NéologismeUn néologisme est un mot nouveau ou apparu récemment dans une langue (ou une expression). La création de nouveaux mots (hapax ou mots communs) est la néologisation. La discipline lexicologique qui étudie la création de ces unités émergentes est la néologie. À côté des néologismes traditionnels, la plus grande partie[réf. souhaitée] des néologismes est constituée de néologismes déposés propres, appelés « marques ». C'est l'objet de l'onomastique et des articles consacrés aux marques, au naming et au branding. DéfinitionsÉtymologieDu grec ancien νέος/néos, « nouveau », et λόγος/lógos, « parole ». Néologisme objectif et subjectifCertains linguistes distinguent :
Définition linguistique : le néologisme objectifDans un sens général, un néologisme est tout mot nouveau entré dans le lexique d'une langue. La plupart du temps cependant on réserve l'emploi de néologisme à la création et à l'utilisation d'un mot ou d'une expression qu'on vient de former à partir d'éléments déjà existants dans la langue elle-même. De nombreux néologismes apparaissent pour des raisons pratiques et perdent rapidement leur valeur de nouveauté. Le néologisme est d'usage limité (à un jargon, un sociolecte, technolectes, etc.). S'il se maintient dans le lexique (et n'est pas seulement un effet de mode), les locuteurs n'auront, au bout d'un temps variable, plus l'intuition de sa nouveauté. C'est quand le néologisme est acquis par un assez grand nombre de locuteurs qu'on peut dire qu'il est lexicalisé. Dans ce cas, il commence généralement par être admis par certains dictionnaires. Il convient de se rappeler que ceux-ci ne font que représenter l'usage : ce n'est pas parce qu'un dictionnaire accepte un néologisme que celui-ci est, ipso facto, lexicalisé mais l'inverse. L'emprunt de mots d'une langue vers une autre, de l'anglais au français par exemple (« mail », « internet », « parking », etc.) est une méthode de création naturelle de néologisme ; le répertoire de la Délégation générale à la langue française en recense ainsi plus de 3 000 en 2008. Définition stylistique : le néologisme subjectifEn littérature, on utilise souvent des néologismes pour des considérations esthétiques, dans le cadre des mythopoeïa par exemple, comme chez l'écrivain et poète franco-belge Henri Michaux qui invente des mots aux qualités descriptives poétiques, comme : « endosque », « rague », « roupète », « pratèle ». Raymond Queneau, Boris Vian dans L'écume des jours, Alfred Jarry dans son Ubu forment de nombreux néologismes, ce qui aboutit à créer l'équivalent d'une langue parallèle. Néologismes spontanés et terminologiquesCertains linguistes distinguent les néologismes spontanés (appelés aussi néologismes lexicographiques, ils sont formés sans motivation apparente et généralement peu diffusés au-delà de la langue dans laquelle ils ont été créés) et les néologismes terminologiques (appelés par certains terminologues néonymes, ils sont créés afin de combler des besoins de dénomination, généralement en recourant aux compositions savantes, et sont voués à une diffusion internationale)[2]. Néologismes selon les processus lexicogénétiquesD'autres linguistes distinguent[3] :
D'autres encore distinguent la formation des néologismes selon les processus lexicogénétiques qui peuvent être classés en trois grandes catégories selon que la nouveauté lexicale qu'ils engendrent concerne à la fois le signifiant et le signifié (processus de néologie morpho-sémantique), le signifié (processus de néologie sémantique), ou seulement le signifiant (processus de néologie morphologique)[4]. Classification des néologismesLes néologismes peuvent être rangés sous trois grandes catégories selon Jaime Semprun. Ces catégories correspondent aux circonstances qui ont fait apparaître la nécessité d'utiliser un nouveau mot[5]. Nécessité de nommer des réalités nouvellesIl s'agit d'un besoin élémentaire d'inventer de nouveaux mots pour signifier de nouvelles choses. Cette nécessité serait la moins contestée, comme pour les mots scanner, chimiothérapie, console de jeux. La seule opposition que rencontrent les néologismes de cette catégorie serait au sujet des emprunts à l'anglo-américain, mais surtout pour préférer une forme française (baladeur plutôt que walkman)[5]. Nécessité de nommer des réalités préexistantes, mais non distinguées d'un ensemble plus vasteCette deuxième catégorie se charge de nommer des réalités qui ne sont pas à proprement parler nouvelles, mais qui n'ont pas été distinguées ou isolées des ensembles plus vastes auxquelles elles sont confondues. Elle s'impose presque aussi facilement que la première catégorie. Biodiversité, convivialité, immunodéficience, ces concepts restaient inaperçus dans l'imprécision scientifique de l'archéolangue[5]. Noms nouveaux pour des