Au sens chimique, il ne s'agit donc pas d'une espèce chimique unique mais d'un mélange majoritairement composé d'oléate de sodium, de palmitate de sodium et de stéarate de sodium[3].
Dans tous les cas, les anions sont des ions carboxylates à longue chaîne carbonée à l'origine de leurs propriétés amphiphiles exploitées dans les détergents et les savons.
Oléate de sodium
Palmitate de sodium
Stéarate de sodium
Les trois principaux constituants du tallowate de sodium.
La composition précise du tallowate de sodium est généralement la suivante[3] :
Son action détergente et son faible coût de production[4] en font un ingrédient très utilisé dans la chimie des cosmétiques, notamment dans la composition de savons[5],[6]. Plus précisément, il possède des propriétés nettoyantes, émulsifiantes, sinergisantes de mousse et tensioactives[7].
Mode de production
Le tallowate de sodium est le produit d'une réaction de saponification au cours de laquelle le corps gras utilisé (graisse bovine) est hydrolysé en présence de soude (ou de potasse).
Étant donné que cette transformation chimique est totale et effectuée, en général, avec un large excès de soude, le savon obtenu ne contient pas de graisse bovine (qui a donc été entièrement transformée).
Certains rédacteurs de sites internet évoquant le sujet manquent donc gravement de rigueur scientifique en évoquant des « savons à la graisse de bœuf »[8],[9] au lieu d'indiquer qu'il s'agit de « savons obtenus à partir de graisse bovine » ou « par saponification de graisse bovine »[6].
La présence de tallowate de sodium dans la liste d'ingrédients d'un savon indique donc qu'il a été obtenu, au moins en partie, à partir de graisses animales par opposition aux savons obtenus exclusivement à partir de graisses végétales (qui sont réputés être de meilleure qualité d'un point de vue dermatologique[10] tout en étant moins sensibles à l'oxydation[6]).
Ainsi, sa présence dans un savon d'Alep est une preuve de non-authenticité du produit, le savon d'Alep étant fabriqué uniquement à partir de graisses végétales. De même, un « véritable savon de Marseille » ne doit pas mentionner le tallowate de sodium dans sa composition[5],[11].
En outre, certains industriels producteurs de savons contenant du tallowate de sodium mettent en place des stratégies de marketing avec un packaging laissant croire à une origine exclusivement végétale du produit (cf. illustration pour le cas de la marque allemande Kappus[12] ou le cas du savon Le Chat[13] commercialisé en France par la multinationaleHenkel).
Réglementation
Dans le domaine très réglementé[14] des cosmétiques, l'appellation tallowate de sodium est strictement réservée au produit de saponification de graisses bovines[1],[15] (ou plus généralement de suif)[7].
Lorsque du saindoux (graisse porcine) est utilisé, c'est l'appellation lardate de sodium (également appelé Adeps suillus selon l'INCI) qui doit apparaître dans la liste d'ingrédients d'un savon[15].
Certains sites internet traitant du sujet marquent correctement et clairement la différence[6],[10],[16] alors que d'autres, scientifiquement peu rigoureux, propagent la confusion entre les deux substances précédentes[8],[17].
↑ a et b(en) National Research Council, Fat Content and Composition of Animal Products : Proceedings of a Symposium [« Teneur en graisse et composition des produits d'origine animale »] (Compte-rendu de conférence scientifique), Washington, D.C., The National Academies Press, , 245 p., 23 × 15 cm (ISBN978-0-309-02440-2, DOI10.17226/22, lire en ligne), « Status Report on the Alteration of Fatty Acid and Sterol Composition in Lipids in Meat, Milk, and Eggs (Rapport d'étape sur l'altération de la composition en acides gras et en stérols des lipides de la viande, du lait et des œufs) », p. 203 (tableau)
↑Savons & Cie, « Le savon à la graisse animale », Généralités sur les savons, sur Savons-et-cie.fr, Herbignac (France), Savons & Cie, (consulté le ) : « [Dans la fabrication du savon], la graisse animale a un avantage certain pour les industriels : elle est bien moins coûteuse que l'huile végétale, telle que l'huile d'olive ou de coco. »
↑ a et bLaurence Wittner (Directrice de la publication), « Tallowate de sodium (sel de suif saponifié) », Base de données des ingrédients cosmétiques, sur Cosmeticobs.com, Le Plessis-Robinson, L'observatoire des cosmétiques (CosmeticOBS), (consulté le )
↑Aurélie Melchior, « Quel savon choisir pour se laver au naturel ? », Dossier documentaire sur le savon, sur Ecoconso.be, Namur (Belgique), Ecoconso, (consulté le ) : « Le vrai savon de Marseille est fabriqué à partir d’huile d’olive et de soude (...) Aujourd’hui, les savonniers utilisent également de l’huile de coprah ou de palme. (...)
Le savon d’Alep se compose d’huile d’olive, d’huile de baies de laurier et de soude. »
↑ Union Européenne (U.E.). « Journal officiel de l'Union européenne », 2006/257/CE [PDF], art. Décision de la commission du 9 février 2006 modifiant la décision 96/335/CE portant établissement d'un inventaire et d'une nomenclature commune des ingrédients employés dans les produits cosmétiques (cf. p.18). (version en vigueur : 5 Avril 2006) [lire en ligne (page consultée le 29 Avril 2019)]
↑ a et bBeauté des peaux réactives, « Ingrédients cosmétiques d'origine animale », Liste d'ingrédients utilisés dans la composition de cosmétiques, sur Allergatopie.eklablog.com, Levallois-Perret, Eklablog, (consulté le )
↑Roselyne Poznanski, « Focus: vrai ou faux savon de Marseille », Site d'actualités juridiques dans le domaine de la consommation, sur Leparticulier.lefigaro.fr, Paris, Particulier et Finances Editions, (consulté le ) : « Selon les normes de la nomenclature internationale des ingrédients cosmétiques (INCI), obligatoire en Europe depuis une quinzaine d’années, (...) le tallowate de sodium correspond à la graisse de bœuf et le lardate de sodium à celle de porc. »
↑Jean-François Pillou, « Tallowate de sodium - Définition », Définition non rigoureuse, sur sante-medecine.journaldesfemmes.fr, Paris, Sante-Medecine.net, (consulté le )