Damgan
Damgan [damgɑ̃] est une commune française, située dans le département du Morbihan et la région Bretagne. Elle fait également partie des 12 communes de l'intercommunalité Arc Sud Bretagne et de l'arrondissement de Vannes. Après avoir été pendant longtemps un important lieu de transit de marchandises avec le port de Pénerf, la commune devient dans la première moitié du XXe siècle une station balnéaire et trouve dans l'activité touristique un nouveau souffle économique. ToponymieDamganLe nom de la localité est attesté sous la forme Damgan dès 1262[1]. Il s'agit d'un toponyme breton, dont les éléments ne sont pas identifiés avec certitude. Albert Dauzat a considéré qu'il s'agissait d'un composé en Dam- mot issu du bas latin domnus « saint », suivi de jann > Yann avec mutation en [g] (comme latin Januarius > breton Genver), d'où le sens global de « Saint-Jean », cependant il ne connaissait vraisemblablement pas de forme ancienne, car Damgan est attesté avec régularité depuis 1262. Plus vraisemblablement, il s'agit d'un composé breton, basé un élément dam signifiant « dune », associé à la forme contractée de lagan « épave », c'est-à-dire -gan, d'où le sens global « la dune aux épaves ». Ce nom peut être lié à la ligne de rochers à l’entrée de la rivière de Pénerf qui pouvait être meurtrière pour les bateaux non avertis, surtout associée aux vents dominants qui ramenaient les épaves sur la côte. Ce toponyme ferait allusion au droit d'épave, « dit droit de Lagan » qui laissait propriété au seigneur et à son découvreur, de tout ou partie des objets sans propriétaire reconnu arrivant sur les grèves avec les marées. -gan peut aussi représenter gwenn « blanc », à moins que gan ne soit une forme mutée adoucie de kan « canal ». D'où les sens éventuels de « dune blanche » ou de « canal blanc »[2]. François Falc'hun et Albert Dauzat voient dans Dam, une altération du latin Domnus, cela transformerait Damgan en « lieu sur le chenal ». Le breton dam a aussi le sens de « point fort, point privilégié de la côte ». En effet, sur la côte, on trouve des rochers qui protègent de l'érosion[3]. Le nom de la localité est attesté sous la forme Pennerz en 1261.
GéographieSituationDamgan fait partie du Parc naturel régional du golfe du Morbihan.
Damgan est une presqu'île située entre la presqu'île de Rhuys et l'estuaire de la Vilaine. À l'ouest, la rivière de Pénerf marque la limite de la commune, l'océan Atlantique au sud, la commune d'Ambon au nord et à l'est. Relief et paysagesDu fait de sa localisation sur le littoral, on retrouve essentiellement des paysages marins :
Depuis le littoral, on peut distinguer l'île Dumet inhabitée depuis la fin du XIXe siècle et désormais propriété du Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres qui en a fait une réserve ornithologique. La commune de Damgan s'étendant assez peu à l'intérieur des terres, on retrouve très peu de paysages agricoles. Le remembrement a également fait disparaître bon nombre d'exploitations. Quant à la végétation, on peut noter une importante concentration de conifères typiques de certaines régions littorales françaises. Le risque de submersion marineSelon un index global correspondant à l'agrégation de 5 critères[Note 1] effectué en 2011 par l'Observatoire National des Risques Naturels[Note 2], Damgan est, après Carnac, la deuxième commune du Morbihan la plus exposée au risque de submersion marine avec 45,10 % de sa population totale concernée et 13,95 hectares de bâti exposé au risque de submersion[4]. ClimatEn 2010, le climat de la commune est de type climat océanique altéré, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[5]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Bretagne orientale et méridionale, Pays nantais, Vendée, caractérisée par une faible pluviométrie en été et une bonne insolation[6]. Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Littoral doux », exposée à un climat venté avec des étés cléments[7]. Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 12,2 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 11,9 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 751 mm, avec 12,3 jours de précipitations en janvier et 6 jours en juillet[5]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Billiers à 7 km à vol d'oiseau[8], est de 12,4 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 839,9 mm[9],[10]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[11]. UrbanismeTypologieAu , Damgan est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[12]. Elle est située hors unité urbaine[13] et hors attraction des villes[14],[15]. La commune, bordée par l'océan Atlantique, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[16]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme par exemple le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prévoit[17]. Occupation des solsL'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (54,7 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (58,1 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones urbanisées (39,6 %), terres arables (36 %), zones agricoles hétérogènes (18,6 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (3,4 %), zones humides côtières (2,2 %), prairies (0,1 %)[18]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1]. HabitatEn 2019 on recensait 4 045 logements à Damgan. 990 logements étaient des résidences principales (24,5 %), 2999 des résidences secondaires (74,1 %) et 56 des logements vacants (1,4 %). Sur ces 4 045 logements, 3095 étaient des maisons (76,5 %) contre 946 seulement des appartements (23,4 %). Sur les 905 résidences principales, 56 avaient été construites avant 1919, soit un taux de 6,2 %. Le tableau ci-dessous présente la répartition en catégories et types de logements à Damgan en 2019 en comparaison avec celles du Morbihan et de la France entière.