réalités anciennesCette troisième catégorie concerne les noms nouveaux qu'il a fallu donner à des réalités anciennes, car la conscience a changé par évolution des mœurs, ou grâce à ou parce qu’on a acquis à leur sujet des connaissances qu'on ne possédait pas auparavant. Ces néologismes sont facilement blâmés, car souvent apparentés au « politiquement correct » (terme lui même néologisme, figure par laquelle on déguise des idées désagréables, odieuses ou tristes, sous des noms qui ne sont point les noms propres de ces idées, qui leur sert de voiles d'après le grammairien et philosophe français Dumarsais[5]. NéologicitéLe temps qu'un néologisme met pour cesser d'en être un dépend du sentiment de néologie chez les locuteurs[6], les néologismes sont plus ou moins perçus comme tels par les locuteurs selon leur type (ainsi, les nouvelles formes seront davantage reconnues comme "néologisme" que la néosémie par les locuteurs, et les formes irrégulières seront plus saillantes que les formes régulières)[7]). Le néologisme constitue ainsi une notion relative et opératoire, et les lexicographes tendent à indiquer la date d'apparition plutôt que la mention NEOL dans les dictionnaires[6]. Traditionnellement (par exemple, dans les années 1970 chez Pierre Gilbert ou Louis Guibert), les linguistes disent qu'un néologisme met dix ans avant de s'intégrer dans la langue. Au vingt-et-unième siècle, cela tend à être plus rapide (cinq ans). Sablayrolles et Pruvost se montrent sceptiques quant à cette quantification, qui est difficile à mesurer : ils en concluent que le sentiment de néologie est fluctuant. En revanche, un dictionnaire des néologismes publié vers 2020 (l'ouvrage datant de 2019) ne pourrait présenter de mots datant d'une décennie ou plus, qui ne seraient plus perçus comme récents[8]. Exemples de néologismes communsCertains de ces néologismes ont été créés de toutes pièces par volonté de contrer l'utilisation de mots anglais ou étrangers, notamment dans le domaine informatique (par exemple courriel, tapuscrit…). Nous ne traiterons que des mots communs, les néologismes propres (marques, titres, etc.) étant tout autre chose, du domaine de l'onomastique
Pour mémoire, néologismes historiques
Néologismes de sens
Méthodes mondiales de traduction des néologismes étrangersLes langues ont recours à une gamme de méthodes de traduction pour faire face au lexique des nouvelles technologies et tendances. Importation sans traductionLes emprunts lexicaux sont courants. Exemples :
Modification orthographique
Traduction littéraleExemples de traduction littérales :
Création d'un mot composé
Dérivation lexicaleIl s'agit de modifier une racine existante selon ses règles de morphologie ou avec affixe. Exemples :
Extension de sens
RéapparitionUn mot tombé en désuétude réapparaît. Exemples :
Adaptation phono-sémantiqueIl s'agit de choisir un mot dont le sens et le son ressemblent au terme étranger. Exemples :
Autres néologismesNéologismes politiquesComme la langue française en général, le vocabulaire politique évolue de façon constante et voit régulièrement apparaître des nouvelles expressions et des néologismes. Parfois créés sans but partisan, ces expressions nouvelles et néologismes politiques peuvent aussi être le fait d'une communication politique active, dans un but de publicité médiatique ou de propagande. Les idées politiques sont parfois diffusées grâce à ces expressions nouvelles et néologismes destinés à être diffusés par les médias. Cette diffusion permet une propagation de l'idéologie sous-tendue par la création du néologisme. De fait, ces expressions nouvelles et ces néologismes sont généralement utilisés par un bord politique, et rejetés par les autres. Certains s'appliquent directement à une personne, d'autres sont créés pour soutenir une idée. En psychiatrieEn psychiatrie, le néologisme est une tendance linguistique qui consiste en l'utilisation immodérée et pathologique de mots nouveaux créés soit à partir de sons, soit par fusion de mots ou de fragments de mots usuels, et utilisé par un malade dans certains états délirants. Les néologismes renvoient au diagnostic de psychose ou d'aphasie sensorielle.[réf. nécessaire] Le psychiatre allemand Emil Kraepelin a ainsi étudié les troubles du langage intérieur dans le rêve, ce qu'il a nommé les « néologismes dans le rêve ». Dictionnaire de néologismesLe Baleinié est un dictionnaire français en trois tomes qui a créé 454 néologismes pour décrire les tracas du quotidien. Selon ses auteurs, les mots ont été créés de manière arbitraire, sans utiliser de racine et avec un rapport entièrement phonologique. Le dictionnaire ne contient pas de Q. Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
Articles connexesLiens externes
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