Les Plokiophilidae sont une famille d'insecteshémiptèreshétéroptères (punaises). Elle comprend une quinzaine d'espèces qui ont la particularité de vivre majoritairement dans des toiles d'araignées ou d'Embioptères.
Répartition et habitat
On rencontre les espèces de cette famille dans les différentes zones tropicales de la planète : zone néotropicale, y compris Caraïbes (Cuba), Afrique tropicale, y compris Madagascar, Asie du Sud-Est, y compris Philippines et Chine tropicale, Australie et Fidji.
Toutefois, une espèce de l'Est de Madagascar a été trouvée sans lien avec ces arthropodes[1].
Description
Petites punaises ressemblant à des Anthocoridae, à antennes de quatre articles, visibles, à yeux composés et ocelles présentes sur le vertex. La tête montre un espace de longueur variable en arrière des yeux, comme un cou. Les hémélytres montrent une fracture costale et un cunéus. L'exocorie et/ou le cunéus ont des glandes coriales. La membrane présente une nervation variable ou absente. Le pronotum est normalement développé, et ne laisse visible que le scutellum. Les tarses comptent deux articles, à l'exception des genres Lipokophila, Heissophila, Monteithophila et †Pavlostysia chez qui ils en comptent trois. Les griffes sont asymétriques. Ces punaises mesurent 1 à 3 mm[2],[3],[4].
Lipokophila eberhardi Schuh a été trouvée sur des toiles de Tengella radiata (Zoropsidae)[5], Plokiophiloides bannaensis sur des toiles d’Hippasa sp (Lycosidae)[6], Heissophila macrotheleae sur des toiles de Macrothele (Hexathelidae, Mygalomorphae) et Plokiophiloides sur celles de d’Agelena (Agelenidae, Araneomorphae) et Ischnothele (Ischnothelidae, Mygalomorphae)[7].
Elles se nourrissent des proies prises dans la toile et trop petites pour intéresser l'araignée, de proies tuées par l'araignée puis dédaignées, mais peuvent aussi tenter de sucer des proies jusque dans les chélicères de l'araignée, ou encore attaquer elles-mêmes des proies prises dans la toile[5]. Elles s'en prennent parfois aux œufs des araignées[8].
La seule exception concerne Neoplokioides raunoi qui n'a pas été trouvé associé à de telles toiles[1].
D'autre part, la majorité des Plokiophilidae pratiquent la copulation traumatique, à l'exception des deux genres de la sous-famille des Heissophilinae. Selon Schuh et al.[4], cela signifie que l'insémination traumatique a pu évoluer plusieurs fois au sein des Cimicoidea, ou s'est perdue dans ces genres et chez Curalium.
Systématique
La première punaise de cette famille a été découvert à Cuba et décrite en 1929 par William Edward China(d) et J. G. Myers, et été nommée Arachnophila (« qui aime les araignées »), nom ensuite abandonné pour des raisons de règles taxonomiques, et remplacé par Plokiophila. W.E. China, après la découverte d'une autre espèce, établit une sous-famille au sein des Microphysidae[6],[9]. Les Plokiophilidae ont été élevés au rang de famille par Carayon en 1961.
Cette famille fait partie des Cimicimorpha, et de la super-famille des Cimicoidea, bien que Carpintero émette des doutes en lien avec ses caractéristiques particulière et sa biologie, et serait enclin à la rapprocher des NabidaeArachnocorini[10]. Elle est considérée comme monophylétique[4].
Elle comprend à ce jour une vingtaine d'espèces réparties en huit genres et deux sous-familles, dont la définition a varié : chez Carayon (1961), les Embiophilinae, aux fémurs antérieurs à fortes épines et qui vivent dans les toiles d'Embioptères, et les Plokiophilinae, sans épines aux fémurs, et vivant sur des toiles d'araignées ; en 2015, Schuh et al. se basent sur les organes génitaux des mâles et les structures copulatoires des femelles, et définissent les Heissophilinae, dont les organes génitaux excluent la copulation traumatique, et les Plokiophilinae, avec copulation traumatique, et au sein desquels les Embiophilinae sont ramenés au rang de sous-tribu.
Une espèce fossile, trouvée dans de l'ambre de la Baltique du Priabonien (Éocène, −38 à −34 Ma), a pu être attribuée avec certitude à cette famille, et pu, par la forme de son pygophore, être attribuée à la sous-famille des Heissophilinae[4],[11],[12].
