La série des Cathédrales de Rouen est un ensemble de 30 tableaux peints par Claude Monet représentant principalement des vues du portail occidental de la cathédrale Notre-Dame de Rouen (deux autres tableaux représentent la cour d'Albane), peints à des angles de vues et des moments de la journée différents, réalisés de 1892 à 1894.
Historique
Les deux premiers tableaux sont peints au début de février 1892 lors de son premier séjour à Rouen, et représentent deux vues de la cour d'Albane (au nord ouest de la cathédrale) peinte en plein-air, et deux vues de face du portail depuis un appartement vide situé au 31 de la place de la Cathédrale (immeuble subsistant à l'angle ouest de la rue du Gros-Horloge) d'un immeuble dont le propriétaire est M. Jean Louvet. À cause de travaux au numéro 31, à son retour, Monet est obligé de déménager pour peindre dans un autre immeuble, appartenant également à M. Louvet.
Il retourne à Giverny quelque temps, avant de se remettre au travail à Rouen de février jusqu'à avril 1892 depuis le salon d'essayage de la boutique de lingerie et de modes de M. Fernand Lévy (l'ancien Bureau des Finances, actuel office de tourisme), situé juste à côté de l'immeuble Louvet. Les six dernières toiles sont peintes dans le magasin des nouveautés de M. Édouard Mauquit, situé au 81 rue du Grand-Pont (immeuble détruit, au niveau du numéro 49 actuellement) de février à [réf. à confirmer][1]. Après avoir achevé ses toiles en atelier, il expose vingt de ses cathédrales en chez le marchand Durand-Ruel.
Les cathédrales
Daniel Wildenstein a classé les cathédrales à partir des différents points de vue d'où les tableaux furent peints, dans son catalogue raisonné de l'œuvre de Monet, chacune est mentionnée par l'initiale W suivi d'un nombre[2]. Joachim Pissarro(en) indique qu'il est impossible de déterminer la date exacte d'achèvement de chaque toile, car l'ensemble fut remanié et terminé en atelier[1]. L'ordre est déterminé par J. Pissarro à partir de la composition, de l'angle de vue, et du moment de la journée où chaque tableau fut peint.
La Cour d'Albane
Les deux premières toiles sont peintes avant le en plein air. Elles montrent une partie de la tour Saint-Romain, ainsi que les maisons qui y sont adossées (disparues en 1944) et qui se trouvent à l'entrée la cour d'Albane, au nord ouest de la cathédrale (emplacement du jardin du cloître actuel). Ces deux vues de la cathédrale sont atypiques, car ce sont les seules réalisées en plein air. En outre, le point de vue est différent de celui des autres toiles de la série, puisqu'il regarde vers l'ouest, ce qui explique en partie pourquoi il ne permet pas de voir la façade ouest. De plus, comme elles sont peintes au niveau du sol, elles n'autorisent que la représentation de la partie inférieure du motif.
La période hivernale étant peu propice à ces travaux d'extérieur, Monet chercha un appartement pour continuer son travail[3].
Il s’installe d’abord au-dessus du magasin de M. Jean Louvet, la « Grande Fabrique », dans un local vide. Les deux toiles suivantes sont peintes d'une fenêtre de l'appartement de l'immeuble Louvet. Ce sont des vues de face.
Il n'est pas possible de définir à quel moment de la journée la cathédrale est représentée, selon J. Pissarro qui suggère le début de l'après-midi, le ciel de ton gris, et la gamme sourde de l'ensemble, donnent une base neutre pour introduire la série des cathédrales[6].
La seconde peinture ne fut pas terminée peut être parce que Monet ne fut pas satisfait du résultat, elle est signée mais non datée. Le moment de la journée n'est pas déterminé[6].
Après son retour de Giverny, le , Monet se remet au travail. Il est contraint de changer d'appartement, pour cause de travaux, et choisit un autre point de vue de la place de la Cathédrale dans un autre immeuble appartenant à M. Louvet[9].
De là, il fait les toiles suivantes montrant la façade en perspective, et non plus de face.
Pour Le Portail, temps gris (W1321) au musée d'Orsay, (100 × 65 cm), le moment de la journée n'est pas déterminé. De la correspondance de Monet, on en déduit que cette toile fut peinte le , car Monet se plaint du temps gris qu'il fait ce jour[10].
Les neuf autres toiles peintes à partir du début de l'après-midi, en plein soleil, suggère que Monet les a peint entre 1 heure et 6 heures et demie de l'après-midi[11].
Monet déménage à nouveau et s'installe dans une « Boutique de Lingeries et Modes » appartenant à M. Fernand Lévy (actuel office de tourisme). Il y réalise onze autres peintures.
La dernière série de six toiles est peinte d'un autre commerce, disparu pendant la Seconde Guerre mondiale, le magasin de nouveautés Caprice, loué par Édouard Mauquit au 81 rue Grand-Pont[30],[31], situé au sud du magasin Lévy. Monet s'y installe du au . Il y fait aménager une sorte d'atelier qui lui permet d’avoir plusieurs toiles des cathédrales autour de lui et il travaille celle qui correspond le mieux à la lumière et au climat de l'instant présent. Cette série est, selon sa correspondance, la plus épuisante.
La tour Saint-Romain y est parfois surnommée de manière erronée « tour d'Albane » par confusion avec la cour d'Albane jouxtant la tour Saint-Romain.
Comme pour les autres séries de Monet, les tableaux sont aujourd'hui répartis entre des collections privées et des musées du monde entier, rendant impossible l'observation de la série en son entier (en dehors des reproductions dans les ouvrages d'art, ou les galeries virtuelles). Les musées exposant un ou plusieurs tableaux de la série sont les suivants :
en France : le musée d'Orsay à Paris en possède et expose cinq : Le Portail vu de face, harmonie brune (W 1319[39]), Le Portail, temps gris (W1321[40]), Le Portail et la tour Saint-Romain, effet du matin (W1346[41]), Le Portail, soleil matinal, Harmonie bleue (W1355[42]), Le Portail et la tour Saint-Romain, plein soleil, Harmonie bleue et or (W1360[43]); le musée Marmottan à Paris en possède une (La Cathédrale de Rouen, effet de soleil, fin de journée, W1327[44]), tout comme le musée des beaux-arts de Rouen (Le Portail et la tour Saint-Romain, temps gris, W1345[45]).
↑Daniel Wildenstein, Monet ou le triomphe de l'impressionnisme. Catalogue raisonné : Werkverzeichnis Nos. 969–1595, vol. 3, Köln/Paris, Taschen/Wildenstein Institute, , 480 p. (ISBN978-3-8365-2322-6)
↑ abcd et eLes références (W nnnn) renvoient au catalogue raisonné de Daniel Wildenstein, Monet: Catalogue raisonné - Werkverzeichnis, Taschen/Wildenstein Institute, 1996 (ISBN3-8228-8759-5).
Joachim Pissarro (trad. Josie Mely), Les Cathédrales de Monet : Rouen 1892-1894 [« Monet's cathedral Rouen »], Arcueil, Anthèse, (ISBN2-904420-39-8)
Paul Hayes Tucker (trad. de l'anglais par Jean-François Allain), Monet, le triomphe de la lumière [« Monet in the nineties »], Paris, Flammarion, , 328 p. (ISBN2-08-011727-0), chap. 6 (« Le temps des cathédrales : 1892-1895 »), p. 153-199
Rouen : les Cathédrales de Monet, Rouen, , 105 p. (ISBN2-901600-06-9)