Rhô
Rhô (capitale Ρ, minuscule ρ ou parfois ϱ ; en grec ρω) est la dix-septième lettre de l'alphabet grec, précédée par pi et suivie par sigma. Dérivée de la lettre rosh UsageEn grec moderne comme en grec ancien, la lettre rhô représente une consonne alvéolaire voisée roulée (/r/). Rhô est généralement considéré (avec lambda et parfois mu ou nu) comme une consonne « liquide », ce qui est un point important pour une étude de morphologie. Dans le système de numération grecque, rhô vaut 100 ; par exemple ‹ ρʹ › représente le nombre 100. Comme la plupart des autres lettres grecques, le rhô est parfois utilisé en dehors de son contexte alphabétique grec dans les sciences. ρ sert par exemple en physique à noter la masse volumique ou la résistivité, et en mathématiques à noter le rayon dans les coordonnées sphériques. En mathématiques, la notation désigne le rayon spectral. HistoireOrigineLa lettre rhô tire son origine de la lettre correspondante de l'alphabet phénicien, La lettre correspondante de l'alphabet sudarabique est Alphabets archaïques![]() L'alphabet grec dérive directement de l'alphabet phénicien. Sa 20e lettre est utilisée pour noter un son proche du phénicien ; la position exacte du rhô dans l'alphabet dépend de l'emploi ou non des lettres digamma, san, koppa ou xi suivant les dialectes. Dans les alphabets grecs archaïques, le haut du rhô peut être courbe plutôt qu'anguleux, approchant un P latin. On trouve les variantes suivantes[1] :
ÉvolutionLa forme actuelle de la lettre provient de l'alphabet utilisé en Ionie, qui est progressivement adopté par le reste du monde grec antique (Athènes passe un décret formel pour son adoption officielle en 403 av. J.-C. ; son usage est commun dans les cités grecques avant le milieu du IVe siècle av. J.-C.). La lettre prend à ce moment la 17e position de l'alphabet, entre pi et sigma. L'alphabet grec reste monocaméral pendant longtemps. Les formes minuscules proviennent de l'onciale grecque, une graphie particulière créée à partir de la majuscule et de la cursive romaine vers le IIIe siècle et adaptée à l'écriture à la plume, et sont créées vers le IXe siècle. Pendant la Renaissance, les imprimeurs adoptent la forme minuscule pour les polices bas-de-casse, et modèlent les lettres capitales sur les formes des anciennes inscriptions, conduisant le grec à devenir bicaméral. NomTout comme la plupart des noms des autres lettres, « rhô » ne signifie rien de particulier en grec et n'est qu'un emprunt direct au nom de la lettre en phénicien. Il est supposé que le nom de la lettre phénicienne correspondante signifierait « tête ». En grec, la lettre est appelée ρω (rô) ou ρο (ro), prononcée /ɾo/. En grec ancien, la lettre est appelée ῥῶ (rhỗ), prononcée vraisemblablement /r̥ɔ́͜ɔ/. DérivésL'alphabet étrusque est dérivé de l'alphabet grec employé en Eubée — alphabet que les Étrusques apprennent à Pithécusses (Ischia), près de Cumes. L'alphabet eubéen utilise une variante du rhô possédant un trait diagonal à droite, Dans l'alphabet cyrillique, le rhô donne naissance à la lettre er, Р. Dans l'alphabet copte, la lettre conduit à la lettre rō, Ⲣ.
DiacritiquesDans l'orthographe polytonique du grec ancien, rhô peut être diacritée par un esprit :
Dans la Grèce antique, les lettres grecques n'existent qu'en capitales et ne comportent aucun signe diacritique. Ceux-ci sont inventés progressivement à partir de l'époque hellénistique et deviennent systématiques dès le IXe siècle. Les esprits sont inventés dès le IIIe siècle av. J.-C. pour transcrire la présence d'une consonne [h] au début d'un mot. Lorsque l'esprit rude prend sa forme définitive, le grec n'utilise plus le phonème /h/ depuis longtemps : l'invention et la perfection de ces diacritiques sont un archaïsme grammatical, permettant de rendre compte d'une prononciation correcte dans des textes anciens. Dans le dialecte ionien-attique d'Athènes (qui donne naissance, en devenant la koinè, au grec moderne), le phonème /r/ est toujours sourd à l'initiale : ῥόδον (« (la) rose ») se prononce ['r̥odon] et non ['rodon]. Il existe également des dialectes grecs anciens à psilose (disparition de l'aspiration) ; c'est le cas de l'éolien de Sappho, par exemple. En orthographe polytonique, tout rhô initial comporte un esprit rude. Sa transcription est toujours rendue par « rh » en français : ῥεῦμα (« flux ») est transcrit rheûma (« flux ») et les mots français dérivant d'un terme grec à rhô initial sont orthographiés débutant par un « rh » (« rhume », « rhinocéros », etc.). Pour les textes provenant de dialectes grecs à psilose, les éditions modernes utilisent parfois spécifiquement l'esprit doux sur le rhô initial. Deux rhôs successifs peuvent se rencontrer à l'intérieur d'un mot. Dans ce cas, l'orthographe polytonique permet de marquer le premier d'un esprit doux et le second d'un esprit rude : -ῤῥ-, comme dans πολύῤῥιζος (polýrrhizos), « qui a plusieurs racines ». Cet usage n'est généralement pas employé dans les éditions françaises des textes grecs, où le mot est écrit πολύρριζος. La transcription est cependant rendue par « rrh », graphie que l'on retrouve dans des mots français tels que « catarrhe » , du grec κατὰ (katà), « de haut en bas », et ῥέω (rhéô), « couler ». TypographieLa forme bas-de-casse du rhô possède deux variantes typographiques, héritées de l'écriture manuscrite médiévale. La première, de très loin la plus courante en typographie moderne, ressemble à un rhô capitale en plus petit : ρ. La deuxième dérive d'une variante de l'écriture cursive où la barre verticale est recourbée sur la droite : ϱ[2]. Cette variante est appelée rhô cursif ou rhô à queue[3] ; elle est parfois utilisée dans des contextes techniques comme symbole. Codage
Le tableau suivant recense les différents caractères Unicode utilisant le rhô :
AnnexesArticles connexes
Bibliographie
Références
Information related to Rhô |