et la madrassa demeurent de nos jours au nord de la mosquée. L'ancienne école coranique abrite le Musée de la défense nationale d'Ioánnina[16].
↑(en) Giórgos Pantazís et Evangelía Lámbrou, « Investigating the orientation of eleven mosques in Greece », Journal of Astronomical History and Heritage, vol. 12, no 2, , p. 159-166 (ISSN1440-2807, lire en ligne), p. 160.
↑(en) Michalis N. Michael, Eftihios Gavriel et Matthias Kappler, Ottoman Cyprus: A Collection of Studies on History and Culture, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, , 366 p. (ISBN978-3447058995), p. 175.
↑(en) Henry Holland, Travels in the Ionian Isles, Albania, Thessaly, Macedonia, etc. During the Years 1812 and 1913, Londres, Longman, , 551 p. (lire en ligne), p. 262.
↑(en) Mary Neumeier, The Architectural Transformation Of The Ottoman Provinces Under Tepedelenli Ali Pasha, 1788-1822 (thèse de doctorat de l'université de Pennsylvanie), , 425 p. (lire en ligne), p. 160 et 161.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
(en) Polixeni Demetracopoulou (trad. du grec moderne par Elizabeth Key Fowden), « Veli Pasha complex », dans Érsi Broúskari (dir.) et al., Ottoman Architecture in Greece, Athènes, Ministère de la Culture et des Sports, , 494 p. (ISBN9789602147931), p. 174–175.
(en) Tásos Mikrópoulos (dir.), Elevating and safeguarding culture using tools of the information society: dusty traces of the muslim culture, Earthlab, , 448 p. (ISBN960-233-187-9, lire en ligne).
(en) Emily Neumeier, « Rivaling Elgin: Ottoman Governors and Architectural Agency in the Morea », dans Benjamin Anderson et Felipe Rojas, Antiquarianisms: Contact, Conflict, Comparison, Oxford, Oxbow Books, (ISBN978-1-78570-687-5, lire en ligne), p. 134–161.
(el) Angelikí Plágou, Περιφέρεια Ηπείρου: Περιφερειακή Ενότητα Ιωαννίνων: Όπου η Ομορφιά Περισσεύει [« Périphérie de l'Épire : district régional d'Ioánnina : là où la beauté demeure »], Londres, AKAKIA Publications, , 6743 p. (ISBN978-1-911352-35-8, lire en ligne).
(el) Thanásis Proúntzos, Ο Προσανατολισμός των μουσουλμανικών Τεμενών Καλούτσιανης και Βελή Πασά στα Ιωάννινα [« L'orientation des mosquées de Kaloútsiani et Veli-Pacha à Ioánnina »] (mémoire de master de l'université polytechnique nationale d'Athènes), Athènes, .
(el) Vassílios Pyrsinéllas, « Ιστορία της πόλεως των Ιωαννίνων » [« Histoire de la ville de Ioánnina »], Ipirotikí Estía, vol. 8, , p. 762–763.
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(el) Konstantína Tássi, Οι Μουσουλμάνοι των Ιωαννίνων: από την Αυτοκρατορία στο Έθνος κράτος 1913-1923 [« Les musulmans d'Ioánnina : de l'Empire à l'État-nation (1913-1923) »] (mémoire de master de l'université d'Ioánnina), , 184 p. (lire en ligne).
(el) Fótis Vrákas, Η Ήπειρος του χτες – Η Ήπειρος της οθωμανικής περιόδου 15ος - 20ος [« L'Épire d'hier – L'Épire de la période ottomane 15e-16e siècle »], , 100 p. (lire en ligne).