Girolamo di Romano, dit Romanino (Brescia, en Lombardie entre 1484 et 1487 – Brescia, 1566), est un peintre italien de Venise et de Brescia dont la longue carrière lui a permis d'expérimenter plusieurs styles différents [1].
Biographie
Fils de Luchino, d'une famille installée depuis un siècle à Brescia, mais originaire de Romano di Lombardia, il effectue sa formation à Brescia et à Venise, suivant les travaux de Giorgione et les gravures de Dürer, comme le démontre sa Vierge à l'Enfant, conservée au musée du Louvre exécutée dans les dix premières années de son activité de peintre. Dans les années suivantes il s'oriente vers les illusions perspectives de Bramante et de Bernardino Zenale, comme ses fresques des épisodes de la vie de Nicolò Orsini, de 1509 conservées à Budapest et le retable de saint Roch de l'église San Giovanni Evangelista à Brescia.
Sa Déploration du Christ mort datant de 1510, créée initialement pour San Lorenzo de Brescia, maintenant dans les Galeries de l'Académie de Venise, révèle les références acquises des écoles de Crémone et de Ferrare greffées sur le « réalisme » lombard.
De cette période, où la perspective illusionniste d'ascendance milanaise a la prépondérance, on peut repérer : les fresques de la Vierge à l'Enfant, saints et commanditaires pour l'église San Pietro à Tavernola Bergamasca, la Pietà à San Francesco de Brescia, deux couples de saints de la collection Cunietti de Milan et au musée de Cassel, un panneau d'un polyptyque commandé en 1511.
En , à Padoue, il est chargé par les pères bénédictins du monastère Sainte-Justine de réaliser un cenacolo, pour le réfectoire du couvent, puis le retable du maître-autel. Cette œuvre aujourd'hui perdue était une référence explicite au Titien, dont il a pu étudier les trois fresques de la basilique. Le style bramantesque domine les figures, souvenirs de la formation lombarde.
Après le départ des troupes de la Ligue de Cambrai en , il revient dans sa patrie de Brescia à nouveau libérée. Il réinstalle des motifs padouans dans la Madone et les saints, réalisée pour l'autel majeur de l'église bresciane de San Francesco. De 1516 également sont les Salomé, maintenant au Musée de Bode de Berlin, archétype d'une série de peintures de sujets analogues exécutées dans le Brescian.
En 1517 il collabore à Crémone aux fresques d'Altobello Melone dans la nef gauche du Dôme ; la Vierge entre saint Ludovic de Toulouse et saint Roch (maintenant détruites après avoir été conservés à Berlin). La Vierge et les saints Bonaventura et Sebastiano du dôme de Salò est également de cette époque. Entre l'été et l'automne de 1519, il peint à fresque quatre panneaux dans la nef centrale, avec des histoires de la Passion de Christ dans le Dôme de Crémone, travail qui devait continuer avec d'autres scènes, mais les nouveaux Massari, élus en 1520, lui enlèvent leur accord en le confiant au Pordenone.
En 1521, il entame, avec Alessandro Bonvicino (« Moretto »), la décoration de la chapelle du Saint-Sacrement de saint-Jean-Évangéliste à Brescia, qui laissée inachevée sera complétée par deux peintres dans la première moitié des années quarante. De 1522, les peintures du polyptyque Averoldi de l'église Saint-Nazaire-et-Saint-Celse de Brescia de cette première phase, correspondant au registre supérieur, montrent fort l'influence du Pordenone et du Titien.
Le polyptyque de Sant'Alexandre à Brescia est daté des environs de 1524 (maintenant conservé à la National Gallery de Londres). Entre 1524 et 1525, il peint les panneaux du buffet des orgues pour le dôme d'Asola et, l'année suivante, il les complète avec les tableaux et les fresques de la cantoria. À la fin des années 1520, le retable de Brera avec la Présentation au Temple, le Saint Antoine de Padoue avec donateur du dôme de Salò et, probablement, les Couronnement de la Vierge avec des saints de San Domenico à Brescia (conservés à la Pinacoteca Tosio Martinengo) révèlent l'influence du Moretto.
Entre 1531 et 1532, il travaille avec Dosso Dossi, avec Battista Dossi et avec Marcello Fogolino à la décoration de la nouvelle résidence désignée comme Magno Palazzo, dans le château du Bon-Conseil, commandité par le cardinal Bernhard von Cles, prince-évêque de Trente. Loin de Brescia, dans une ambiance moins envahie des influences artistiques du Titien, Romanino on se sent plus libre - et moins enclin à subir les thèmes iconographiques chers à la culture humaniste en cours - d'exprimer son tempérament de peintre plus personnel qui le feront apprécier des hommes de culture internationale comme Bernhard von Cles.
Dans cette période il travaille dans quelques églises du val Camonica : Santa Maria della Neve à Pisogne (Histoires du Christ), de Sant'Antonio à Breno, de Santa Maria Annunciata à Bienno, des tableaux et des fresques avec un fort réalisme quotidienne dans les gestes, dans les expressions et dans les costumes. La Santa Maria della Neve à Pisogne, qualifiée par Giovanni Testori de « chapelle Sixtine des pauvres », les scènes des crucifixions et des histoires du Christ, sont évocatrices pour les populations dévotes.
Entre 1539 et 1540, il réalise un tableau pour les orgues du vieux dôme de Brescia et en 1540 pour celles de Saint-Georges-en-Braida à Vérone. Dans les dernières années, il entame une collaboration avec le jeune Lattanzio Gambara (qui deviendra son gendre), dans les cycles profanes des Palais Lechi et Averoldi à Brescia. La dernière œuvre remarquable, commandée en et en partie exécutée en collaboration avec Gambara, est le Cristo che predica alle turbe (Christ qui prêche à la foule), dans l'église San Pietro à Modène.
Chapelle du Sacrement : Messe de saint Grégoire (1521-1524), Repas à la maison du pharisien (1545), Résurrection de Lazare (ca. 1545), Six Prophètes (1521-1524), Saint Mathieu et Saint Jean l'Evangéliste (1545), huile sur toile ; Brescia, église San Giovanni Evangelista
Pentecôte, fresque (1522)
Christ ressuscité, huile sur toile cintrée (1523-1524), Capriolo (BS), église S. Martiri Gervasio e Protasio
L'Apparition de la Vierge à Auguste, Le Sacrifice d'Isaac, portes d'orgue, tempera sur toile. (1524-25), toile des figures de Sibille et Profeti (1526), Duomo Asola
Messe de saint Apollonio, huile sur toile (1525), Brescia, église Santa Maria di Calchera
Polyptyque de la Nativité (ou Saint Alexandre), huile sur toile, 1525), Londres, National Gallery
Histoire de saint Obizio, fresques (1526-1527), Brescia, basilique San Salvatore
Le Repas chez Emmaus, Repas dans la maison de Simon le pharisien, fresques sur bois (à San Sebastiano) (1532-1533)
Vierge à l'Enfant et le petit saint Jean, Jésus et la samaritaine, Mensale con piatti, fresques (1532-1533), Rodengo-Saiano, Abbazia di San Nicola, réfectoire