HistoirePréhistoireLa présence d'un dolmen à Kervoyal (aujourd'hui disparu) et la découverte d'outils biface prouve que la région fut habitée de façon temporaire ou bien permanente dès la préhistoire. AntiquitéLa découverte d'outils à Kervoyal attestent avec certitude de la présence de l'homme dans cette région entre -900 à -600. Moyen ÂgeAu VIe siècle, le territoire est associé au moine irlandais Sauveur, le même qui fonda l'abbaye Saint-Sauveur à Redon. La tradition locale associe d'ailleurs Kervoyal à ce moine. À cette époque, Damgan fait partie intégrante de la paroisse d'Ambon. Le territoire est mentionnée pour la première fois à travers Pénerf dans un acte du XIIIe siècle sous le règne de Jean Ier Le Roux. Époque moderneDu XVe au XVIIIe siècle, le port de Pénerf devient un port important en Bretagne. Le XVIe siècle est d'ailleurs l’âge d’or pour Pénerf qui est alors le quatrième port breton. Ses bateaux vont de Bordeaux à Rouen, de Cadix en Norvège. Entre 1554 et 1557, Pénerf est le port breton dont les vaisseaux sont les plus nombreux à fréquenter Nantes (Skol Vreiz, 1986). Des navires viennent des pays nordiques (sel utilisé pour la conservation des aliments, notamment le poisson). Les marins de la rivière de Pénerf étaient spécialisés dans le commerce et on y retrouvait peu de pêcheurs sinon des pêcheurs de morue à Terre-Neuve au XVIIe siècle. Le maître de barque et deux ou trois mariniers partent avec du sel ou des céréales et reviennent avec du vin, des ardoises, des pierres de taille de Loire ou du fer d’Espagne. L’augmentation du tonnage des bateaux rend impossible l’entrée dans la rivière de Pénerf : l’activité du port se réduit aux échanges de proximité. Le XVIIIe siècle fut celui des salines, même si elles étaient déjà présentes auparavant : les plus anciens documents citent Brouël. Au XVIIIe et au début du XIXe siècle : le sel est un élément majeur du trafic portuaire de Pénerf, transport par cabotage vers la Vilaine (Redon) et la Loire (Nantes). Jusqu'à la fin du XIXe siècle, on compte des salines dans les marais salants de la rivière de Pénerf. Aujourd'hui disparues, on peut encore distinguer les reliefs des différents bassins. Époque contemporaineDe nombreux changements interviennent au cours du XIXe siècle. Damgan se détache de la tutelle d'Ambon : paroisse à part entière en 1820 puis acquiert le statut de commune en 1824. La géologie particulière de la rivière (ou ria) de Pénerf permet l'implantation d'un premier parc ostréicole en 1858. La même année est inaugurée la 1re école de la commune puisque les élèves se rendaient auparavant à Ambon. L'industrie du sel, particulièrement florissante au XVIIIe siècle, déclina au cours du XIXe siècle. L’abolition de la taxe sur le sel en 1848 et l’autorisation d’importer marquent leur déclin pour disparaître vers 1922 à Damgan et 1930 à Ambon. Sur la rivière de Pénerf, le nombre d’œillets était d’environ 2 780 dont 480 à Damgan avec 121 paludiers dont 10 à Damgan. Seuls quelques marais salants à Billiers étaient encore en exploitation durant la Seconde Guerre mondiale. Le XIXe siècle est cependant marqué par un long déclin de l'activité portuaire à Pénerf puisque le transport par chemin de fer se révélait plus économique que le cabotage. L'activité salicole qui disparaît également peu à peu termine d'éteindre l'activité du port. Les premiers baigneurs sont signalés en 1860 et les premières cabines apparaissent en 1877. Ces touristes, rares avant la seconde guerre mondiale, entreprennent la construction de villas (Kerhabert, villa Sainte-Anne, Kerfleuret, etc.) et des hôtels sont construits pour accueillir cette clientèle venue pour les bains. Les