Étymologie
Le nom Plokiophilidae est formé à partir de plokio-, du grec ancien πλοκή, plokê, « toile, tissu », et phil-, « qui aime », donc « qui aime les toiles »[13]. La plupart des genres sont construits avec le suffixe -phila, afin d'en faire une série[4].
Liste des sous-familles, tribus et genres
Selon BioLib (21 avril 2022)[14] corrigé à partir de Schuh, Štys & Cassis (2015)[4] et Štys and Baňař (2016)[1] :
↑ ab et c(en) Pavel Štys et Petr Baňař, « A new Afrotropical genus of Plokiophilidae with a new free-living species from Madagascar (Hemiptera: Heteroptera) », Entomologica Americana, vol. 122, nos 1-2, , p. 220–229 (ISSN1947-5136 et 1947-5144, DOI10.1664/15-RA-036, lire en ligne, consulté le )
↑Henri-Pierre Aberlenc (coordination), Les insectes du monde : biodiversité, classification, clés de détermination des familles, Museo Éditions & Éditions Quae, (ISBN978-2-37375-101-7 et 2-37375-101-1, OCLC1250021162, lire en ligne), tome 1, p. 517, tome 2 pp. 210 et 253
↑ abcde et f(en) Randall Schuh, Pavel Štys, Gerasimos Cassis et Margaret Lehnert, « New Genera and Species of Plokiophilidae from Australia, Fiji, and Southeast Asia, with a Revised Classification of the Family (Insecta: Heteroptera: Cimicoidea) », American Museum Novitates, vol. 3825, no 3825, , p. 1–24 (ISSN0003-0082 et 1937-352X, DOI10.1206/3825.1, lire en ligne, consulté le )
↑ ab et c(en) Eberhard W. G., Platnick N. I. et Schuh R. T., « Natural history and systematics of arthropod symbionts (Araneae; Hemiptera; Diptera) inhabiting webs of the spider Tengella radiata (Araneae, Tengellidae). », American Museum Novitates, , p. 1-17 (lire en ligne [PDF])
↑(en) R . T. Schuh, « Heissophila macrotheleae, a new genus and new species of Plokiophilidae from Thailand (Hemiptera, Heteroptera), with comments on the family diagnosis », Denisia, Kataloge der Oberösterreichisches Landesmuseum Biologiezentrum, Linz, Autriche, no 50, , p. 637-645 (ISSN1608-8700, lire en ligne [PDF])
↑Thomas J. Henry, « A New Species of the Web-Loving Bug Genus Lipokophila Štys (Hemiptera: Heteroptera: Plokiophilidae) from Costa Rica, with a Revised Key to Species », Proceedings of the Entomological Society of Washington, vol. 122, no 3, , p. 650–657 (ISSN0013-8797 et 2378-6477, DOI10.4289/0013-8797.122.3.650, résumé)
↑(en) Diego Leonardo Carpintero et Pablo Matías Dellapé, « A new species and first record of Embiophila (Heteroptera: Plokiophilidae) from Nicaragua », Studies on Neotropical Fauna and Environment, vol. 40, no 1, , p. 65–68 (ISSN0165-0521 et 1744-5140, DOI10.1080/01650520400007322, lire en ligne [PDF], consulté le )
↑Diego Leonardo Carpintero, « Western Hemisphere Lasiochilinae (Hemiptera: Heteroptera: Anthocoridae) with comments on some extralimital species and some considerations on suprageneric relationships », Zootaxa, vol. 3871, no 1, , p. 1 (ISSN1175-5334 et 1175-5326, DOI10.11646/zootaxa.3871.1.1, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Yuri A. Popov, « Pavlostysia wunderlichi gen. nov. and sp. nov., the first fossil spider-web bug (Hemiptera: Heteroptera: Cimicomorpha: Plokiophilidae) from the Baltic Eocene amber », Acta Entomologica Musei Nationalis Pragae, , p. 497-502 (lire en ligne [PDF])
↑(en) W.E. China, « VI.—A new subfamily of Microphysidae (Hemiptera-Heteroptera) », Annals and Magazine of Natural History, vol. 6, no 61, , p. 67–74 (ISSN0374-5481, DOI10.1080/00222935308654396, lire en ligne, consulté le )