Programme chinois d'exploration lunaireProgramme Chinois d'Exploration Lunaire
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Le programme chinois d'exploration lunaire (chinois : 中国探月 ; pinyin : ), dont le composant robotique est généralement connu sous l'appellation Programme Chang'e[Note 1], a pour but l'étude et l'exploration de la Lune par des robots, puis, à l'horizon 2030, par des équipages humains. Au delà de son intérêt scientifique, ce programme a permis aux ingénieurs chinois d'acquérir la maitrise de technologies clés dans le domaine de l'astronautique telles que le contrôle des trajectoires interplanétaire, le contrôle d'attitude, l'atterrissage sur un autre corps céleste, l'étude in situ de celui-ci par un engin mobile ou les communications à longue distance. Les dirigeants chinois utilisent également ce programme comme un moyen de restauration de la fierté nationale et vis-à-vis de l'étranger comme un outil de prestige. La Chine, comme toutes les nations spatiales qui l'ont précédé, choisit d'entamer l'exploration du système solaire par l'étude la Lune. À cet effet elle développe la famille des sondes spatiales Chang'e et s'appuie pour le lancement des plus lourdes sur la Longue Marche 5 première fusée chinoise de forte puissance qui effectue son premier vol en 2016. Les principaux jalons du programme sont le lancement en 2007 de la première sonde spatiale chinoise, Chang'e 1, qui est placée en orbite autour de la Lune, la dépose en 2013 à la surface de cet astre d'un astromobile (mission Chang'e 3), la collecte et le retour sur Terre d'échantillons de sol lunaire en 2020 (Chang'e 5). Début 2019, la Chine réalise une première spatiale en déposant un astromobile sur la face cachée de la Lune (Chang'e 4). Toutes les missions lancées sont des succès mais peu de résultats scientifiques sont rendus publics. Plusieurs sondes spatiales doivent être lancées au cours de la décennie 2020 avec comme objectifs le retour d'échantillons du sol lunaire de la face cachée de la Lune et l'étude à l'aide d'astromobiles des ressources en eau des régions polaires. Au début des années 2020 les responsables chinois ont confirmé leur volonté d'amener des hommes sur la Lune dès 2030 se plaçant ainsi en challenger du programme Artemis de l'agence spatiale américaine (la NASA). Pour remplir cet objectif, la Chine développe deux lanceurs, les Longue Marche 9 et Longue Marche 10 ainsi qu'un vaisseau lunaire. Phase 1 : Les sondes orbitales lunairesLe , la sonde spatiale orbitale Chang'e 1 est lancée depuis le Centre spatial de Xichang par une fusée Longue Marche 3A. Elle a pour objectif de cartographier et modéliser en trois dimensions certaines régions de la Lune. Au total, 1,37 téraoctet de données ont été transférées à la Terre au cours de cette mission. Une deuxième sonde orbitale, Chang'e 2, a été lancée le jour de la fête nationale chinoise, le à 18 h 59, au moyen d'une fusée Longue Marche 3C depuis le Centre spatial de Xichang, dans la province du Sichuan. La sonde a été directement placée sur une trajectoire de transfert Terre-Lune sans passer par l'orbite terrestre. Elle est entrée en orbite le [1]. Une des possibilités prévues était que la sonde se pose sur la Lune à la fin de sa mission, mais elle a été mise sur une orbite de rencontre avec l'astéroïde géocroiseur Toutatis. Chang'e 2 rencontra l'astéroïde le et parvint à prendre des images avec une résolution maximale de 10 mètres par pixel[2]. Phase 2 : Analyse in situLe , la Chine a lancé Chang'e 3 à bord d'une fusée Longue Marche 3B, a atterri sur la Lune le . Il transportait un atterrisseur doté d'instruments scientifiques et un rover lunaire de 140 kg nommé Yutu, capable de se déplacer sur une zone de 3 kilomètres carrés autour de son point d'atterrissage et d'étudier le terrain au cours d'une mission de 3 mois. Il s'agit du premier atterrissage en douceur (sans destruction de l'alunisseur) depuis la sonde Soviétique Luna 24 en 1976. La sonde spatiale Chang'e 4 a été construite initialement pour servir de doublure en cas d'échec de Chang'e 3. Compte tenu du succès de cette mission, Chang'e 4 reçut pour objectif d'atterrir sur la face cachée de la Lune et d'explorer sa surface. Un satellite de télécommunications, baptisé Queqiao a été placé quelques mois plus tôt au point de Lagrange L2 du système Terre-Lune pour jouer le rôle de relais, la Lune faisant obstacle aux communications entre Chang'e 4 et la Terre. Chang'e 4 a été lancé le [3] et a atterri le [4]pour mener une exploration avec son rover. Il s'agit du premier atterrissage d'un engin spatial sur cette face de la Lune[5],[6],[7]. Phase 3 : Retour d'échantillonsLa troisième phase du programme lunaire chinois a pour objectif de rapporter un échantillon de roches lunaires sur Terre[3] :