touristes arrivent en nombre dans la seconde moitié du XXe siècle permettant ainsi à la commune reprendre un nouvel essor économique avec son développement en tant que station balnéaire. Aujourd'hui encore, son économie est essentiellement tournée vers le secteur touristique. Jusqu'au début du XXe siècle, la langue traditionnelle des Damganais était le breton, dont la variante locale a notamment été étudiée par le linguiste Pierre Le Roux dans son Atlas linguistique de la Basse-Bretagne. Ce dernier signale néanmoins déjà en 1913 que « seuls les personnes de plus 50 ans savent le breton »[22]. Politique et administrationDémographieL'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1831. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[24]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[25]. En 2022, la commune comptait 1 930 habitants[Note 3], en évolution de +13,53 % par rapport à 2016 (Morbihan : +3,82 %, France hors Mayotte : +2,11 %). ÉconomieLe tourisme n'est pas la seule activité de la commune, puisqu'il existe une importante activité ostréicole dans la rivière de Pénerf. L'huître locale est appelée La Pénerfine. SportÉquipements sportifs
Sentiers de randonnée
Culture et patrimoineLieux et monumentsPatrimoine matérielPatrimoine civilSituée sur la presqu'île de Pénerf, c'est la seule tour à feu conservée sur le littoral atlantique. La tour fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le [28]. Moulin à vent édifié en 1705 sur l'emplacement d'un autre plus ancien. Il fut déclaré bien national durant la Révolution française puis racheté quelques années après. Le chef chouan Georges Cadoudal s’y serait réfugié en 1795. Exploité durant de nombreuses décennies puis laissé à l'abandon, il fut rehaussée au début du XXe siècle puis restauré au début les années 1990 par l'association locale les Amis de Kervoyal.
On retrouve quelques chaumières bretonnes notamment à Kervoyal.
Villa Ker-Fleuret : située à Kervoyal, elle est bâtie en 1896 par Lucien Mérignac, un célèbre escrimeur d'où le nom de Fleuret. L'écrivain français Hervé Bazin y séjourna pendant quelque temps.
Patrimoine religieux
Située à Damgan, c'est un édifice de style néo-roman bâti par la ville en 1843 sur l'emplacement de l'ancienne chapelle dont l'état était jugé alarmant. Des travaux importants sont effectués en 1954 afin de consolider certaines parties de l'édifice qui menaçaient de s'effondrer. Située à Pénerf, sa construction remonte au XVIIe siècle et remplace probablement une construction plus ancienne. Le lieu étant déjà habité depuis longtemps et formait une entité propre, Pénerf a obtenu le statut de paroisse en 1843 dans Damgan. Elle est agrandie par l’adjonction d’une chapelle dédiée à la Vierge et clocher remanié. Les ailes nord et sud sont ajoutées en 1853 et 1848 puis l'église est restaurée au XIXe siècle.
Située à Kervoyal, une première chapelle privée fut construite en 1924 mais fut détruite pendant la Seconde Guerre mondiale en 1942. Une nouvelle chapelle fut bâtie sur un nouveau site entre 1950 et 1956. Patrimoine militaire
Il provient du vaisseau Le Juste coulé durant la bataille des Cardinaux en 1759 et dont on retrouve dans la région (La Roche-Bernard, Arzal, Le Croisic...) beaucoup de canons issus de bateaux coulés durant cette bataille. Lorsque Le Juste coula, 130 membres d'équipage furent sauvés par un capitaine originaire de Pénerf. En 1992, la Marine Indret offre ce canon à la municipalité en souvenir de cet épisode. Patrimoine naturel
Manifestations
Héraldique
Notes et référencesNotes
Cartes
Références
Voir aussiBibliographie
Articles connexesLiens externes
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