Phase 4 : Orbiteur et étude des régions polairesLa quatrième phase du programme lunaire chinois a pour objectif d'étudier la région du pôle sud lunaire caractérisée par des dépôts de glace d'eau et un ensoleillement par endroit quasi permanent qui favorise l'envoi d'une expédition humaine. Les deux missions programmées sont pratiquement identiques et comprennent à la fois un astromobile, un orbiteur et un engin se déplaçant sur 6 pattes[8] : Liste des missions du programme Chang'e
Programme spatial habité chinois et la LuneLa Chine étudie depuis les années 2010 le développement de Longue Marche 9 (CZ-9), un lanceur capable de placer 150 tonnes en orbite basse. Ce lanceur est associé à un projet de programme lunaire avec équipage. Toutefois l'échec du deuxième vol du lanceur Longue Marche 5 semble avoir entrainé un report du projet reposant sur la CZ-9. Un lanceur de capacité intermédiaire (70 tonnes), nommé Longue Marche 10, est en développement et permettrait d'atteindre les mêmes objectifs en mettant en place une station spatiale lunaire à l'image de ce qui est envisagé pour le programme Artemis de la NASA. La Chine a annoncé en 2018 par des canaux non officiels qu'elle prévoyait d'envoyer d'ici dix ans des astronautes chinois à la surface de la Lune. L'échéance du programme lunaire chinois semble se situer en 2030 ou au delà. Les premiers éléments de ce programme lunaire sont toutefois dès à présent visibles à travers le développement d'un nouveau vaisseau spatial, remplaçant du vaisseau Shenzhou. Les premières images, montrant ce vaisseau (connu seulement sous l'appellation de vaisseau avec équipage de nouvelle génération) à un stade d'assemblage avancé, ont été publiées en 2019. Deux versions sont prévues : la version légère de 14 tonnes est utilisée pour la desserte de l'orbite basse. La version plus lourde (20 tonnes) permettrait d'emmener un équipage au-delà de l'orbite basse. Le vaisseau a une configuration classique avec un module pressurisé de forme conique où se tient l'équipage et un module de service cylindrique. L'architecture mixe des solutions retenues par CST-100 Starliner et Crew Dragon : les parachutes sont stockés à la base de la capsule pressurisée (Dragon), la propulsion est logée dans le module de service (CST-100) et l'atterrissage s'effectue sur terre à l'aide d'airbags gonflables (CST-100). Le vaisseau prendrait en charge aussi bien la relève des équipages que le ravitaillement remplaçant dans ce rôle le vaisseau Tianzhou[9],[10]. Le vaisseau effectue son premier vol d'essai en décollant le avant de venir se poser avec succès sur Terre le [11]. Dans une première phase du programme une mission lunaire comprendrait deux lancements : le premier emportant le module lunaire, le second le vaisseau spatial habité chinois de nouvelle génération avec l'équipage. Les deux modules s'amarrerait en orbite lunaire haute puis l'orbite serait abaissée pour permettre l'atterrissage sur la Lune. Le module lunaire pourrait embarquer un équipage de deux personnes et serait composé d'un étage de descente largué juste avant l'atterrissage et d'un module pressurisé de 5 tonnes (disposant d'un delta-V de 2640 m/s) contenant l'équipage qui serait chargé après une brève exploration de ramener en orbite les deux astronautes et de réaliser un rendez vous avec le vaisseau principal pour le transfert de l'équipage. La deuxième mission utiliserait un module lunaire disposant d'une capacité d'emport fortement accrue et s'appuierait sur une station spatiale en orbite autour de la Lune[12].
Notes et référencesNotes
Références
AnnexesArticles connexes
Lien externe
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